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Selon le Renseignement américain : Daech est déjà présent en Algérie

par Moncef Wafi

Daech opère ou a déjà opéré, l'année dernière, en Algérie a affirmé, ce lundi, le lieutenant-général Vincent Stewart, directeur de la «Defense Intelligence Agency» (DIA). Ses propos, rapportés par les médias américains, mettent en relief le danger d'un redéploiement des hommes d'El Baghdadi sur d'autres territoires, à travers ses «branches émergentes», au Mali, Tunisie, Somalie, Bangladesh et Indonésie. Il a également, évoqué des attaques à l'intérieur même de l'Egypte à partir de la péninsule du Sinaï. Le directeur de l'Agence du renseignement de la Défense, rappellera ce que tout le monde sait, que la présence de Daech en Irak et en Syrie n'est qu'un prélude puisque le groupe djihadiste cherche à élargir le cadre de son plan global. «L'année dernière, Daech est restée ancrée sur les champs de bataille irakiens et syriens qu'il a élargi à l'échelle mondiale à la Libye, le Sinaï, l'Afghanistan, le Nigeria, l'Algérie, l'Arabie Saoudite, au Yémen et dans le Caucase», a-t-il expliqué, sans donner, d'autres précisions sur la nature de cette présence ou des opérations qui en ont découlé. Lors d'un entretien accordé, en 2015, à un journal en ligne, Rezzag Bara, conseiller de Bouteflika, interrogé sur la présence d'éléments de Daech en Algérie, a répondu que l'allégeance à Daech ou Al qaïda ou Ansar Dine existe. «Evidemment, je ne veux pas sous-estimer son importance mais elle reste très limitée, chez nous, par rapport à d'autres pays.», indiquera-t-il. Pour rappel quelque 200 Algériens se trouvent, actuellement, dans les rangs de l'organisation en Syrie. Le directeur de la DIA a, également, averti sur la capacité de nuisances des troupes de l'organisation islamiste affirmant qu'«elle est susceptible d'accélérer la cadence et la létalité» de ses attaques, dans les mois à venir, dans le but d'intensifier sa campagne mondiale de la violence et de provoquer une réaction sévère de l'Occident. Dans la lecture de Vincent Stewart, cette stratégie de l'horreur a pour finalité d'alimenter la légitimité recherchée par l'Etat islamique, dans son combat qui répond aux exigences d'une guerre de l'Occident contre l'Islam.

Pour lui, Daech cherche, non seulement, à faire dégénérer le conflit avec l'Occident, mais aussi avec les Chiites. «Ces menaces sont exacerbées par les problèmes de sécurité au Moyen-Orient, qui est, maintenant, confronté à l'une des périodes les plus dangereuses et imprévisibles de la dernière décennie», dira-t-il encore. Sur un plan comptable, et selon le Renseignement américain, Daech a perdu quelque 6.000 combattants puisqu'il ne compte, dans ses rangs, que 25.000 combattants en Syrie et en Irak, contre une estimation précédente de jusqu'à 31.000. Pour la Maison-Blanche, les pertes sur les champs de bataille et les désertions expliquent cette diminution, d'environ 20%, des effectifs alors que les nouvelles estimations du renseignement sur la présence quantitative des djihadistes, en Irak et en Syrie, sont la marque du succès des efforts de la coalition. Pourtant le nombre des djihadistes a presque doublé, en Libye, où ils sont près de 5.000 combattants contre des prévisions estimées entre 2.000 à 3.000 hommes, par les autorités américaines. Preuve en est du redéploiement de Daech, vers la Libye et la menace qu'il représente sur le reste de la région. «Il devient, de plus en plus, dur de se rendre en Syrie pour les combattants étrangers, et beaucoup d'entre eux se dirigent en conséquence vers la Libye», a souligné Josh Earnest, le porte-parole de la Maison- Blanche. Le groupe Etat islamique a réussi à prendre le contrôle de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, et ses environs, et la situation inquiète, de plus en plus, les responsables américains. «Nous allons continuer à surveiller comment évolue la menace en Libye et nous continuerons à nous tenir prêts à agir», a ajouté Josh Earnest, faisant allusion à une probable intervention militaire de l'Otan, en Libye.

«La dernière chose que nous voulons dans le monde, c'est un faux califat, ayant accès à des milliards de dollars de revenus en pétrole», avait souligné, mardi dernier, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, à l'issue d'une réunion de la coalition internationale, à Rome.