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Selon des sources proches du chef du gouvernement tunisien Hamadi
Jebali, c'est aujourd'hui samedi que celui-ci pourrait rendre publique la
composition du cabinet de technocrates indépendant de la classe politique dont
il veut doter le pays pour le sortir de la crise politique à laquelle il est
confronté faute d'entente entre les formations partisanes nationales. Une
annonce qui ne mettra pas forcément fin à l'imbroglio politique dans lequel la
Tunisie est plongée. Rien ne présage en effet que le gouvernement ainsi formé
par Hamadi Jebali obtiendra l'assentiment consensuel sans lequel il ne pourrait
être installé et se mettre au travail. Toute la semaine écoulée Jebali a
multiplié les contacts et consultations pour tenter d'obtenir l'aval et les
soutiens les plus larges à son initiative. Mais s'il est parvenu à engranger
ceux d'une partie de la société civile tunisienne, de partis laïcs et
d'organisations professionnelles, il n'a pu apparemment avoir les feux verts du
principal parti du pays l'islamiste Ennahda et du Congrès pour la République
(CPR) du président Moncef Marzouki. Pour faire pression sur ces deux
formations, Hamadi Jebali s'est entouré pour ses consultations d'un «comité des
sages» regroupant intellectuels, juristes et des représentants de l'aile
«modérée» d'Ennahda ainsi que le chef des forces armées Rachid Ammar.
Dans l'esprit du chef du gouvernement, cet aréopage de personnalités et les soutiens qui se sont déclarés en faveur de son initiative expriment le fait que celle-ci a trouvé un écho positif dans le pays que les deux formations qui se sont inscrites contre ne peuvent ignorer. De fait, Ennahda et le CPR ont infléchi quelque peu leur opposition initiale à l'initiative du chef du gouvernement en se déclarant favorables à la constitution d'un nouveau cabinet mais alliant dans sa composition politiques et technocrates. Hamadi Jebali ne peut sans se déjuger acquiescer à cette exigence des deux partis. Il se pourrait par conséquent qu'il renonce à faire l'annonce aujourd'hui du nouveau cabinet pour accentuer la pression sur Ennahda et le CPR qui n'ignorent pas que leur opposition à la formation de ce cabinet est mal perçue par l'opinion du pays et qu'en cas de persistance elle leur vaudra l'isolement politique et une perte d'influence sur la scène nationale. Les Tunisiens sont conscients que leur pays ne peut attendre trop longtemps le dénouement du conflit qui oppose leur chef du gouvernement aux forces politiques qui combattent son initiative, au risque de l'effondrement total et du saut dans l'inconnu pouvant en découler. Mais ils sont nombreux à estimer que Hamadi Jebali ne doit pas pour autant précipiter les événements surtout qu'il menace de donner sa démission si le cabinet qu'il annoncera n'obtient pas l'onction des formations qui ont rejeté sa constitution. Considération qui leur fait conseiller au chef du gouvernement de prendre encore un peu de temps et poursuivre les consultations engagées. En tout cas jusqu'à faire la démonstration qu'Ennahda et le CPR ne sont pas mus dans cette affaire par l'intérêt national et qu'ils s'en tiennent à préserver des «acquis» partisans remis en cause par son initiative de former un gouvernement indépendant. La Tunisie vit un moment crucial et la façon dont elle le traversera indiquera au monde entier si sa « révolution du jasmin» lui a donné les clefs ouvrant à une démocratie apaisée, ou qu'elle n'a été qu'un sursaut vite stoppé et vidé des revendications qui en ont été à l'origine. |
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