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Un jour, tu seras grand

par Ali Brahimi

A force de couver des enfants et dorloter les adolescents, il y a des risques qu'ils se transforment en adultes inachevés qui vivraient en dehors des réalités vécues par les gens simples. En revanche, les brusquer au cours de l'enfance et les malmener pendant l'adolescence, il y a un réel danger de transformer leur vie en un état de conscience permettant une activité psychique sortant de l'ordinaire voire rancunière .

Donc, c'est pratiquement difficile de trouver une parfaite éducation des enfants encore moins celle des adolescents en crise existentielle En effet, la nature humaine est mouvementée, complexifiée et imprévisible, d'autant plus que l'enfance et l'adolescence traversent, avant de grandir, des étapes critiques aux innombrables inhibitions caractérielles. Les apprentis sorciers qui ont l'habitude de confondre le caractère d'un enfant a de la? pâte à modeler, s'apercevront, a la fin de son adolescence ainsi marquée, qu'ils ont fait fausse route dont ils ne peuvent mesurer les conséquences.

En revanche, l'éducation du juste milieu enseignée principalement au sein des familles, la rue et l'école, pourrait relativement atténuer les blocages et clivages sociaux rencontrés par les enfants et adolescents particulièrement défavorisés, d'une part, ainsi que les écarts de conduite chez ceux gâtés qui se soucient peu des difficultés endurées par les démunis la plupart du temps nargués et méprisés de surcroît

Par conséquent, les distorsions entre les trois composantes éducatives, ci-dessus décrites, remettraient indéniablement en cause les stabilités mentales d'une ou un grand nombre de générations. Certes, la responsabilité de la famille est décisive dans les clivages. Celle de l'école et la rue, l'est plus. Donc, en proportion brute, elles sont respectivement de un tiers et deux tiers. Néanmoins, elles se joignent et se renforcent ou s'opposent le plus souvent de façon préjudiciable pour les tempéraments des enfants et adolescents, démunis et aisés, et plus tard dans leur vie d'adultes couvant les rancœurs de part et d'autre.

Concernant ceux qui n'ont pas été gâtés par la vie, durant leurs jeunes ages, une partie lutterait avec une abnégation exemplaire, dont réussir aux études et les carrières scientifiques, politiques?, (c'est ce qu'on appelle prendre sa revanche sur le sort) afin de grimper les échelons du bien-être social ; tandis que l'autre partie se sentirait paumée et en conséquence encline aux égarements et les comportements haineux voire violents. Une autre façon de prendre leur revanche. Par contre, ceux qui ont eu la chance d'appartenir à la classe des aisés se soucient guère ou pas du tout de leurs études à l'exception des progénitures, chez certaines familles industrieuses et de nature modeste, qui ne se complaisent nullement dans l'aisance, le farniente, et prennent eux-mêmes énergiquement en main leurs affaires et destins.

A propos de l'activité psychique sortant de l'ordinaire, le 5 octobre 1988, en Algérie, cette date nous fait rappeler les émeutes des jeunes gens surexcités et les féroces répressions. En effet, des centaines d'enfants et adolescents ont perdu la vie, blessés, traumatisés à vie, humiliés...En plus de l'arrogance et la médiocrité de certains groupes d'opportunistes enragés semant l'agitation, au sein d'une société atomisée depuis l'indépendance, malgré des périodes d'accalmie. En effet, le malheur du pays, c'est cette meute nichant et se multiplier dans les rouages de l'Etat

A partir du milieu de la décennie 1980, la jeunesse Algérienne était segmentée en « goriaces » (les démunis et mal habillés habitants les quartiers malfamés et des taudis d'Alger et ceux des autres grandes villes), et les « tchichis » (les aisés et bien habillés, rasés de prés et parfumés ?) qui résident dans les somptueuses villas situées, sur les hauteurs, achetées aux frais de la princesse. Un ex responsable, cheveux longs et gominé, de l'ex parti unique a qualifié ce ras-le-bol de? « Chahut de gamins ». Quelques observateurs et des hommes politiques de l'époque disaient qu'il était sciemment provoqué par des clans en perte de vitesse.

En revanche, les dirigeants imputaient ce « désordre » à la chute des prix d'hydrocarbures (notre potion hallucinogène) ; la faillite de 75% des entreprises publiques du fait d'une libéralisation débridée voire programmée sciemment ; les récurrentes pénuries des produits alimentaires de première nécessité, une politique agricole a l'apparence consistante mais au fond aléatoire du fait des importations allant crescendo ainsi que la non maîtrise évidente voire l'impuissance des pouvoirs publics de pouvoir réguler les coûts de production et de commercialisation ( toujours d'actualité) a l'amont et en aval d'un système agricole ne ressemblant ni au libéralisme ni au collectivisme, la mauvaise gestion et les dilapidations de nos finances internes et externes, etc.

