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Les scandales Sonatrach ont miné la sérénité du président

par Kharroubi Habib

Depuis son accession au pouvoir, Bouteflika s'est distingué par la distance qu'il observait face à des événements nationaux sur lesquels pourtant les citoyens s'attendaient qu'il s'exprime ne serait-ce que parce que les faits à l'origine de certains d'entre eux lui ont été imputés ou à des personnalités réputées appartenir au clan présidentiel. Il a rompu avec cette ligne de conduite suite aux scandales qui secouent la compagnie pétrolière nationale Sonatrach certainement au constat de l'ampleur de l'écœurement et de la colère qu'ils suscitent dans le pays.

 Depuis leurs révélations par la presse nationale, il s'est en effet exprimé à deux reprises sur le sujet. La première le 24 février dans le message qu'il a adressé aux participants aux cérémonies commémoratives du double anniversaire de la création de l'UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures.

 La seconde mardi à l'occasion de la célébration du 19 Mars, jour anniversaire du cessez-le-feu qui mit fin à la guerre de libération nationale. Que le chef de l'Etat déroge à ce qui a été sa ligne de conduite lui ayant permis de surprendre et de dérouter aussi bien ses adversaires que ses partisans, cela démontre à l'évidence qu'il est sérieusement inquiet de la gravité de l'impact que les scandales de Sonatrach ont sur l'opinion algérienne, voire même qu'il en redoute des conséquences pour sa propre réputation.

 Le 24 février, Bouteflika s'est déclaré «révolté» par les faits révélés par la presse nationale et ajouté qu'il fallait avoir confiance en la justice pour faire la lumière sur les faits rapportés par cette presse. Mais à l'évidence il a dû se rendre compte que l'opinion nationale n'a pas été convaincue par sa déclaration d'autant que les rumeurs lui prêtant la protection de certains des mis en cause par les révélations se sont multipliées et amplifiées.

 Avant-hier mardi, le chef de l'Etat a dû réagir pour infirmer indirectement ces rumeurs en promettant que justice passera pour ces scandales ou d'autres qui viendront à être découverts et que tous les incriminés subiront la rigueur de la justice.

 Il n'est pas certain pourtant que la détermination affichée par Bouteflika lui vaudra l'effacement du soupçon de protéger certaines des personnalités mises en cause dans les scandales Sonatrach. Il va devoir faire plus et notamment instruire l'appareil judiciaire à faire preuve de célérité dans le traitement des affaires scabreuses qui font scandale.

 Plus leur instruction traînera et les éventuels procès qui devront statuer tarderont, plus les citoyens douteront de la détermination du président.

 Ce qui risque d'avoir un effet catastrophique pour lui alors que se rapproche l'échéance cruciale de l'élection présidentielle dont tout le monde sait qu'il entend être l'ordonnateur.

 Il y a deux semaines, nous écrivions que les scandales Sonatrach donneront lieu à des « procès spectacles ». Il apparaît clairement maintenant que Bouteflika est condamné à veiller à ce qu'ils se tiennent et vite ainsi qu'à ne pas faire obstacle à la comparution à ces procès des personnalités réputées proches de lui comme l'en accusent déjà les bruits et la rumeur.