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Pêche : Les armateurs algériens à l'assaut de 243 tonnes de thon rouge

par Yazid Alilat

C'est au mois de mai prochain que la pêche au thon rouge de la Méditerranée sera ouverte, avec cette année l'engagement d'au moins cinq thoniers algériens bien préparés qui auront un lourd défi à relever: pêcher les 243 tonnes allouées à l'Algérie lors de la dernière réunion de la Cicta d'Agadir (Maroc) en décembre dernier, contre 138 T en 2012.

Bien évidemment, les prescriptions de la Commission internationale de la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta) sont strictes: ce nouveau quota alloué à l'Algérie après les péripéties de 2011 où elle s'est vu raboter de son quota initial de 680 T, sera pêché exclusivement par des Algériens, sans faire appel aux armateurs étrangers. Le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques a appelé les professionnels algériens de la pêche au thon rouge à se préparer pour la campagne 2013, prévue du 26 mai au 24 juin dans les eaux territoriales.

Selon la chargée de la commmunication au ministère, citée par l'APS, ?'les armateurs de thoniers (sont invités) à se manifester pour participer à la campagne de pêche au thon rouge, dont le quota algérien est fixé à 243 tonnes» pour 2013. Selon le ministère, qui a annoncé l'ouverture de la période de dépôt des dossiers pour l'obtention des permis de pêche pour les armateurs de thoniers du pavillon national, armés pour la pêche au thon, la période de réception des dossiers durera jusqu'au 26 février 2013. Ainsi, les armateurs intéressés doivent préciser dans leur demande la nature de la pêche ciblée (thon mort / vivant), les caractéristiques techniques des navires et des engins de pêche, ainsi que les procès-verbaux de visites d'inspection supplémentaires attestant l'aptitude à la navigation des embarcations et la conformité des moyens utilisés. Le ministère de la Pêche invite par ailleurs les armateurs à mettre à niveau leurs équipements aux spécifications techniques «minimales» établies et définies par la réglementation.

Apparemment, cette fois-ci le ministère de la Pêche prend le dossier au sérieux: il a organisé une journée d'information et de sensibilisation pour expliquer aux professionnels de la pêche au thon les procédures et la réglementation à suivre. Visiblement, les responsables du ministère, pris de court lors de la fameuse réunion de 2010 de Paris qui avait fait en son temps grand bruit, l'Algérie n'ayant pas participé à cette rencontre, ne veulent plus commettre les mêmes erreurs. En sensibilisant notamment les professionnels de la pêche au thon à se conformer particulièrement aux exigences draconiennes de la Cicta en matière de respect des critères techniques pour ce type de pêche, réglementée pour éviter une saturation des stocks. Et c'est à Séville, en Andalousie, lors d'une réunion technique de la Cicta, prévue du 18 au 21 février, que les experts algériens, tout comme leurs homologues des pays membres de la Commission, présenteront leurs plans de pêche afin de vérifier leurs conformités aux dispositions de l'organisation. Lors de la campagne 2012, sur un quota «aminci» de 138 T, l'Algérie n'a pêché finalement que 69 T, selon un responsable du ministère.

LES RAISONS D'UNE COUPE DRASTIQUE

La Cicta avait réduit le quota de l'Algérie de 680 tonnes à 138 tonnes en 2010 pour son incapacité à pêcher la totalité du quota attribué pour la campagne de pêche de 2009. Avant 2010, l'Algérie faisait appel aux thoniers étrangers pour pêcher son quota, notamment des armateurs japonais et turcs. En mai 2010, revirement dans la position du ministère algérien de la Pêche qui décide de réserver exclusivement la pêche au thon rouge de Méditerranée aux seuls armateurs nationaux dans les eaux sous juridiction algérienne. Cette décision obéissait en fait à une injonction de la Cicta aux pays concernés de n'utiliser que les moyens ?'nationaux''. Une décision catastrophique pour l'Algérie, car elle n'avait pas les moyens, c'est à dire une flottille et des professionnels capables de pêcher le quota de thon alloué par la Cicta. La vérité veut que la flottille de pêche au thon ?'nationale'' n'a pas les caractéristiques des grands thoniers français, italiens ou espagnols: de simples espadoniers ou des chalutiers ont été armés pour cette pêche qui exige un gros matériel, des moyens de communication au ?'top'' de la technologie et un professionnalisme à toute épreuve. C'est ce qui a laissé ainsi l'Algérie incapable de pêcher son quota.

Fatalement, en 2011, les armateurs nationaux n'ont réalisé que 69 sur les 138 tonnes qui lui ont été allouées pour cette campagne. Mais, les choses ont été revues à la réunion d'Agadir de la Cicta, et l'Algérie a réussi à obtenir une hausse de son quota pour 2013 de cinq tonnes, en plus d'une allocation supplémentaire de 100 tonnes comme indemnisation du ?'tort'' causé en 2010 par la décision de la Cicta d'opérer une coupe drastique dans son quota, qui est passé de 680 T à 138 T, une décision qui avait été prise à la réunion de la Commission à Paris en 2011, et qui avait redistribué le gros du quota algérien de thonidés à d'autres pays membres, dont le Maroc et l'Egypte. Enjeu de cette campagne 2013: pêcher le quota attribué et récupérer l'ensemble du quota national d'avant 2011. Et permettre aux Algériens d'en voir quelques bouts sur leurs assiettes, car l'ensemble des captures ira vers les marchés du poisson nippons.