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Elections européennes : l'imbroglio continue

par Pierre Morville

Dimanche soir, résultat et bilan des élections européennes. Soirée. Comique en partie. Consternation et inquiétude pour le reste. Le pire a été les déclarations des différents partis et courants qui ont tous expliqué qu'ils étaient quasi contents des résultats du scrutin, quelques soient leurs résultats personnels. Mais curieusement lors de cette longue campagne électorale, on a parlé de tout, sauf du principal sujet, qui pose problème, l'Europe, l'Union européenne et son fonctionnement actuel. Pour ne pas parler des sujets importants, la politique, c'est un métier !

Donc, on papote sur l'Europe (c'est gentil, c'est bien) mais pas sur son fonctionnement concret. Du coup, on n'en revient aux débats strictement nationaux. Et cette campagne électorale en France, tout au moins, a été stricto « franco-française » : la gauche française contre la droite française, le gouvernement macroniste contre ses opposants, les souverainistes contre les fédéralistes...

Mais dans un pays qui adore la politique, les conflits, les révolutions, les grandes réconciliations, le sentiment des Français au lendemain de cette élection européenne et ses résultats, restait plus confus.

Gardons plutôt le côté comique de cette échéance électorale : rien qu'en France, 34 listes, dont une qui défendait les animaux ! Mais aucune proposition, aucun débat sur le fonctionnement de l'Europe. Plus compliqué encore, le mélange des scrutins : huit pays organisaient des scrutins parallèlement aux élections européennes : l'Allemagne (régionales), la Roumanie (référendum), l'Espagne (municipales et régionales), la Lituanie (présidentielle, 2e tour), la Belgique (législatives et régionales), l'Italie (régionales), Malte (municipales) et l'Irlande (municipales et référendum). Si les fortes hausses constatées dans quatre de ces pays (Allemagne, Roumanie, Espagne et Lituanie) ont pu être favorisées par les scrutins parallèles, ce n'est pas le cas dans les quatre autres (Belgique, Italie, Irlande et Malte), qui ont connu une baisse sensible de la participation.

L'élection européenne de la semaine dernière qui s'est déroulée en un seul tour, donc sans possibilité d'alliances était en réalité une sorte de grand sondage sur les innombrables formations politiques européennes. On a pu constater, au moins en France, l'écrasement, l'éclatement ou l'extrême fatigue des formations politiques traditionnelles de droite (Les Républicains) ; comme de gauche (le Parti socialiste, le Parti communiste et en partie, la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon...)

Pour l'essentiel des résultats en France, Emmanuel Macron a joué et gagné une sortie politique qui se réduit à deux composantes, lui et son parti et celle qu'il a largement favorisé, sa principale opposante, Marine Le Pen qui est arrivée en tête des élections européennes en France. Bref, le calcul du président était réduit à l'opposition des deux leaders, en pariant qu'une majorité des Français dans les prochaines échéances électorales ne voteraient majoritairement pas pour l'extrême-droite. Bref, à terme, Emmanuel Macron est le gentil et Marine Le Pen, la méchante. Calcul hardi.

Il est vrai que certains ne cachent pas leur satisfaction. Marine Le Pen, d'extrême-droite, dans cet accord souterrain et mystérieux, peut revendiquer d'être après ce vote populaire, de nouveau d'être la représentante de la première formation politique française. Devant la formation du Président Macron. Dans le reste de l'Union européenne, les calculs électoraux n'étaient pas mercredi définitivement achevés. Dans 13 pays, dont l'Allemagne et la Grèce, les conservateurs arrivent en tête. Tandis que dans 5 autres, dont l'Espagne et les Pays-Bas, ce sont les sociaux-démocrates qui obtiennent la première place. Dans 5 pays membres, ce sont les libéraux qui se détachent, dont le Danemark et la Slovaquie. En France et Italie, l'extrême droite arrive en tête.

Problème supplémentaire, le programme de Marine Le Pen et de son nouveau parti, le « Rassemblement national ». Il est formidablement réactionnaire sur le plan de l'immigration et de l'intégration de populations étrangères, mais le même programme est très ouvert voire quasiment « de gauche » sur les dossiers économiques et sociaux. Etrange.

L'UE, une très, très grosse administration sans beaucoup de contrôle

Ce qui au départ a été le plus surprenant, c'est qu'à l'occasion de cette très longue campagne sur les élections européennes, il faut le rappeler, on a parlé de tout et les politiques se sont vivement affrontés mais personne n'a parlé de l'Europe ! Ou à tout le moins on a fait silence sur ces nombreuses institutions aussi déterminantes que peu transparentes : le Conseil européen, le Conseil de l'Union européenne, la Commission européenne, le Parlement européen, la Cour de Justice de l'Union européenne, la Cour des Comptes européenne. Tout cela sans compter les innombrables Commissions qui imposent de nouvelles normes juridiques et réglementaires tous les matins... De ces innombrables instances, qui les nomment, qui les élisent, qui les contrôlent ? Mystère. Personne, à part eux-mêmes. Rendent-ils des comptes publics sur leurs activités ? Très peu. Pour le reste, aucune politique étrangère commune, aucune politique de défense militaire commune.

Au 1er janvier 2017, la population de l'Union européenne (UE) est estimée à 511,8 millions d'habitants par Eurostat1. Elle se classe derrière la Chine (1 384 millions) et l'Inde (1 318 millions) mais devant les États-Unis (325 millions). L'État membre le plus peuplé est l'Allemagne (82 millions) et le moins peuplé est Malte (0,4 million).

Le taux de croissance de la population européenne est l'un des plus faibles du monde mais c'est aussi dans l'UE que les habitants vivent le plus longtemps (mis à part dans quelques régions d'Asie : Japon, Singapour et Hong Kong). « Plusieurs États membres rencontrent une problématique liée au déclin de leur population en raison d'un faible taux de natalité ou d'un solde migratoire négatif, c'est pourquoi les politiques d'immigration commencent à évoluer pour répondre aux problèmes socio-économiques que cela pose », note le site Wikipedia.

Pour en conclure, ponctuellement : plus personne ne conteste l'intérêt d'un continent européen uni. Le fonctionnement actuel de l'Union européenne, plutôt bureaucratique et peu démocratique pose problème. Il faudra en réviser les règles de fonctionnement. En gardant l'égalité des droits des 28 pays adhérents. Mais est-ce que les Britanniques vont nous quitter ? A titre personnel, je ne le souhaite pas mais la messe semble être dite. Une rupture regrettable qui n'a aucun sens.