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Délégation parlementaire russe à Alger : Le nucléaire, le gaz et l'Ukraine

par Moncef Wafi

Moscou et Alger sont sur le point de conclure un accord sur la coopération nucléaire civile, a déclaré, hier, Valentina Matvienko, la présidente de la Chambre haute du Parlement de la Fédération de Russie, au sortir d'une réunion avec son homologue algérien. Elle a, également, souligné «l'intérêt» des entreprises russes à participer aux appels d'offres pour la construction de nouvelles centrales électriques, en particulier, et dans le secteur minier, en général. Rappelons que la Société russe ?Technopromexport' a signé un contrat avec la Société algérienne de production de l'électricité, filiale de Sonelgaz, pour la construction de 9 centrales électriques diesel, en Algérie, pour un montant estimé à plus de 110 millions de dollars. En outre, Mme Matvienko a réaffirmé la disponibilité de l'Algérie à «donner aux entreprises russes, une plus grande latitude à leur présence dans le secteur de l'Energie», tout en incitant les autorités algériennes à une réactivité plus prompte. Une délégation du Conseil de la Fédération de Russie, menée par sa présidente, Mme Valentina Matvienko, est à Alger, depuis ce mardi, où elle a eu une série de consultations avec le Sénat pour renforcer les relations entre les institutions des deux pays. Un Mémorandum d'entente et de coopération a été signé entre M. Bensalah et Mme Matvienko qui a salué la position d'Alger concernant l'Ukraine, indiquant que les deux pays ont des positions identiques sur la situation ukrainienne. Mme Matvienko a déclaré que la situation en Ukraine avait été soulevée lors de ses entretiens avec Bensalah. «Nous sommes reconnaissants à l'Algérie pour son évaluation adéquate de l'évolution de l'Ukraine», dira-t-elle. Cette visite parlementaire, placée sous le sceau des accords économiques, ne peut pas échapper à la réalité du conflit, entre la Russie et le reste de l'Europe, appuyée par les Etats-Unis d'Amérique à propos de l'intervention de Moscou, en Ukraine. Pourquoi l'Algérie ? Le pays s'est, soudain, retrouvé au centre des enjeux énergétiques, dans la région, avec la menace de Moscou de couper le gaz à ses clients. Pour Obama, la solution viendrait, auquel cas, au gaz norvégien ou algérien. L'autre point soulevé par cette présence de parlementaires russes à Alger est de réaffirmer les liens qui lient les deux capitales au point où, aux lendemains de la réélection de Bouteflika, à la tête de l'Etat «Kommersant», le quotidien à forte connotation économique, qu'on dit proche du Kremlin puisque son propriétaire est Alicher Ousmanov, un magnat de la métallurgie et P-DG de ?GazpromInvestHolding', une filiale du géant russe Gazprom, écrivait que pour la Russie, la victoire du président sortant lui garantit la «poursuite de la coopération militaro-technique avec l'Algérie».

Pour Moscou, la reconduction de Bouteflika, à la tête du pays, est garant d'une stabilité renforcée par le contrôle exercé par «les structures de force», même s'il venait à quitter le pouvoir. «On ignore combien de temps Bouteflika pourra, encore, rester au pouvoir mais selon les experts, même s'il partait, la probabilité de déstabilisation serait faible et le pouvoir resterait contrôlé par les structures de force», rapporte le journal russe. L'article estime qu'il est dans l'intérêt de Moscou que Bouteflika exerce ses fonctions «aussi longtemps que possible», pour pérenniser le commerce d'armes qui fait partie des secteurs prioritaires pour la Russie et l'Algérie. En 2013, rappelle «Kommersant», Alger avait passé commande de 1,9 milliard de dollars de contrats pour l'achat d'armements russes. L'Algérie est considérée, au même titre que l'Inde, la Chine, le Venezuela et le Vietnam, comme l'un des principaux importateurs d'armements russes. Ainsi, lors des cinq dernières années, les contrats d'armements, conclus par l'Algérie, avec Moscou, ont avoisiné les 16 milliards de dollars, le plus grand marché étant celui conclu à l'occasion de la visite du président russe, Vladimir Poutine, à Alger avec l'achat d'une dizaine d'avions, notamment des Mig. «Kommersant» va plus loin en liant ces contrats avec la personnalité même de Bouteflika, en affirmant que c'est sur «sa participation directe que des contrats d'armement, pour 6 milliards de dollars, ont été signés, au milieu des années 2000».

Le journal cite, également, des sources officieuses qui annoncent que les deux pays ont, récemment, paraphé de nouveaux accords et sont prêts à signer de nouveaux contrats pour la même somme.