
La
campagne de Ali Haddad pour la présidence du FCE est en arrière- plan de
l'actualité. On l'oublie derrière le film de Lyes Salem, les logements AADL, la
pomme de terre et les télévisions des pays voisins. Pour autant, le signal est
fort. Celui d'une lente mainmise d'une équipe sur un pays. On est passé du FLN
de Saïdani au FCE de Haddad, à l'UGTA de l'obédience et aux journaux et TV
affidées. Le cas de Haddad n'est pas celui de sa personne seulement, mais la
lente réduction du pays aux affaires d'une sorte de famille dite de la
proximité », comme le qualifia un averti. Il y a eu la famille révolutionnaire,
celle des « hommes debout » des années 90, la famille familiale des puissants
puis la toute neuve et puissante famille de la proximité. A comprendre : une
sorte de phalange de soutien indéfectible qui nourrit et se nourrit de la
légitimité de Bouteflika. Avec main sur les affaires, les syndicats, les
appareils, les contrats stratégiques, les centres de décision. Pour les plus
réfractaires, il s'agit d'un autre DRS avec un autre Tewfik mais pour les mêmes
besoins de contrôle de l'Etat et du Pouvoir qui le parasite. Où cela va-t-il
nous mener ? Vers une sorte de monarchie d'oligarques. A la Russie au temps de
la faiblesse chancelante d'Eltsine.
Le
plus important n'est cependant pas dans la candidature unique de Ali Haddad
mais dans ce que cela signifie : l'abus d'obéissance. Plus nocif que l'abus de
pouvoir si connu. L'abus d'obéissance semble aujourd'hui une règle politique et
sociale en Algérie. Le régime demande une voix, on lui donne le corps en entier,
le village, le puits et le bétail. L'abus d'obéissance, profond concept inventé
par un ami fin et intelligent, traverse comme un parti la tête du pays, ses
mains et son âme. Il est offre plus que l'impôt traditionnel. Il n'est pas
obéissance mais abus, excès, soumission, écrasement, enterrement. Cet état
d'esprit est aujourd'hui une mode : il suffit de parler au nom du frère pour
voir la laine pousser sur le mouton et l'échine devenir du papier mouchoir. Il
n'est pas maladie du régime, mais maladie de ses serfs, une « solution », un
pain, un mode de survie, une voie d'invertébré. Le régime ne demande qu'un pays
à lui, on lui en offre deux : la terre et sa propre peau. La candidature de
Haddad résume, malgré le bonhomme, tout l'abus qui aujourd'hui est notre mal,
malheur aussi. Il va nous coûter très cher en retournement, un jour après la
nuit. C'est un genre de maladie de peau pour l'histoire de certains pays. Un
moment de lâcheté et d'errance.