Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

LE SUD NE NOUS TOMBE PAS SUR LA TETE

par M. Saadoune

L'Algérien moyen est soupçonneux. Dès que l'on se met à trop parler de quelque chose, il se demande ce que cela cache. Et comme les autorités algériennes semblent avoir découvert subitement que le Sud est en train de «nous tomber sur la tête» avec une dramatisation surprenante, les soupçonneux s'interrogent. Est-ce un contrefeu allumé par un pouvoir subitement encerclé par Sonatrach et les affaires de corruption ?

 Les soupçonneux n'ont pas toujours raison. Ce qu'il faut dire cependant est que les demandes et les récriminations qui montent du Sud n'ont rien d'une nouveauté. Il y a plus de deux décennies, un ancien Premier ministre est allé à la rencontre des notables de la région d'Illizi. Et déjà, avec beaucoup de politesse et d'élégance, certains ont fait remarquer qu'ils comprenaient que la région n'ait pas des ingénieurs à placer dans les bases pétrolières et gazières? Mais qu'ils comprenaient beaucoup moins que des fonctions plus simples (manutentionnaires, chauffeurs, etc.) soient pourvues de très loin, du Nord. Très logiquement, le responsable a estimé que les populations locales n'avaient pas des demandes excessives et qu'il revenait à l'entreprise Sonatrach et à d'autres entreprises de créer sur place des centres de formation pour former aux métiers dont le secteur énergétique a besoin. D'un point de vue économique, l'entreprise y gagne, la région y gagne et le pays également.

 Cette vision juste et raisonnable ne date ni de vingt ans ni d'hier, elle est constamment dans les discours. Elle fait partie des orientations et des plans depuis les premières années de l'indépendance. Elle ne se traduit pas dans la réalité même si personne n'ignore que des redistributions rentières s'effectuent en direction des clientèles. Et elles n'ont apparemment pour seul effet que d'accroître et de nourrir le ressentiment. Le Sud ne nous tombe pas sur la tête, il se rappelle tout simplement au pays. Et au lieu de rejouer la partition de la menace à l'unité nationale, il vaut mieux l'écouter et l'entendre. Cela vaut pour le Sud comme pour le Nord, l'Est ou l'Ouest. C'est une question politique. Les clientèles n'assurent pas une représentation fiable et ne sont d'aucune utilité dans les moments difficiles ou dans des contextes de crise. C'est le système de gouvernance en vigueur dans le pays qui pose problème.

 LES DEMANDES EXPRIMEES PAR LES POPULATIONS DU SUD - ET QUE LES ASSOCIATIONS DE CHOMEURS PORTENT AVEC UN ACTIVISME MILITANT ENTETE - SONT CONNUES DEPUIS LONGTEMPS. ON PEUT PARIER QU'IL EXISTE DES RAPPORTS DE TOUTES SORTES Y COMPRIS DE SECURITAIRE POUR SOULIGNER L'IMPORTANCE DE S'OCCUPER SERIEUSEMENT DE CES DEMANDES. POURQUOI LES BONNES RESOLUTIONS NE SE TRADUISENT PAS PAR DES BONNES ACTIONS, C'EST BIEN UNE QUESTION DE GOUVERNANCE ? ON AIME FAIRE DES ANNONCES MAIS ON N'ASSURE PAS LE SUIVI. ON AIME CHOISIR LES REPRESENTANTS DE LA POPULATION A LA PLACE DE LA POPULATION? ET BIEN ENTENDU, CES «REPRESENTANTS» CHOISIS SONT LA POUR DIRE QUE LES CHOSES VONT BIEN ET N'ASSURENT MEME PAS UN RETOUR CORRECT DE L'INFORMATION. PAR QUEL BOUT ON LE PREND, LES QUESTIONS POSEES PAR LES GENS DU SUD SONT DES QUESTIONS DE DEMOCRATIE, DE JUSTE REPRESENTATION ET DE VRAIE REPRESENTATIVITE. ELLES SONT POSEES AUSSI PAR LE RESTE DU PAYS.