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Ghardaïa : Emeutes de l'électricité
par Moncef Wafi
Métlili vient de rejoindre la liste des régions «sudistes» où des émeutes
ont éclaté pour dénoncer les délestages et les coupures de courant
intempestives de Sonelgaz. Dans la nuit de samedi à dimanche, des habitants de
Métlili, au sud de Ghardaïa, ont incendié le siège de l'agence commerciale de
Sonelgaz ainsi qu'un de ses véhicules, a constaté sur place l'APS. Le motif :
dénoncer le retard accusé dans le rétablissement du courant électrique tel que
prévu dans l'agenda de la société nationale de l'électricité et du gaz. La
Sonelgaz avait annoncé, trois jours à l'avance, sur les ondes de la radio
locale et sur les affiches placardées dans les quartiers, une coupure
d'électricité pour travaux sur le réseau de transport pour le samedi 5 octobre
entre 5h00 et 17h00 dans la région sud de Ghardaïa (Métlili et Mansourah), mais
ses agents n'ont pu rétablir le courant à temps ce qui a mis le feu aux
poudres. Les protestataires ont saccagé les bureaux de l'agence commerciale de
Sonelgaz de Métlili avant d'y mettre le feu. Cette explosion sociale trouve ses
raisons dans les conditions climatiques extrêmes que connaît la région avec des
températures dépassant les 40° et le fait de se voir priver des moyens de
climatisation, de réfrigération et de ventilation. Le courant électrique a été
rétabli aux environs de 22 heures, a-t-on signalé. Ce fait divers vient
alimenter les chroniques déjà chaudes qui ont émaillé les difficiles relations
entre les habitants du Sud et Sonelgaz notamment pendant les pics de chaleur
que connaît régulièrement cette région du pays. L'été au Sud a de tout temps
était une équation difficile à résoudre pour les autorités locales du fait des
températures ambiantes qui dépassent parfois les 50 °C dans certains endroits
ce qui réduit la vie active à quelques heures partagées entre le lever et le
coucher du soleil et à un quotidien à l'abri des climatiseurs. Une telle
dépense d'énergie, d'autant plus que les factures d'électricité sont divisées
par deux, conduit forcément à des ruptures difficilement supportées par les
populations locales. Ainsi, le Sud algérien a été le théâtre de plusieurs
émeutes dus aux ruptures et aux délestages qualifiés d'«intempestifs» et d'«
inopportuns » comme ce fut le cas, à Kenadsa (Béchar) et dans certaines
communes de la wilaya de Biskra et d'El-Oued qui avaient protesté en bloquant
plusieurs routes et incendiant des édifices publics. Et pour finir avec ces
émeutes de l'électricité, l'Etat devra satisfaire une demande en nette
croissance qui devra passer à 19.316 MW en 2017 contre 11.436 MW projetés pour
2013. Au plus fort des délestages, le ministre de tutelle, Youcef Yousfi, avait
tenu à rassurer les Algériens en indiquant que les investissements nécessaires
sont engagés pour remédier à cette situation. Dans cette optique, le PDG de
Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, s'est voulu rassurant en déclarant à la radio
nationale que 7.000 nouveaux postes transformateurs viendront renforcer le
réseau de distribution d'électricité dans le cadre du plan d'urgence visant à
réduire les coupures d'électricité durant l'été. L'Etat conscient de la gravité
du problème et de ses éventuelles répercussions sur la paix sociale multiplie
les investissements pour le circonscrire. Ainsi, les avis d'appels d'offres
pour la réalisation de centrales électriques se sont succédé l'été dernier.
Pour rappel, trois personnes soupçonnées d'avoir participé aux heurts entre
citoyens qui se sont produits récemment dans les quartiers d'El-Aïn et de Bab
El-Haddad (Ghardaïa) ont été interpellées et présentées mercredi passé devant
la justice pour «jets de pierre, outrage et violence contre les passants». Ces
heurts, suivis de jets de pierre, avaient éclaté entre de jeunes citoyens suite
à une action de protestation contre une coupure d'eau, marquée par la fermeture
de la route menant vers Daya Ben Dahoua. Des jeunes de différents quartiers
situés sur l'axe de la route en question ont voulu briser le mouvement de
protestation qui gênait le trafic routier, déclenchant des disputes et des jets
de pierres. Plusieurs véhicules et autobus de transport ont été caillassés
durant ces échauffourées.
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