Quelle conséquen ce
entraînerait sur le plan local cet acquittement des pétroliers ENI et Saipem, prononcé par la Cour d'appel de Milan dans le
procès, en cours depuis une bonne dizaine d'années, qui les visait pour
corruption en Algérie ? Il n'y a pas à dire, la décision de la justice
italienne est d'un retentissement spectaculaire dans cette affaire qui a
longtemps retenu l'attention de l'opinion en Algérie et dans les milieux
d'affaires à l'étranger. Le verdict en question braque automatiquement tous les
regards vers la justice algérienne qui a ordonné la réouverture, ces derniers
mois, des dossiers Sonatrach I et II.
Rappelons
que l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil,
avait été limogé de son poste lorsque le scandale avait éclaté en 2010 et sera
ensuite poursuivi par la justice qui avait émis un mandat d'arrêt international
contre lui quand il se trouvait aux Etats-Unis, avant son retour en Algérie en
2015 suite à l'abandon des actions engagées à son encontre. On
sait pertinemment que le concerné n'a été inquiété par la justice algérienne
qu'après l'ouverture par la justice italienne du dossier de corruption en
Algérie, mettant en cause des cadres des pétroliers ENI et Saipem
et des intermédiaires algériens, en l'occurrence Farid Bedjaoui,
Samir Ouraied et Omar Habour,
mais est-ce pour autant logique de s'attendre à ce que le réexamen des affaires
Sonatrach I et II soit influencé par la fermeture du
dossier de corruption du côté de la justice italienne ? Difficile
d'imaginer que les deux dossiers en question tiendraient encore la route, vidés
qu'ils sont de leur consistance. De toute évidence, la
justice algérienne doit faire son propre chemin, sans pour autant ignorer ces
derniers développements, notamment le dernier verdict rendu par la Cour d'appel
de Milan, qui blanchit les pétroliers ENI et Saipem
(précisant que le groupe pétrolier ENI et son ex-patron Paolo Scaroni, accusés de corruption internationale dans le cadre
de leurs opérations en Algérie, ont été acquittés par le tribunal de Milan, au
mois de septembre 2018, mais sa filiale Saipem et
l'ex-président de cette dernière ont été condamnés), innocentant par ricochet
les intermédiaires algériens soupçonnés d'avoir tiré profit du versement
présumé des pots-de-vin, d'une valeur estimée à 197 millions de dollars, selon
l'acte d'accusation. Se dirige-t-on dans ce sillage vers l'abandon du
réexamen des affaires Sonatrach I et II ? Dans tous
les cas de figure, il ne peut pas ne pas y avoir de rebondissements dans ces
affaires intimement dépendantes des conclusions de la justice italienne.