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Il y a cinquante ans, est né un parti politique dans les pires
moments de la clandestinité et de l'étouffement de l'opinion différente. Les
institutions du pays étaient sous le contrôle de la pensée unique et de la
force militaire. Les voix discordantes se faisaient systématiquement
neutraliser d'une façon ou d'une autre. Des militants ont bravé l'interdit au
risque encouru pour leur idéal commun, au moment où les idéologies déclinaient
partout dans le monde, suite à l'épuisement et au noyautage des mouvements de
libération. Que reste-t-il, aujourd'hui, de cette élite avant-gardiste ?
A-t-elle su s'adapter à la réalité d'un monde plus que jamais contrôlé par
l'empire marchand ? A-t-elle changé son discours inaudible et inintelligible
avec lequel elle s'adressait aux couches sociales ciblées ? A-t-elle un nouveau
projet de société réaliste et rassemblant au-delà du dogme sur lequel elle a
fondé son idéal ? Le monde a changé, il suit son chemin naturel tracé dans le
temps, la pensée aussi, elle n'est plus manichéenne ancrée dans la stricte
bipolarité entre progressistes et conservateurs, entre droite et gauche,
souvent rien ne les distingue dans leurs approches quand ils sont aux affaires.
Ils ne sont plus, en fait, que des instruments entre les mains des maîtres de
la finance mondiale. L'exemple du mouvement Syriza en
est le plus éloquent... La souveraineté des pays se joue quotidiennement avec
des algorithmes à Wall Street
sous le contrôle de Bilderberg Group.
Des printemps qui ne fleurissent pas sont semés dans des régions stratégiques pour fixer à New York et à San Francisco, le plus longtemps possible, le cœur battant du monde marchand et celui de l'intelligence artificielle connectant l'humanité à ses serveurs. Trouver un espace pour limiter la mainmise totale et définitive sur l'économie réelle et le travail, phagocytés par la spéculation, est plus que déterminant pour une justice sociale. S'arcbouter sur une idéologie égalitariste qui assujettit l'homme plus qu'elle ne le libère est un aveuglement intellectuel désastreux. L'égalité entre les individus est une chimère dogmatique et est contraire aux lois de la nature. Seule la justice sociale peut réunir les conditions de l'égalité des chances pour que les individus méritent leurs statuts sociaux. Appauvrir les riches et enrichir les pauvres est une discrimination négative qui aura des répercussions néfastes dans une société. Les forces antagonistes se déchirent, l'inertie s'installe et les richesses fondent comme une peau de chagrin, conduisant à l'extinction de l'initiative et de l'effort, et de là, à la fin de tout l'ensemble. La justice sociale est plus qu'indispensable pour le développement de toute société mais elle reste insuffisante sans une solidarité nationale qui prend en charge ceux qui ont démérité et ceux que leur handicap a lestés et a laissés sur la ligne de départ ou ceux qui n'ont pas eu le souffle nécessaire pour franchir la ligne d'arrivée. Les pays scandinaves ont eu l'intelligence de libérer la pensée, la créativité, l'innovation et l'entreprise, dans le but de libérer l'homme qui demeure leur centre d'intérêt ; pour ce faire, la solidarité nationale s'est ancrée dans leur culture intrinsèque. Le Scandinave est fier de contribuer à l'effort de son pays, et il le clame à qui veut l'entendre. Dans ces sociétés socio-libérales, le mérite est proportionnel à la contribution de l'individu par le paiement de ses impôts, et par son apport intellectuel et son savoir-faire. Le pays leur a donné l'opportunité de réussir, alors, ils lui expriment leur reconnaissance et leur patriotisme en faisant fonctionner l'ascenseur social qui ne laisse personne au bas de l'échelle. En Algérie, seul l'Etat est dans cette perspective d'ascenseur social avec la répartition de la rente pétrolière et l'apparition d'une classe sociale moyenne, tampon ; le monde des subitement-riches reste dans une logique à la fois cachottière de l'argent gris exfiltré à l'étranger et thésaurisé dans des trous, mais aussi exhibitionniste de son train de vie pas toujours mérité. Là est tout le paradoxe d'une société acculturée qui court tout droit à sa fin. |
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