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Des importateurs accusent : « Le gouvernement agit par des moyens détournés pour bloquer les cargaisons »
par Sofiane M.
Au lendemain de la présentation par le ministre du Commerce du projet de
loi sur les opérations d'importation et d'exportation devant l'Assemblée
populaire nationale (APN), des opérateurs économiques du commerce extérieur
contre-attaquent en accusant vertement le gouvernement d'agir par des moyens
détournés pour bloquer leurs conteneurs. Les opérateurs du commerce extérieur
dénoncent une «entreprise de diabolisation des importateurs, accusés à tort et
à travers de tous les maux qui accablent l'économie nationale». Un importateur
en agroalimentaire va plus loin en pointant d'un doigt accusateur «la main de
certains chefs d'entreprises» dans l'élaboration de la fameuse liste noire des
produits interdits à l'importation. «A qui va profiter cette blacklist de
produits interdits à l'importation ? La réponse est simple: le seul point
commun dans cette liste est que les produits bloqués dans les ports sont
fabriqués par des opérateurs influents», lance cet importateur. Les opérateurs
économiques du commerce extérieur sont unanimes: le ministère du Commerce
recourt à des obstacles procéduraux consommant beaucoup de temps pour bloquer
les conteneurs dans les ports, dans le but de rendre les produits importés plus
chers et moins compétitifs et pousser les importateurs à suspendre leur
activité. «Les services chargés du contrôle du commerce extérieur n'ont
légalement aucun droit de bloquer les cargaisons dans les ports. Ils recourent
toutefois à des moyens détournés pour clouer les conteneurs dans les quais. Le
premier obstacle est les analyses physiologiques, bactériennes et
d'intoxication qui traînent souvent plusieurs jours. La deuxième entrave
procédurale, qui reste insurmontable pour nombreux opérateurs, est les enquêtes
économiques ou étude de fiabilité de l'opérateur. Il s'agit d'enquête relevant
de la sécurité nationale sur le blanchiment d'argent, le terrorisme, les fuites
de capitaux et la fraude fiscale. Le problème est que ces enquêtes ne sont pas
fixées par un délai légal. Il y a un recours abusif à ces enquêtes
exceptionnelles causant ainsi de grandes pertes aux importateurs. Après
l'expiration de la période de grâce de 21 jours, les importateurs doivent payer
les surestaries ou les indemnités que les affréteurs doivent payer aux
propriétaires des navires. Ces surestaries sont payées en devises par les
banques algériennes, à raison de 64 dollars par jour pour chaque conteneur. Les
importateurs payent ces surestaries en dinars, mais c'est l'Etat qui perd en
réalité de grandes sommes en devises au profit des sociétés étrangères»,
explique notre interlocuteur. Revenant sur l'entreprise de diabolisation des
importateurs, ce représentant des opérateurs du commerce extérieur précise:
«Les importateurs restent les seuls opérateurs économiques à payer rubis sur
ongle tous les droits de douane et les taxes. Les taxes douanières sont énormes
en Algérie. Elles représentent avec la TVA 52% du prix des biens importés».
Questionné sur la «blacklist» des produits interdits à l'importation, notre
source confie: «Il existe en fait deux listes noires, l'une se trouve au niveau
des banques qui ont reçu des directives pour interdire la domiciliation
bancaire pour l'importation de certains produits finis et l'autre a été
adressée aux inspections du Commerce dans les ports. Ces deux listes que nous
avons consultées ne sont signées par aucune autorité. Suite à nos
investigations, nous avons appris que la première liste aurait été adressée par
une association influente dans le secteur des affaires».
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