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Relation médecin-patient: Le déficit en communication pointé du doigt

par A. El Abci

« La bonne thérapie, dépend en grande partie de la qualité de la relation qu'entretient le médecin avec son malade», a indiqué jeudi dernier Mme Assia Bouali, psychologue au centre hospitalo-universitaire (CHU) de Constantine, lors d'une conférence débat qu'elle a animée en direction de ses collègues, ainsi qu'à des étudiants dans la filière. Et d'ajouter que «contrairement à ce que d'aucuns peuvent penser, le facteur psychologique est important et même déterminant dans certains cas. D'où la nécessité, pour donner toutes ses chances à une complète guérison du malade, d'établir avec lui une relation de confiance». Relation qui a été évoqué juste auparavant, dans une courte allocution par le chef du service des brûlés au même CHU et président du Conseil de l'ordre des médecins de la région de Constantine, M. Djemane, dont il dira qu'elle doit être privilégiée.

C'est un contrat qui doit être respecté et tenu. Il y va de la qualité des soins dispensés. Et de rapporter que dans son service, «les brûlés sont des patients qui ont des demandes très particulières, s'exprimant par des plaintes et des douleurs et en l'absence de cette relation de confiance, le malade se coupe du médecin, se recroqueville sur lui-même et tombe irrémédiablement dans la dépression».

En tous cas, notera ensuite la conférencière, «une mauvaise relation peut aller jusqu'au suicide du patient». Et de définir la relation médecin/malade, comme étant une communication verbale, gestuelle ou comportementale, dont l'objectif vise la limitation des échecs de la thérapie. Dans ce cadre, est-il encore précisé, il faut donner de l'importance à l'écoute du patient, lui donnant un rôle actif dans le processus de thérapie, les choses sont plus équilibrées et l'attente est réciproque, le malade attend un soulagement et si possible une guérison et le médecin une reconnaissance. Toutefois, dira-elle, l'ancienne école avance une relation plutôt inégalitaire où le médecin se considérant comme le dépositaire du savoir, ne voit en le patient que la maladie. Celui-ci, n'a pas droit de donner son point de vue, il est infantilisé, et le psychologue n'est pas admis dans cette relation.

Le contact physique et la communication sont négligés, soulignera-t-elle, à telle enseigne que certains malades, au sortir du cabinet du médecin, bien que porteur d'une ordonnance ne savent même pas quelle maladie ils ont. «C'est ce qui continue malheureusement à se pratiquer dans nombre de services et qu'il nous a été donné de constater, à plusieurs occasions», indiquera-elle.

«J'ai eu à relever personnellement un grand déficit en matière d'écoute, de contact physique et de simple explication fournie au malade sur ce dont il souffre», affirme-elle.

Dans le débat qui a suivi la conférence, la plupart des interventions ont largement confirmé ce diagnostic, rapportant le déficit en communication et ses conséquences sur des cas précis de malades qui restent angoissés, refusant les soins et lançant «je veux sortir, je veux sortir», ainsi que la non reconnaissance du rôle d'intermédiaire du psychologue». Beaucoup ont pointé du doigt la formation dispensée, tout en modulant leurs propos, en relevant la nécessité de la formation personnelle, surtout au regard de ce qu'offrent les moyens modernes à l'instar de l'Internet, etc.