Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Invraisemblances

par Abdelkrim Zerzouri

Le roi du Maroc Mohamed VI a affirmé samedi, lors du discours traditionnel marquant son accession au trône, que «les relations avec l'Algérie étaient stables». Il a exprimé son souhait que «les choses reviendront à la normale et que les frontières entre les deux pays seront rouvertes». Optimisme béat ou vains mots qui se répètent à chaque discours traditionnel ? Malheureusement, la réalité est clairement loin, très loin, du discours. Non seulement les frontières entre les deux pays sont fermées depuis 1994, mais il y a également, depuis le 22 septembre 2021, la fermeture de l'espace aérien de l'Algérie à tous les avions civils et militaires marocains et à tous ceux immatriculés dans le royaume chérifien, et plus encore, il y a rupture des relations diplomatiques entre les deux pays depuis le 24 août 2021 et qu'on ne voit pas se remettre en place, ni dans les actes ni dans les intentions qu'on pourrait observer sur ce plan. Sauf à dire que «les choses reviendront à la normale», le roi Mohamed VI n'a pas évoqué ces problèmes qui sont, pourtant, plus importants à résoudre que la réouverture des frontières terrestres, voire des préalables à cette approche. Pourquoi le roi du Maroc présente-t-il une vision contraire à ce qui caractérise réellement les relations entre les deux pays ? Peut-on imaginer un seul instant l'Algérie s'inscrire dans cette perspective de la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays alors qu'il n'y a aucun changement dans les attitudes du Maroc qui ont conduit à la dégradation des relations bilatérales ? Comme à son habitude quand il parle de la «main tendue» à l'Algérie, le roi Mohamed VI a usé d'un ton rassurant.

La sagesse n'est pas que paroles. En vérité, le Maroc «juge ses relations avec les pays étrangers selon le prisme de leurs positions sur la question du Sahara occidental» (dixit Mohamed VI). Des pays qui expriment une autre position sur cette question sont déclarés ennemis du Maroc, que dire alors de l'Algérie qui soutient ouvertement l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental ? Le Maroc peut-il oublier «ce prisme» à travers lequel il juge ses relations avec le monde extérieur ? S'il ne le fait pas, impossible de croire ce que dit le roi Mohamed VI alors qu'en vérité il a complètement détaché le Maroc de son voisinage au profit d'une politique résolument tourné vers l'international.