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Bonne nouvelle pour le climat, le pétrole flambe

par Akram Belkaïd, Paris

Les pays exportateurs de pétrole ont le sourire. Semaine après semaine, le baril d’or noir bat des records sur les marchés. Ces derniers jours, celui du Brent (référence basée sur un gisement de mer du Nord) a dépassé les 86 dollars. De son côté, le West Texas Intermediate (WTI) franchissait la barre des 85 dollars. Pour résumer, le marché revient à ses niveaux élevés d’octobre 2014, ce qui pousse les pays importateurs à espérer un «geste» des producteurs.

Crainte d’une nouvelle vague

Cela ne devrait pas être encore le cas. Pour l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la prudence reste de mise. Certes, l’activité économique reprend en plusieurs points du globe mais le virus de la Covid-19 continue de sévir. Ces prochains jours, la Russie va ainsi confiner ses habitants avec fermeture de plusieurs types de commerces. «La crise est en quelque sorte contenue mais elle n’est pas encore terminée, nous devons faire attention à ne pas prendre les choses pour acquises», a donc déclaré le ministre saoudien de l’Energie, Abdelaziz ben Salmane, interviewé par l’agence Bloomberg en marge d’un forum sur les énergies renouvelables organisé à Riyad. Même son de cloche auprès de son homologue nigérian pour qui le marché demeure «encore trop fragile».

Cela signifie donc que l’Opep n’augmentera pas son offre pour calmer les prix. Pourtant, les indicateurs montrent bien une reprise forte de la demande qui devrait revenir à ses niveaux d’avant-pandémie à 100 millions de barils par jour. Mais, pour l’Opep, un rien pourrait inverser la tendance comme, par exemple, une nouvelle vague de la pandémie. Cela aurait pour conséquence de provoquer une chute des cours, le marché jugeant que l’offre dépasse de trop la demande. Le mécanisme est bien connu.

Bonne nouvelle pour le renouvelable

Il est intéressant de noter que cette nouvelle flambée des cours intervient au moment où va se tenir à Glasgow la vingt-sixième Conférence sur les changements climatiques (COP26). La hausse des cours est toujours un bon argument pour celles et ceux qui plaident pour des mesures d’urgence en faveur du climat. On le sait, l’utilisation d’hydrocarbures est responsable d’une large partie des émissions de gaz à effet de serre (ges). Quand le baril dépasse les 80 dollars et que les prix de l’essence et du chauffage flambent, le plaidoyer pour le climat bénéficie d’arguments économiques. Cela oblige ainsi les États à s’engager dans des réformes en faveur des énergies renouvelables ou moins consommatrices de carbone.

Signe des temps, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) parmi lesquelles Les Amis de la Terre ou Corporate Europe Observatoryont demandent à l’Union européenne de limiter l’accès à ses institutions aux sociétés pétrolières et gazières. Selon ces organisations, de telles compagnies devraient «être traitées comme l’industrie du tabac». Autrement dit, une industrie nocive qu’il convient de mettre à distance pour l’empêcher d’influer sur les législations futures concernant l’environnement et le climat. Pour le moment, un tel éloignement demeure un vœu pieu...