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L'Algérie refuse de participer au vote: Un projet de résolution «en deçà des aspirations du peuple sahraoui»

par M. Mehdi

L'Algérie s'est abstenue, vendredi, de voter le projet de résolution portant renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO), estimant que ce nouveau texte, présenté par les Etats-Unis, était «en deçà des aspirations légitimes du peuple sahraoui», rapporte l'APS.

Le projet de résolution est «en deçà des attentes et des aspirations légitimes du peuple du Sahara occidental, représenté par le Front Polisario. Ce peuple qui, depuis plus de 50 ans, résiste pour avoir et, lui seul, son mot à dire sur son propre destin», a affirmé le représentant permanent auprès des Nations Unies, Amar Bendjama. «Mon pays n'a pas participé au vote sur ce projet de résolution (...) Par cette absence, et en toute responsabilité, l'Algérie a tenu à illustrer sa prise de distance avec un texte qui ne reflète pas fidèlement et qui ne reflète pas suffisamment la doctrine onusienne en matière de décolonisation», a-t-il expliqué.

«C'est la mise en œuvre de cette doctrine qui a permis à de nombreuses nations d'être représentées ici parmi nous, à l'Organisation des Nations unies. Faut-il rappeler cette évidence ?», a ajouté Bendjama, rappelant que c'est aux peuples «encore sous domination coloniale» que revient «la décision finale sur leur avenir». L'Algérie «s'est engagée de bonne foi, et avec un esprit constructif, dans la négociation du texte qui nous a été proposé», affirme encore M. Bendjama.

Il souligné que les améliorations apportées au projet initial rappellent «les paramètres fondamentaux d'une solution juste et durable au conflit du Sahara occidental», consacrent «le droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination» et «engagent (aussi) le Royaume du Maroc et le Front Polisario dans des négociations de bonne foi et sans conditions préalables, sous l'égide des Nations unies».

Malgré ces amendements, le texte «souffre encore d'insuffisances», a déploré le représentant de l'Algérie, pointant du doigt le cadre «étriqué de la négociation proposée, qui met en avant une option par rapport aux autres», empêchant «la créativité et la flexibilité nécessaires de se déployer pour faire aboutir un accord librement consenti en application de la doctrine de l'ONU en matière de décolonisation».

Autre insuffisance pointée par l'Algérie, Bendjama note que le projet de résolution «organise un déséquilibre entre les deux parties en conflit, mettant l'accent «seulement sur l'ambition territoriale de l'une et passant sous silence les aspirations de l'autre, en l'occurrence le peuple sahraoui qui revendique la liberté». «La preuve, ce texte ignore les propositions du Front Polisario, pourtant transmises tout récemment encore au Secrétaire général des Nations unies et au Conseil de sécurité», relève encore le diplomate algérien.

Bendjama estime qu'un «ultime effort» était tout aussi «nécessaire que déterminant», pour permettre «davantage de flexibilité, de créativité et de diplomatie» afin d'arriver à une «conclusion heureuse de la négociation de cette résolution».

Résultat, le texte qui a été adopté vendredi «suscite (...) des interrogations sérieuses et légitimes sur les fondements juridiques de ce cadre de négociation proposé pour le règlement du conflit du Sahara occidental», dit-il encore.

«Imaginez que ce cadre soit reproduit dans d'autres zones de conflits, en Europe, aux Amériques, en Asie et en Afrique. C'est alors l'un des piliers principaux de l'édifice même de l'ordre international qui s'en trouvera dangereusement fissuré», a mis en garde Bendjama, déplorant que «le porte-plume (Etats-Unis, ndlr), malgré tous ses efforts, n'ait pas pu vaincre les résistances, vous savez tous lesquelles, pour apporter les modifications nécessaires et rendre le texte acceptable pour tous».

Regrettant que «l'initiative du Président Trump d'apporter la paix et la détente dans notre région, initiative qui a suscité intérêt et espoir, ne puisse prendre son envol convenablement avec le soutien actif de toutes les parties prenantes», le représentant de l'Algérie considère que «cette résolution ne crée pas, pas encore, les conditions nécessaires pour sa réussite (...) où tout le monde est gagnant, (et) qui ne laisse ni vainqueur, ni vaincu».

L'unique démarche pour «solution juste et durable ne saurait jaillir que du respect du droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à disposer de lui-même», poursuit Bendjama. «C'est le seul gage d'une paix véritable et d'une stabilité durable dans notre région», dit-il encore, rappelant que l'Algérie «reste fidèle au principe du règlement pacifique des différends» et «aux objectifs et principes de la Charte des Nations unies».

Ferme attachement du peuple sahraoui à l'autodétermination

Dans une déclaration publiée à l'issue de l'adoption, vendredi, par le Conseil de sécurité de la résolution 2797, le Front Polisario a réaffirmé l'attachement ferme du peuple sahraoui à son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance, soulignant que le texte contient des éléments qui s'éloignent dangereusement des fondements adoptés par le Conseil dans le traitement de la question du Sahara occidental, conformément aux principes fondamentaux inscrits dans la Charte des Nations unies.

Pour le Front Polisario, la résolution violait le statut international du Sahara occidental en tant que territoire de décolonisation, compromettait les fondements du processus de paix parrainé par l'ONU au Sahara occidental et entravait les efforts du Secrétaire général de l'ONU et de son Envoyé personnel, rapporte l'APS.

«Le Front Polisario est le seul représentant légitime et la seule voix du peuple sahraoui, qui est descendu dans la rue ces jours-ci partout dans le monde pour manifester massivement, pour affirmer haut et fort son attachement indéfectible à son droit à l'autodétermination et à l'indépendance, et à la défense de ses droits et de sa souveraineté par tous les moyens légitimes», ajoute le communiqué.

Tout en réaffirmant sa volonté de participer de manière constructive au processus de paix parrainé par l'ONU au Sahara occidental, le Front Polisario a souligné qu'il ne sera partie prenante à aucun processus politique ni à aucune négociation fondée sur des «propositions» visant à «légitimer» l'occupation militaire marocaine illégale du Sahara occidental et à priver le peuple sahraoui de son droit inaliénable, non négociable et imprescriptible à l'autodétermination et à la souveraineté sur sa patrie, ajoute la même source.

Pour le Front Polisario «les approches unilatérales qui cherchent à sacrifier l'Etat de droit, la justice et la paix à des gains politiques à court terme ne feront qu'exacerber le conflit et compromettre la paix, la sécurité et la stabilité dans toute la région».