Une troisième version affirme que c'est un soulèvement revendicatif en faveur des libertés et la démocratie. Quoi qu'il en soit, la vérité jaillira un jour. Par conséquent, il vaut mieux que le peuple sache le plutôt possible ce qui s'est réellement passé d'autant plus qu'il a tous les droits de savoir la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Celle-ci est à l'image d'une révolution, des mentalités d'un peuple, qui est l'unique moyen de mettre un terme à toutes les spéculations, les cachotteries et les informations apprêtées ainsi que les mensonges d'Etat et les rancunes, voire des sourdes jalousies enfantines, entre les gouvernants successifs. Pire, quelques responsables de partis politiques, ont des réflexes commerçants du genre mercantis qui font de la politique dans les lieux les arrangeant. En d'autres termes, ils évoluent selon leurs intérêts !

A propos de la démystification des thèses erronées, il y a lieu de noter que le terme, en arabe, thawra (révolution) c'est de faire des bonds, en arrière et à l'avant, tel un taureau (thaour) excité. Par contre, en français, le mot révolution signifie un changement réfléchi et radical du sens de l'évolution de l'ensemble des structures formant l'ossature d'un Etat arrivé au seuil de l'incompétence. Et donc a la dictature ! Au fait, celle-ci est-t-elle atavique dans le monde arabe ?

A ce sujet, nous citons et commentons quelques exemples significatifs. le peuple Tunisien est en train de continuer, a ciel ouvert, son printemps avec ses giboulées et accalmies, depuis bientôt deux ans. Et ce n'est pas encore terminé. Avec des jeunes gens, nantis et démunis, qui ont fait tomber les barrières des clivages et surtout les remparts de la peur

A propos des peurs liées à la relève, les présidents déchus, dans la foulée du printemps des jasmins, avaient l'intention de faire hériter leurs fils aînés. Un autre complexe de jeunesse, notamment revanchard du fait qu'il est ressenti comme un profond sentiment de frustrations des défavorisés prenant leur revanche, une illusion et un mal autodestructeur, sur les favorisés.

Ainsi, celui Egyptien, issu d'une famille démunie, espérer faire hériter son fils et son petit-fils que le Rais aimait plus que tout. Malheureusement, l'enfant innocent, a peine âgé de cinq ans, est décédé à la suite d'une mystérieuse maladie selon les médecins de la famille. A l'image du fils de Ramsès II ! Ensuite, le fils aîné, du défunt guide Libyen, qui n'était pas le plus favori, était destiné a remplacé son père. Celui Yéménite par son fils haut gradé militaire. L'ex président Tunisien, c'est une autre histoire de famille genre Bey de Tunis.

Celui Syrien, jeune héritier du défunt son père, il est en train de combattre avec acharnement voire tenter d'exporter la guerre civile, en Syrie, chez les voisins du moment que l'ennemi intérieur (le peuple Syrien) ne tient plus debout et donc, nécessité oblige, il le fait remplacer par l'ennemi extérieur (la Turquie entre autres) afin de conserver le trône désormais chancelant en dépit d'une meute de groupes du sérail aptes a le sacrifier, au moment opportun, sur l'autel de la révolution ! L'ensemble des régimes, à la pensée unique, raisonnent et agissent de cette manière. Au fait, pour combien de temps tiendra-t-il ? Seul Dieu le sait.

Grâce A Dieu, chez-nous, l'ensemble de nos présidents, a chacun son caractère, ont eu la sagesse de ne pas ressembler a ceux qui se rivent au fauteuil du pouvoir politique. C'est la raison pour laquelle nous les honorons tous. Ils avaient tous le sentiment d'être des frères.

Honorons également le militant de la cause nationale le défunt médecin, M. Pierre Chaulet, décédé à Paris et enterré en milieu de semaine dans sa ville natale Alger. J'ai eu le rare privilège de faire la connaissance de Madame Claudine Chaulet sociologue des spécificités du ruralisme Algérien. Au vu de ses thèses, elle avait une certaine idée de l'Algérie à la recherche d'une voie.

En début de semaine, un douloureux événement a ému le peuple Algérien. Samedi, 6 octobre, le Moudjahid et troisième président de la République Chadli Bendjedid (qui a eu la sagesse d'accepter de démissionner) n'est plus de ce monde. Malgré les erreurs d'appréciation politique, a l'encontre de celle de son prédécesseur le charismatique défunt président Houari Boumediene ainsi que les respectives approches socioéconomiques et de justice sociale, néanmoins il est perçu, en Algérie et ailleurs, quelqu'un de gentleman et tennisman, discret, un bon père de famille et surtout le précurseur (avec bien sur le sacrifice des enfants d'Octobre 88) de l'avènement de la liberté d'expression et du pluralisme politique. En principe, ce sont les deux socles fondateurs de la Démocratie qui nécessite constamment d'être consolidée par toutes les générations montantes enfin, espérons-le, réconciliées et apaisées, décoincées une fois pour toutes du passé et du présent. Prions instamment le Créateur, des deux mondes, afin de l'accueillir en son vaste paradis. Repose en paix, M. le président.