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![]() ![]() ![]() ![]() Lyannaj Kont Pwofitasyon», Union contre l'exploitation outrancière. Cela ne s'invente pas. Cela se passe en Martinique où des dizaines d'organisations syndicales et associatives mènent, depuis quatre semaines, un mouvement de grève sans précédent contre la vie chère. «La Guadeloupe, c'est à nous, la Guadeloupe, c'est pas à eux». Eux, c'est les békés, la minorité blanche, les descendants des premiers colons et esclavagistes, à peine deux pour cent de la population, détenant tous les leviers de l'économie des Antilles. On découvre que sous la République française, une situation coloniale anachronique perdure. Car la «pwofitasyon» d'une ultra-minorité, quelques familles blanches, qui monopolise le commerce et les terres est sans vergogne. Les produits sont souvent entre deux et quatre fois plus chers qu'en France ! Curieusement, il a fallu plusieurs semaines de conflit avant que Paris ne montre des signes d'intérêt. Le mouvement est profond. Si la vie chère a été son catalyseur évident, il porte aussi en lui des exigences culturelles et politiques. Les politiciens de l'Hexagone, happés par les effets de la crise mondiale sur le continent, n'ont pas vu venir la lame de fond qui risque de s'étendre à La Réunion. La lutte contre la «pwofitasyon» se présente, au dire d'un syndicaliste local, comme «une deuxième abolition de l'esclavage». Les négociations étaient hier au point mort. La veille, des milliers de manifestants guadeloupéens ont dénoncé un «choix de répression» de la part du pouvoir et la mainmise de la minorité sur l'économie des Antilles. Le mouvement risque de s'étendre à La Réunion. Et de se durcir. L'annonce par la présidence française de la mise en place d'un conseil interministériel de l'outre-mer n'a pas calmé les esprits. Le président français s'est voulu rassurant en déclarant que «l'Etat doit être juste, il n'est au service d'aucun groupe, d'aucune catégorie sociale». Le fait est que la majorité a le sentiment que l'Etat est au service de la petite minorité blanche. Une députée de la Guyane, Christiane Taubira, a dénoncé un système de caste. « Les leaders du collectif LKP ne sont pas des racistes anti-Blancs, selon elle. Ils exposent une réalité (...): une caste détient le pouvoir économique et en abuse. On frôle l'apartheid social». La députée n'a pourtant rien d'une gauchiste. Il faut dire qu'un octogénaire blanc, sûr de sa supériorité sur les colorés, s'est fendu de propos ouvertement racistes dans un documentaire diffusé par Canal . «Dans les familles métissées, les enfants sont de couleurs différentes, il n'y a pas d'harmonie. Moi, je ne trouve pas ça bien. Nous, on a voulu préserver la race», a dit le nommé Alain Huygues-Despointes en reprochant aux historiens de ne parler que «des aspects négatifs de l'esclavage et c'est regrettable». Propos sulfureux qui ont contraint le préfet, représentant de l'Etat, qui habitait chez ce personnage à déménager. Les propos racistes ont été dénoncés et ont suscité la colère dans les Antilles. Difficile de ne pas y voir un écho au fameux article de la loi française vantant les «bienfaits du colonialisme». L'article est supprimé, mais l'esprit reste bien présent. Il fait partie du climat qui suscite la révolte contre la Pwofitasyon. |
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