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Liberté de la presse: des attaques orchestrées ?

par Abdelkrim Zerzouri

A la veille de la célébration de la journée mondiale de la liberté d'expression, coïncidant avec la date du 3 mai, les attaques contre l'Algérie en matière de liberté de la presse, qu'on présente sous un aspect pas loin d'une dictature, se font de plus en plus « concertées». Est-ce que cela augure d'accusations qu'on veut porter le plus loin possible avec le plus de dommages imaginables ou va-t-on se limiter au constat simple des dépassements ? L'avenir le dira, mais généralement on ne s'arrête pas en si bon chemin de la provocation de facteurs de tempête.

Primo, il y a lieu de se référer en cela au classement en matière de « liberté de la presse dans le monde en 2020 », rendu public le mardi 21 avril, où l'ONG Reporters sans frontières (RSF) a positionné l'Algérie à la 146e place, sur une échelle de 180 pays « notés » par cette organisation. Secundo, il y a lieu de souligner que, le même jour, la France a appelé l'Algérie au respect de la liberté de la presse, par le biais du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Deux raccourcis qui tentent de discréditer l'Algérie devant l'opinion internationale, ainsi que d'autres réactions hostiles, sur le même registre, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, qui se prêtent dans leur ensemble au jeu d'une campagne médiatique agressive bien orchestrée, ont provoqué une profonde indignation au sein des autorités algériennes.

Ainsi, après le porte-parole officiel de la présidence de la République, Mohand Oussaid Belaid, qui a mis en avant, le 21 avril dernier, les efforts consentis pour l'édification d'un Etat de droit et le soutien ferme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à la liberté de la presse, c'est au tour du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, de réagir dans le même sens. Usant d'un ton des plus virulents contre RSF, ce dernier ne laissera rien au hasard pour déballer ses vérités et tenter de démonter cette thèse qui noircit l'image du pays. Relevant d'emblée que la liberté de la presse «n'est pas un alibi pour l'irresponsabilité individuelle», M. Ammar Belhimer affirme que la liberté de la presse en Algérie « n'a de limites que celles de l'éthique et du droit ». Sur les 8.000 journalistes que compte la profession qui «ne souffrent» pas d'ailleurs de conditions de travail et de liberté «rédhibitoires» par rapport à bien d'autres pays dans le monde, « on ne met en avant que trois ou quatre journalistes », rappelle-t-il dans ce contexte.

C'est vrai, mais n'aurait-on pas mieux fait qu'il n'y ait aucun journaliste martyrisé à mettre en avant comme alibi du non-respect de la liberté d'expression ? Peut-être, aussi, pour mieux se faire entendre sur le plan national et international qu'il faut laisser la corporation des journalistes, elle-même, s'exprimer sur le sujet du respect de la liberté de la presse. Car, quand la puissance publique y va seule dans cette bataille contre ceux qui accusent l'Algérie de pas respecter la liberté d'expression, cela ne peut que renforcer les suspicions.