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Sous le ciel immobile du désert,
là où le vent du Sahara emporte depuis des décennies les cris d'un peuple sans
patrie, le Conseil de sécurité de l'ONU vient de rendre un verdict qui n'a rien
d'universel. Ce n'est pas la justice qui a parlé, ni la voix des peuples
opprimés, mais celle, froide et calculatrice, des puissances qui marchandent
les destins.
Dans cette enceinte où les grandes nations prétendent veiller à la paix, on a troqué l'espérance des Sahraouis contre les dividendes d'une alliance obscène. On a vendu la légitimité d'un peuple pour le prix d'un rapprochement diplomatique, on a récompensé le Makhzen pour avoir tendu la main à l'entité sioniste comme si la trahison d'une cause pouvait devenir une monnaie d'échange dans les marchés de la géopolitique. Le désert n'oublie pas. Il garde en lui la mémoire des promesses trahies, des résolutions piétinées, des drapeaux qui ne se lèvent que dans le vent du silence. Et pendant que les chancelleries occidentales célèbrent un compromis qui n'en est pas un, des hommes, des femmes et des enfants continuent de vivre dans les camps, suspendus entre l'histoire et l'attente. Leurs voix n'atteignent pas les vitres teintées de New York. Leurs visages n'intéressent pas les caméras des grandes chaînes. Leurs souffrances ne se mesurent pas en barils, ni en contrats, ni en traités ni en lâcheté. Au Conseil de sécurité, désormais, ce ne sont plus les principes qui commandent, mais les profits. Ce ne sont plus les valeurs universelles, mais les intérêts particuliers. Ce ne sont plus les peuples, mais les puissants. Les États-Unis, en proposant un texte taillé sur mesure pour le Maroc, n'ont pas simplement tourné le dos au Droit international : ils ont humilié l'idée même de justice. Ils ont confondu la diplomatie avec le troc, et la paix avec la transaction. Leur proposition, dictée par le calcul et non par la conscience, récompense non pas le courage, mais la compromission ; non pas la vérité, mais la servitude. Et pourtant, au milieu de cette scène où l'honneur s'échange contre l'influence, une voix demeure droite, claire, intransigeante : celle de l'Algérie. Fidèle à son histoire, à ses martyrs, à sa culture de dignité et de solidarité, elle n'a pas fléchi. L'Algérie ne s'aligne pas sur les caprices des empires, elle s'aligne sur les principes des peuples. Elle n'a pas oublié qu'elle aussi, jadis, fut un peuple bâillonné, qu'elle aussi dut arracher son indépendance aux griffes du colonialisme. Sa position n'est pas un réflexe diplomatique, c'est un serment de mémoire. L'Algérie ne plaide pas pour le Sahara occidental par stratégie, mais par conviction. Elle voit dans chaque tente du camp de Tindouf, dans chaque regard d'enfant sahraoui, le reflet de son propre passé, celui d'une nation qui refusa l'humiliation et la soumission. Soutenir le peuple sahraoui, pour elle, ce n'est pas un choix politique : c'est un devoir moral, un prolongement de son identité, une fidélité à l'idée même de liberté. Le Sahara n'appartient à aucun roi, à aucun empire, à aucune puissance. Il appartient à ceux qui l'habitent, à ceux qui l'aiment, à ceux qui le portent dans leur cœur comme une patrie en exil. Et tant que le soleil se lèvera sur ses horizons brûlants, le peuple sahraoui continuera de croire, de résister, de vivre même dans l'ombre des résolutions trahies. Un jour viendra où les consciences se lèveront plus haut que les drapeaux. Où les principes auront plus de poids que les alliances. Où les puissants comprendront que la dignité d'un peuple ne se négocie pas. Ce jour-là, les Sahraouis ne demanderont pas la charité des nations, mais la reconnaissance de leur droit. Et l'Histoire, qui juge toujours à la lumière du temps, retiendra les noms de ceux qui ont vendu la justice et ceux qui, comme l'Algérie, l'ont défendue, seule mais debout. Dans ce monde où la morale chancelle sous le poids des marchés, l'Algérie reste une parole pure, un souffle debout au milieu des compromis. Elle dit non, avec une clarté qui tranche le silence : non à la colonisation déguisée sous les habits de la diplomatie, non à la servitude maquillée en partenariat, non à la trahison des peuples libres qu'on réduit au silence derrière les rideaux des conférences internationales. Et c'est dans ce refus, dans cette fidélité obstinée à la justice, que réside sa grandeur celle d'un pays qui n'a jamais oublié d'où il vient, ni pour qui il parle. Les vents du Sud porteront encore longtemps le murmure d'un peuple qui réclame simplement le droit d'exister, d'aimer, de choisir. Le Conseil de sécurité a tranché, mais c'est la raison d'État qui a parlé, non la raison du cœur. Ce n'est pas la justice qui s'est exprimée, mais la stratégie. Ce n'est pas la paix qu'on a servie, mais l'arrogance des puissants et des lâches. Si aujourd'hui le Makhzen célèbre bruyamment ce qu'il croit être le triomphe de sa politique, il le fait avec la conscience amère que cette victoire n'est qu'une illusion bâtie sur la lâcheté et le reniement. Car au fond de lui, il sait que ce pseudo-succès diplomatique n'est pas le fruit du courage ni de la légitimité, mais celui d'une capitulation morale : celle d'un pouvoir qui a troqué la fraternité d'un peuple frère pour les faveurs d'un occupant. Il sait qu'en trahissant la Cause sahraouie, il a aussi piétiné la Cause palestinienne - cette autre flamme de résistance que tout peuple digne porte en lui. En offrant sa main à l'entité sioniste, le Makhzen a peut-être gagné des sourires dans les salons occidentaux, mais il a perdu son âme dans le regard des peuples libres. Car on ne bâtit pas la gloire sur la trahison, ni la paix sur l'oubli de la justice. Et quand les drapeaux du mensonge retomberont, il ne restera de ce prétendu triomphe que le silence amer de la honte. |
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