Ramtane Lamamra a, de nouveau, évoqué le dossier des diplomates
algériens, enlevés à Gao, au nord du Mali, le 5 avril 2012, en affirmant que
l'Etat algérien restera mobilisé jusqu'à leur libération. Et quoi de mieux
comme décor que sa visite au Mali où il est revenu sur la question, lors d'un
point de presse, animé au siège de l'ambassade d'Algérie, à Bamako. Le chef de
la diplomatie algérienne n'en est pas à sa première intervention sur ce sujet
puisqu'il profite de chaque occasion pour rappeler que des diplomates algériens
sont pris en otages, regrettant, lors d'une précédente sortie « qu'une autre
fête religieuse (ndlr : Aïd el Adha) vient de se passer sans qu'ils ne soient avec
nous et avec leurs familles ». Dans un premier temps, il avait affirmé que les
otages « sont en vie, selon des informations des derniers jours ». Rappelons
que ce dossier reste l'une des priorités de la politique extérieure algérienne
et malgré tous les efforts diplomatiques et les négociations directes ou
indirectes avec les ravisseurs aucune solution ne semble poindre à l'horizon
immédiat. M. Lamamra a, également, abordé l'épineuse question de la
sécurisation des frontières, garante de la volonté algérienne de veiller à ce
que son territoire ne soit pas utilisé pour des actes terroristes. Entre autres sujets évoqués par le ministre algérien des Affaires
étrangères, le rôle tenu «discret» de l'Algérie dans le conflit malien. Il a
souligné la contribution d'Alger, qualifiée de «significative», à la résolution
de la crise au Mali, tant au plan de soutien logistique et de coopération avec
les forces armées maliennes que celui d'aide au développement. Cet effort se
poursuivra, dira-t-il, avec la remise à niveau de ces forces armées. «Nous
étions, également, très présents, bien que de manière discrète, dans la
formation de cadres militaires maliens dans différentes spécialités et cela ne
s'est jamais interrompu», ajoutera-t-il. En 2011, l'AFP, citant un haut gradé
de l'armée malienne, avait rapporté que des militaires algériens, et plus
précisément, une équipe d'instructeurs d'au moins 15 personnes, parmi lesquels
figurent des officiers, se trouvaient dans le nord du Mali pour « apporter
assistance» à l'armée malienne dans la lutte anti-terroriste. Cette information
n'avait pas été commentée par Alger, à l'époque. Cet apport sur le terrain est
perçu, du côté algérien, comme un investissement sur la sécurité collective à
travers « la formation, l'équipement et l'opérationnalisation d'un certain
nombre d'unités des forces armées des trois pays du champ (Mali, Mauritanie,
Niger)», expliquera M. Lamamra qui insiste, aussi, sur la consolidation du
front interne qui passe, indubitablement, par la réconciliation nationale. Un
processus loin de faire l'unanimité puisque les violences armées continuent de
secouer le Nord Mali, en proie à un redéploiement des mouvements djihadistes et
à la colère des indépendantistes touaregs qui se sentent trahis par le nouveau
président, en place, à Bamako. A propos des relations bilatérales, M. Lamamra
les qualifiera d'«excellentes» et de «prometteuses». Quant au ministre malien
des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Zahabi Sidi Ould
Mohamed, il a déclaré que son pays comptait sur l'Algérie pour l'aider à
rétablir la paix et la sécurité sur son territoire.
Le chef de la diplomatie algérienne a annoncé, par la même occasion, la
tenue, le 5 novembre prochain, à Bamako, d'une importante réunion régionale sur
le Mali et le Sahel pour permettre aux pays de la région de réaffirmer leur
engagement dans le processus de paix. Interrogé à propos d'une certaine tension
dans les relations algéro-maliennes, à la lumière de la dernière visite du roi
du Maroc à Bamako, M. Lamamra a imputé ces extrapolations à des médias avides
de sensationnalisme, préférant parler plutôt d'«une tempête dans un verre
d'eau».