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«Leçons» d'histoire

par Belkacem Ahcene Djaballah

Depuis quelque temps, nos (grands et petits) héros de guerre sont, enfin, en train de retrouver le chemin de gloire de la Mémoire nationale. A travers, entre autres, des rencontres sur l'Histoire, des commémorations, mais aussi et surtout à travers les statues érigées, ça et là et, hélas, à travers les annonces de disparitions (décès) des rescapés de l'holocauste colonial. Il y a aussi, les « attaques » perfides, le plus souvent venues de l'extérieur (comme celles récentes d'une outre-Méditerranée n'ayant pas encore avalé sa défaite) lesquelles certes, réveillent les douleurs mais re-boostent le sentiment national et patriotique. Tout cela avec plus ou moins de réussite mais, c'est toujours ça comme exemple d'une Révolution armée « jetée dans la rue » afin que nul n'oublie. C'est toujours ça, car il est évident que mis à part les ouvrages écrits sur les exploits, les réalisations et les souffrances de nos héros d'hier et aussi d'aujourd'hui (les héros de la démocratie, du progrès et du développement du pays après 62), les « paroles des discours et des conférences, s'envolent», si vite qu'elles sont rapidement oubliées. C'est là toute la problématique de la Mémoire nationale publique qui peine à fleurir et à s'imposer en longueur (sur la durée) et en profondeur. Ici, il ne s'agit pas des actions presque propagandistes, désormais classiques, si classiques qu'elles en deviennent invisibles et fugaces auprès des opinions publiques, mais des actions appelées à être larges, bien ancrées dans les esprits de toutes et de tous, petits et grands, et pérennes.

Il s'agit donc de sortir des sentiers battus et de promouvoir des voies et moyens, très soft, qui accompagneront les citoyens, jeunes et vieux, femmes et hommes, nationaux et étrangers, passants et touristes, à tout moment de leur vie, sauf lors des moments de travail et de sommeil. Il y a, d'abord, les noms des boulevards, avenues, rues et ruelles, dont les plaques doivent être bien documentées sur les personnalités inscrites. Il y a, ensuite, les institutions publiques comme les universités, les hôpitaux, les salles consacrées aux activités culturelles, aux sports et aux loisirs et dédiées à tous nos champions et aux olympiens. Pour le seul sport, de Alain Mimoun (qu'il faudrait, peut-être, récupérer) à Rachid Mekhloufi, Zâaf et Kebaili, l'Equipe de foot du Fln, Zidane (Pourquoi pas ?), Chérif Hamia (et Ben Barek, pourquoi pas ?), en attendant Dahleb, Belmadi et Mahrez et en passant par Morcelli et Boulmerka, et d'autres et d'autres, chaque ville ou village ayant aussi ses héros. Il y a, aussi, des endroits et des lieux de vie (ou, hélas, de mort). Ici a vécu..., ici est né...,, ici a étudié..., ici est décédé..., ici a été assassiné... L'Histoire instantanée, avec des indications correctes, concises, précises en plusieurs langues et sans fautes d'orthographe et concernant même les « restes » de l'occupation coloniale, des preuves concrètes, afin que nul n'oublie. Car ici, excuses ou pas excuses, l'oubli ? Jamais !

Il y a, il y a mille et une, que dis-je, des centaines de milliers d'espaces à consacrer au souvenir de ceux qui sont morts pour la patrie, de ceux qui ont vécu au service de la société , de ceux qui ont créé, qui ont vaincu, de ceux qui ont géré, inventé, protesté... Bien-sûr, cela s'est fait déjà, cela se fait encore, mais il semble bien qu'avec nos mémoires bien courtes et une maintenance des espaces et des lieux de mémoire défaillante, tout reste à faire ou à (mieux) refaire.

Je me souviens avoir visité une ville du nord de l'Italie, envahie par les touristes et choyée par ses habitants, où on apprend l'histoire de la cité, de ses hommes ou femmes et du pays, à chaque pas : des plaques partout. Sur les murs d'immeubles, sur les trottoirs... Même les traces de balles tirées contre des étudiants républicains et nationalistes, il y a de cela deux siècles (février 1848), à l'intérieur du café au sein duquel ils se réunissaient contre l'occupation autrichienne, sont pieusement protégées et bien exploitées par le propriétaire du café. L'heureux mariage du commerce honnête et de l'Histoire ! Des leçons d'histoire sur site.