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BENI SAF : L'érosion menace la plage du Puits

par Mohamed Bensafi

Béni Saf s'est toujours rendue célèbre par son port de pêche, son poisson mais aussi par la beauté de ses plages au sable d'or. Plus encore, la particularité de cette ville, elle dispose d'une plage - la plage du Puits - en plein centre-ville. On peut s'y baigner H24. Mais ça n'a échappé à personne, et érosion faisant, cette plage se rétrécit comme peau de chagrin. Plutôt, c'est la mer qui avance, chaque année plus, réduisant l'espace de la plage et menaçant plus que jamais les habitations. Chaque année, la plage perd plusieurs centimètres, chaque année, la menace avance et chaque année, des voix s'élèvent. Et pour les riverains, les dernières intempéries furent la goutte qui a fait déborder le vase. Dans une pétition, datée du 31 janvier dernier et dont LQO a été rendu destinataire d'une copie, une cinquantaine d'habitants de la plage du Puits interpellent le premier magistrat du pays pour instruire les responsables concernés de prendre les mesures nécessaires pour, citent-ils, sauvegarder le site écologique et son littoral. Dans cette correspondance, les pétitionnaires pointent le doigt sur ceux qui exploitent le dragage du port. Ils estiment que, depuis la nuit des temps, le sable retiré du bassin ou de l'entrée du port a été toujours «rendu» à la mer, c'est-à-dire largué dans le large. Aujourd'hui les choses ont changé, le sable raclé est tout simplement commercialisé. Sait-on ou pas utiliser ce sable tout chargé de sels minéraux ? Ça, c'est une autre paire de manches ! Nécessairement, il doit faire l'objet de traitement avant son utilisation dans le béton armé. D'un autre côté, ce sable provenant du phénomène de l'ensablement naturel, fort de 40.000 m3/an, alimentait inexorablement la plage, plus maintenant ! La configuration ou plutôt le système aérostatique du bassin ne serait plus le même. Des corridors, qui permettaient l'écoulement de l'ensablement naturel vers la plage du Puits et au bassin de «s'oxygéner», n'existeraient plus. Faute de sable, la partie Est de la plage s'est effacée. Les riverains sont très inquiets. «Si rien n'est fait, on va vers des catastrophes». Le constat est sans appel, la plage est en train de disparaître. D'ici quelques années, la mer va «avaler» tout le sable. L'érosion côtière va d'abord avoir des conséquences énormes sur l'activité touristique de la plage du Puits puis sur les habitations. Le réchauffement climatique, par conséquent l'élévation des eaux, et les tempêtes, restent des facteurs principaux de l'érosion des plages. Mais il faudrait reconnaître que, de manière inconsciente, l'homme a construit des stations balnéaires et autres complexes immobiliers un peu partout et non loin du rivage. Toutes ces activités accélèrent l'érosion des plages. Que faire et comment faire pour freiner ce phénomène d'érosion, toute la question est là ! Pour un connaisseur, il faudrait initier un programme d'adaptation aux changements climatiques pour la protection des zones les plus vulnérables. Si évidemment le réchauffement climatique en cours ne va pas améliorer les choses, il faudrait tout de même commencer par appliquer sérieusement et correctement la loi qui interdit les constructions à moins de 100 m du rivage. L'autre manière est de faire un apport régulier en sable. Tout simplement d'arrêter de «jeter» le sable hors de l'eau.