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Le cap des 500.000 voitures vendues en Algérie pourrait être franchi à fin 2012

par Yazid Ferhat

La courbe des ventes de voitures en Algérie poursuivra son élan positif, enregistré depuis 2008, en dépit des mesures prises par le gouvernement pour endiguer la déferlante automobile. Les ventes vont même franchir la barre symbolique de 500.000 voitures à la fin de l'année, prédit le Directeur Général de la société de conseil Nomad Capital, Adel Si-Bouekaz. Pour lui, le marché de véhicule a de bons jours devant lui. Créer et consolider une filière automobile en Algérie a du sens.

Les marques automobiles présentes en Algérie par le biais de concessionnaires multiplient les offres alléchantes de fin d'année. Des réductions allant jusqu'à 500.000 DA sont proposées ainsi que des immatriculations en 2013 pour remédier à un possible fléchissement des ventes en fin d'année, après avoir enregistré un record en 2012. L'Algérie a importé 418.665 véhicules durant les neuf premiers mois dont 397.434 véhicules par les concessionnaires, coûtant 367,7 milliards de dinars soit environ 5 milliards de dollars. En hausse de près 40 % par rapport à la même période en 2011 qui a enregistré l'importation de 299.041 voitures. «Depuis 2008, nous assistons à une croissance spectaculaire des immatriculations des véhicules neufs. D'à peine plus de 230,000, nous atteindrons cette année l'importation de plus de 500,000 véhicules neufs», estime Adel Si-Bouekaz, directeur de la société de Conseil Nomad Capital. Pour lui, cette évolution à la hausse des ventes de voitures est un rattrapage en termes d'équipements automobiles, encouragé par le rappel des salaires. Ce rattrapage «semblait nécessaire» a-t-il estimé. Le plus surprenant, selon lui, est l'âge moyen de l'acheteur du véhicule neuf. «L'acheteur est relativement jeune, âgé de moins de 35ans, et ce avec une absence de crédit automobile. Ailleurs, la caractéristique est un âge plus avancé pour les acheteurs de véhicules neufs, plus de 45 ans en Europe. Les primo-accédant commençant tout d'abord avec un véhicule d'occasion d'autant qu'un effort d'épargne est nécessaire en vue d'une contribution à l'acquisition d'un logement» analyste-t-il dans un entretien avec Maghreb Emergent/Le Quotidien d'Oran.

UN EFFET RATTRAPAGE

Le gouvernement algérien a fait de la limitation des importations de voitures son cheval de bataille depuis 2009 en imposant une taxe sur les voitures neuves et un gel du crédit à la consommation. Ces mesures n'ont pas eu d'effets. Les importations de véhicules n'ont jamais été aussi florissantes car le marché ne fait que réagir naturellement à une demande trop forte. «La volonté des acquéreurs de renouveler ou d'acquérir un véhicule neuf trouvera satisfaction malgré l'absence de solutions de financement. Le rattrapage des salaires, les aides diverses et l'absence d'alternatives de placements ont eu gain de la volonté de maitriser le flux d'importation des véhicules par la seule suspension du crédit à la consommation», ajoute Si-Bouekaz. Il rappelle cependant que le parc automobile algérien reste encore pour environ 50% âgé de plus de 10 ans. Son renouvellement imposera encore un rythme soutenu des nouvelles immatriculations. La vente des voitures en Algérie va poursuivre, selon lui, sa courbe ascendante avant d'enregistrer «un ralentissement des immatriculations neuves suite à la combinaison de multiples facteurs: amélioration du taux d équipements automobile, organisation du marché occasion et/ou de reprise, arbitrage prioritaire au profit de l'épargne logement?etc».

DES DEBOUCHES SUFFISANTS POUR L'USINE RENAULT

Avec cette architecture des ventes de voitures en Algérie, le marché national offrira des débouchés suffisants pour le projet automobile de Renault, estime notre interlocuteur. Pour rappel, l'usine Renault va commencer par 25.000 unités par an avant d'atteindre 75.000 unités par an. L'investissement initial est modeste avec 50 millions d'euros. Loin du milliard d'euros avancé par le ministre algérien de l'Industrie, Chérif Rahmani. L'essai d'explication de l'écart est venu du directeur pour la zone Euromed-Afrique du constructeur, Jean-Christophe Kugler : «Le ministre a dû faire une estimation de l'ensemble des travaux qui vont au-delà du périmètre de l'usine" en évoquant des «modifications assez importantes à faire du port d'Oran, au niveau de l'infrastructure routière, d'approvisionnement en eau et en électricité". Pour Adel Si-Bouekaz, le projet Renault doit nécessairement aboutir à des débouchés vers l'export et sa rentabilité ne pourra reposer que partiellement sur les débouchés locaux à moyen terme. «D'autres constructeurs étudient l'opportunité de l'implantation en Algérie, nous devrions faciliter ces initiatives tant pour l'investissement direct que pour les activités induites et les emplois indirects qui en découleraient», estime notre interlocuteur.

CONSOLIDER UNE FILIERE AUTOMOBILE PAR LES PARTENARIATS

«Allons nous réunir les conditions favorables à la satisfaction de cette nouvelle demande par une offre locale avec un maximum d'intégration ?», s'interroge par ailleurs notre expert. Pour lui, la réponse à cette question ne sous-tend pas seulement l'offre du constructeur, «il faut en parallèle préparer les partenariats avec les centaines de sous-traitants de ces constructeurs, ce sera à nouveau la possibilité de consolider la filière automobile au travers de joint-ventures 51/49». Cette opportunité de construire la filière automobile exigera, selon lui, la participation de tous les acteurs concernés: ministères, collectivités locales, concessionnaires, partenaires industriels et investisseurs. La création de cette filière sous-tend aussi l'organisation du marché de l'occasion/reprise, la mise en place de centres de maintenance et de réparation qui participeront au développement de multiples activités interconnectées et des emplois s'y rattachant. Interrogé sur la conséquence d'un éventuel retour à l'importation des véhicules de moins de 3 ans, notre interlocuteur précise qu'une telle mesure aura un effet de réduction en valeur de la facture automobile annuelle, et facilitera la disponibilité des véhicules. «Mais celle-ci doit être permise a titre individuel et non pas au niveau commercial», a-t-il averti.