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Lutte contre la corruption et la drogue: Protection renforcée pour les lanceurs d'alerte

par M. Aziza

Les pouvoirs publics multiplient les efforts pour lutter contre le trafic des drogues et la toxicomanie qui touche de plus en plus de jeunes et d'adolescents.

La démarche adoptée est globale mêlant prévention, accompagnement et répression. Cela englobe les campagnes de sensibilisation, la prise en charge médicale et psychologique des toxicomanes, mais aussi le durcissement des peines contre les trafiquants.

C'est ce qu'a expliqué le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, en réponse aux questions orales des députés de l'Assemblée populaire nationale (APN), lors d'une plénière tenue jeudi dernier. M. Boudjemaa est revenu devant les parlementaires sur les dispositions de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue, mise en place conformément aux orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.

Et de rappeler que la loi adoptée dans ce cadre comprenait des dispositions aussi bien préventives que coercitives. Tout en précisant que « les peines contre les narcotrafiquants ont été durcies, notamment à travers l'activation des dispositions relatives à la réclusion à perpétuité et à la peine capitale». Et d'ajouter que « le débat sur les deux projets de décrets portant sur les modalités de dépistage de la drogue lors des concours de recrutement et en milieu scolaire se poursuit ».

Sur ce point précis le Syndicat algérien des laboratoires d'analyses médicales (SALAM) s'est déjà exprimé en se disant prêt à contribuer significativement dans ce plan de lutte mais en demandant d'apporter des éclaircissements et des précisions sur comment procéder.

La mobilisation de la société est cruciale

Le ministre de la Justice a salué, dans le même contexte, la conscience citoyenne et annoncé de nouvelles mesures pour protéger les lanceurs d'alerte. Et de préciser depuis l'APN que la dénonciation peut se faire par tout moyen (téléphone, écrit, ou même via les réseaux sociaux). En citant à titre d'exemple la récente affaire du criminel « Hicham El Wahrani ».

Le ministre a affirmé que son département valorise ces signalements, précisant que la justice les prend en considération à condition qu'ils soient objectifs et précis. Notamment, dans les affaires de corruption ou dans des affaires d'autres domaines tels que le trafic de drogue ou de contrebande.

Selon M. Boudjemaa, la loi prévoit des mesures de protection pour les lanceurs d'alerte, notamment dans les affaires de corruption, à travers des dispositions procédurales et non procédurales. Il explique que les mesures non procédurales comprennent la dissimulation des informations liées à l'identité du lanceur d'alerte, la mise à disposition d'un numéro de téléphone spécial, et parfois une protection physique rapprochée. Quant aux mesures procédurales, elles consistent à ne pas mentionner son identité dans les documents judiciaires, à utiliser un pseudonyme, à omettre son adresse réelle dans les dossiers, et à lui permettre de témoigner sous une identité protégée.

Une récompense financière pour les lanceurs d'alerte

Le ministre a fait état de la préparation d'un texte réglementaire visant à encourager les lanceurs d'alerte, notamment par l'octroi de récompenses financières dans les affaires de trafic de drogue. En ajoutant que dans les affaires de contrebande, le dénonciateur peut être exempté de poursuites judiciaires, voire bénéficier d'une réduction de peine s'il est impliqué dans l'affaire, à condition d'avoir signalé les faits avant le déclenchement de l'action publique.

L'Etat encourage ainsi la politique du signalement et renforce l'implication de l'ensemble des acteurs, notamment la société civile, dans la lutte contre la drogue. Tout en assurant la protection des lanceurs d'alerte.

Pour rappel, le ministre de l'Education nationale, Mohammed Seghir Sadaoui, avait annoncé la mise en place d'un numéro vert dans le cadre de la prévention de la consommation de drogue en milieu scolaire. Il avait appelé toutes les parties concernées à s'engager dans l'effort national visant à endiguer ce fléau. Et ce, lors du lancement de la caravane nationale de sensibilisation aux dangers de la drogue et des substances psychotropes en milieu scolaire, dimanche dernier.