La bibliotheque de l'histoire de la ville d'Oran vient de s'enrichir de deux nouveaux ouvrages sous forme de livres albums «Shab El Baroud Ouel Karabila» et «Qui se souvient de Kheira la rouge : Bent Bendaoud» parus aux éditions Dar El Qods, écrits de la main d'un des enfants de la ville Mohamed Benaboura. C'est une plongée dans l'histoire culturelle de la ville durant la période coloniale, marquée par le nationalisme et l'attachement des Oranais à leur patrie.

«Shab El Baroud Ouel Karabila» c'est un regard profond sur toutes ces troupes folkloriques qui ont marqué de leur empreinte dorée le registre historique de la ville d'Oran. Emergeant dès 1935, des jeunes Oranais de la Ville Nouvelle (Medina Djedida), adhérents et sympathisants du parti nationaliste PPA de Messali Hadj, arborent déjà à leurs boutonnières l'étoile à cinq branches, décidant ainsi de lutter à leur façon pour répondre aux humiliations coloniales en créant une association folklorique lui donnant le nom symbolique à l'époque de «Banda Nedjma». L'auteur, fils de l'un des créateurs de cette troupe (feu Si Hadj Rahal Benaboura), parle en connaissance de cause. Il relate cette période charnière de la prise de conscience du peuple algerien pour retrouver sa souverainté nationale. C'est au prix d'un travail de recherche harassant, auprès des témoins au crépuscule de leur vie et ses archives privées inédites, qu'il réussira à réunir un trésor d'informations qui fera le bonheur des nostalgiques nationalistes oranais.

Son second ouvrage s'inscrit dans la lignée des œuvres qu'il a déjà mises à la disposition des Oranais, lecteurs et chercheurs. «Qui se souvient de Kheira la rouge» est un hommage vibrant au courage et l'abnégation de la femme algérienne. Kheira Bent Bendaoud fait partie de ces femmes oubliées de l'histoire. Cette authentique militante du PPA a risqué sa vie pour sauver 45 orphelins de la région de Sétif au lendemain des massacres du 08 mai 45. Elle s'est vouée corps et âme pour servir sa patrie. Kheira Bent Bendaoud est un exemple à plus d'un titre. Hélas, son parcours, son sacrifice pour la cause nationale et ses actions humanitaires ont été oubliés.

L'auteur Mohamed Benaboura est né à Oran, en Ville Nouvelle, le 08 septembre 1932. Ex-directeur de la DJS des wilayas d'Oran et de Mostaganem, ex-détenu condamné à 05 ans de prison à la maison d'arrêt d'Oran et à la centrale d'Orléansville (Chlef actuellement). Aussitôt libéré, le 23 juillet 1961, il entre dans la clandestinité dans l'un des réseaux ALN /FLN de la ville d'Oran. Il a à son actif quatre autres ouvrages sur sa ville et ses militants durant l'ère coloniale, «Le parcours d'un résistant oranais», «OAS Oran dans la tourmente», «Calvaire carcéral» et «Cent premières années de colonisation française en Algérie».