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Le pouvoir du macadam

par Moncef Wafi

Y a-t-il un pilote dans l'avion Algérie ? Le doute est permis surtout que depuis quelque temps les Algériens assistent à un drôle de ballet. Des ministres constamment décrédibilisés par des prises de décision rapidement mises sous l'entonnoir après la pression de la rue. Les scandales s'enchaînent à l'actif du gouvernement Sellal qui, s'il a tenu bon sur la question de la retraite anticipée, n'arrête pas de se désavouer concernant le secteur de l'Education.

Dernier exemple en date, cette histoire des congés scolaires réduits sur décision de la ministre à dix jours, avant de revoir le calendrier et le porter à presque 18 jours. Pourtant Benghebrit, et face à la grogne des élèves qui ont fini par battre le pavé pour dénoncer la réduction de leurs vacances scolaires, avait clairement affiché son intention de ne pas revenir sur sa décision. Formelle, elle avait annoncé, à l'issue d'une séance au Conseil de la nation, que la durée des vacances d'hiver est de 10 jours et non deux semaines. Un coup dur au sérieux d'un département qui n'en est plus à sa première marche arrière et porte préjudice à la personne même de la ministre qui avait défendu cette «réformette», expliquant que cette réduction du nombre de jours des vacances d'hiver «répond à des critères internationaux» sur la base d'une étude comparative.

Qui a pris donc la décision de revenir à la formule initiale ? Si c'est Benghebrit, il est plus que légitime de s'interroger sur sa compétence, elle qui n'arrête pas de prendre des décisions pour les renier sous la pression extérieure. Sa défense scientifique ne tient donc plus la route et il a suffi d'une marche des élèves dans plusieurs wilayas du pays pour que ses arguments tombent. Si c'est le Premier ministre, il est fort à parier que la communication intergouvernementale a du plomb dans l'aile et dément ainsi les discours rassurants sur cette prétendue feuille de route commune aux ministres.

Les partisans de Benghebrit verront-ils dans le recours à la rue une autre manœuvre des islamo-baathistes qui ont juré d'avoir la tête de la ministre parce qu'elle avait évoqué la réforme de l'enseignement ? Une réforme vidée de sa substance après le dernier coup de grâce du retour à l'ancienne formule du baccalauréat avec cinq jours au lieu des trois vendus par le gouvernement. Alors que le secteur de l'Education doit évoluer loin de toutes ces guéguerres idéologiques et d'ego, il n'arrête pas de se retrouver au milieu de la tempête entre décision et contre-décision, fraude au bac et autres scandales.