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Crise malienne: après la Mauritanie, l'Algérie changera-t-elle sa position ?

par Kharroubi Habib

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz dont le pays a refusé jusqu'à présent d'intervenir militairement aux côtés de la France et des Etats de la CEDEAO a annoncé lundi que l'armée mauritanienne est désormais prête à le faire si «la situation change». Par changement, le chef de l'Etat mauritanien entendait que la force d'intervention africaine (Misma) déployée au Mali passe sous la tutelle onusienne comme la possibilité se négocie actuellement aux Nations unies.

 Il n'est pas impossible que l'Algérie soit dans la même disposition d'esprit que celle que vient d'exprimer le président mauritanien. Le changement de tutelle qui pourrait intervenir pour la Misma est susceptible en effet de fournir aux autorités algériennes le justificatif à une implication plus directe de l'ANP au Nord-Mali, non pas sous la forme d'envoi d'hommes de troupes - ce qu'exclut la doctrine militaire algérienne - mais d'une assistance logistique multiforme franchement consentie. En tant que membre de l'ONU et parce qu'elle plaide pour que cette organisation soit la seule source de la légalité internationale et la seule à mener des interventions militaires en pays étrangers, l'Algérie ne pourrait refuser à la Misma devenue force sous autorité onusienne une assistance de ce genre étant pratiquement l'unique Etat régional à avoir les capacités de le faire.

 Avec l'ONU coiffant la force d'intervention militaire au nord du Mali, l'Algérie peut moins craindre que celle-ci soit instrumentalisée pour des fins géopolitiques contenues dans des agendas régionaux et internationaux allant à l'encontre de ses intérêts nationaux de puissance régionale. L'ONU est en effet en accord avec l'Algérie concernant la solution qui doit être mise en œuvre pour le règlement de la crise malienne. Les deux parties prônent l'option politique sous la forme de l'instauration d'un pouvoir à Bamako légitimé par l'expression libre et démocratique de la souveraineté populaire avec au préalable l'ouverture d'un dialogue malo-malien entre toutes les forces vives et représentatives de la nation incluant les porte-parole des populations du Nord-Mali se démarquant des groupes terroristes et narcotrafiquants sévissant dans la région.

 La diplomatie algérienne voit d'un bon œil l'implication envisagée de l'ONU au nord du Mali, car le pays aurait dès lors un interlocuteur qui n'st pas soupçonné de travailler sur la base d'une feuille de route dont il n'approuverait pas les objectifs. Elle s'en félicitera d'autant que la contribution que l'Algérie apportera à l'opération d'éradication des terroristes et narcotrafiquants dans le Nord-Mali et au Sahel, n'encourra pas l'accusation dans le pays d'être au profit de la France soupçonnée de travailler dans cette région contre les intérêts de l'Algérie et de nourrir des desseins déstabilisateurs à son égard.

Il n'est donc pas improbable de voir l'Algérie exprimer le même point de vue et faire la même annonce que la Mauritanie.