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Détenus algériens en Irak : Le forcing d'Alger

par Moncef Wafi

Quel sort est réservé aux ressortissants algériens détenus en Irak ? La question mérite d'être posée et les appréhensions les plus légitimes soulevées par leurs familles, du moment où même les services consulaires sur place n'ont, apparemment, pas de nouvelles des numéros d'écrou algériens.

Ce constat s'impose de lui-même, dans la mesure où le secrétaire d'Etat, chargé de la Communauté nationale à l'étranger, Belkacem Sahli, a déclaré, ce jeudi, qu'Alger avait reçu officiellement un engagement de Bagdad à recevoir une délégation consulaire algérienne pour s'enquérir de la situation des ressortissants algériens, détenus dans les prisons irakiennes. Cette déclaration a de quoi inquiéter puisqu'il faut comprendre, par là, et que jusqu'à aujourd'hui, on ignore le sort qu'il leur est réservé sinon les conditions d'incarcération qui leurs sont imposées. Les demandes algériennes s'articulent autour du droit de visite consulaire ainsi que l'obtention rapide des détails sur le déroulement des procédures judiciaires afin de s'assurer des normes applicables, censées garantir le droit de ces ressortissants, à une défense équitable.

L'Algérie, qui a un lourd passif avec l'Irak post-Saddam avec l'assassinat, en 2005, de deux de ses diplomates en poste alors à Bagdad, avait vivement réagi après l'exécution, en octobre dernier, dans la capitale irakienne, d'un de ses ressortissants, accusé de terrorisme. En novembre dernier, Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), lors de son passage à la Chaîne I, de la radio nationale, a affirmé que le procès n'avait pas été équitable. Toutefois, il a estimé que les sept autres Algériens, condamnés à la peine de mort, ne risquent plus rien « grâce à la diplomatie algérienne » et qu'ils étaient en contact avec lui, en sa qualité de président de la CNCPPDH. Pour ce qui est de la visite consulaire aux détenus algériens, M. Sahli a indiqué qu'elle sera suivie de celle de leurs familles, dès qu'un agenda soit programmé du côté irakien, soulignant que l'Algérie « attend cet accord pour que l'affaire soit réglée définitivement ». Un accord trouvé, lors de rencontres, entre des responsables algériens et irakiens, en marge des sommets économiques arabe et islamique, tenus récemment. Rappelons que l'ambassadeur d'Irak à Alger a été convoqué, en octobre 2012, au ministère des Affaires étrangères pour attirer, diplomatiquement, son attention sur le manque de coopération des autorités irakiennes concernées, sur la question des ressortissants algériens détenus en Irak. Cette actualité interpelle également sur le sort réservé aux centaines d'Algériens détenus dans les geôles arabes, plus particulièrement en Libye, au Maroc ou encore en Tunisie.