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Comment l'économie algérienne est vue par les USA

par Moncef Wafi

L'ambassade américaine, en Algérie, a-t-elle, une fois de plus, dépassé la ligne rouge ?

Christopher Wilken, responsable, par intérim, de la section commerciale de l'ambassade US, à Alger, et dans son «blog» publié sur le site de cette dernière, n'a pas manqué de rappeler, à l'Algérie, les règles commerciales qui devront être les siennes pour envoyer des signaux forts, en direction des investisseurs étrangers, surtout américains. Prenant à témoin le succès de la participation américaine, à la 48e édition de la Foire internationale d'Alger (FIA) et la signature de 6 accords de partenariat, par des entreprises agricoles algériennes et américaines, pour la création de sociétés mixtes, dans les domaines de la production laitière, de la pomme de terre et des cultures fourragères, Christopher Wilken ouvrira une parenthèse pour vanter les avantages de l'augmentation des investissements étrangers directs (IDE) des entreprises américaines, en Algérie, qui «apportera des bénéfices immédiats et à long terme pour nos deux économies», en prenant le Japon, en exemple. Il plaidera pour cette augmentation, qui permettra à l'Algérie «de compenser l'impact sur la balance des paiements de l'augmentation du déficit commercial, résultant de la chute des prix du pétrole». Un ton volontiers paternaliste et pédagogue qui tranche avec la véhémence du message qui énumère les griefs américains, retenus contre le climat actuel des affaires, en Algérie. Rappelant la peu glorieuse place de notre pays dans le rapport «Doing Business» de la Banque mondiale (147 sur 189 pays) concernant, justement, ce climat d'affaires dénoncé par Washington, il affirme que seules des mesures «concrètes» peuvent «augmenter l'intérêt commercial des entreprises américaines, en Algérie, l'investissement et les échanges commerciaux avec l'Algérie». Un conseil que beaucoup associeront à des menaces, à peine voilées, surtout si le document s'attaque, ouvertement, aux dernières décisions, controversées certes, prises par le gouvernement Sellal. M. Wilken évoquera, à ce propos, la mise en place « de façon soudaine, sans aucune période progressive de mise en œuvre», des dernières restrictions sur l'importation des véhicules suite à l'arrêté «Bouchouareb» ainsi que de certains produits alimentaires et pharmaceutiques. Des décisions, selon l'Américain, qui portent «atteinte à la prévisibilité du climat des affaires dont les investisseurs ont besoin pour prendre des décisions à long terme». Ne s'arrêtant pas sur ces constatations, il se fait, également, défenseur du consommateur local, ce qui est perçu comme une ingérence directe, dans les affaires internes de l'Algérie, en soulignant que ces mesures prises ainsi, dans la précipitation, lui portent préjudice «en réduisant la disponibilité des biens nécessaires sur le marché local, tels que les médicaments, ce qui entraîne une hausse des prix et réduit le pouvoir d'achat des salaires, par l'inflation». Quant aux griefs classiques occidentaux, ils se résument dans «les restrictions de placement, les interdictions d'importation» qui ont tendance à dissuader, principalement, «les entreprises américaines de venir investir en Algérie». Pour lui, les interdictions d'importation sont un message fort pour dissuader la communauté internationale, au commerce international, avec l'Algérie. La fameuse règle du 51/49, sur l'investissement, reste «un obstacle majeur à l'investissement étranger en Algérie», précisera-t-il encore.

Il conseille donc à l'Algérie de supprimer les barrières commerciales et d'investissement lui garantissant, dans ces cas-là, le soutien de son gouvernement pour diversifier l'Economie algérienne.