
Béni Saf s'est
toujours rendue célèbre par son port de pêche, son poisson mais aussi par la
beauté de ses plages au sable d'or. Plus encore, la particularité de cette
ville, elle dispose d'une plage - la plage du Puits - en plein centre-ville. On
peut s'y baigner H24. Mais ça n'a échappé à personne, et érosion faisant, cette
plage se rétrécit comme peau de chagrin. Plutôt, c'est la mer qui avance,
chaque année plus, réduisant l'espace de la plage et menaçant plus que jamais
les habitations. Chaque année, la plage perd plusieurs centimètres, chaque
année, la menace avance et chaque année, des voix s'élèvent. Et pour les
riverains, les dernières intempéries furent la goutte qui a fait déborder le
vase. Dans une pétition, datée du 31 janvier dernier et dont LQO a été rendu
destinataire d'une copie, une cinquantaine d'habitants de la plage du Puits
interpellent le premier magistrat du pays pour instruire les responsables
concernés de prendre les mesures nécessaires pour, citent-ils, sauvegarder le
site écologique et son littoral. Dans cette correspondance, les pétitionnaires
pointent le doigt sur ceux qui exploitent le dragage du port. Ils estiment que,
depuis la nuit des temps, le sable retiré du bassin ou de l'entrée du port a
été toujours «rendu» à la mer, c'est-à-dire largué dans le large. Aujourd'hui
les choses ont changé, le sable raclé est tout simplement commercialisé.
Sait-on ou pas utiliser ce sable tout chargé de sels minéraux ? Ça, c'est une
autre paire de manches ! Nécessairement, il doit faire l'objet de traitement
avant son utilisation dans le béton armé. D'un autre côté, ce sable provenant
du phénomène de l'ensablement naturel, fort de 40.000 m3/an, alimentait
inexorablement la plage, plus maintenant ! La configuration ou plutôt le
système aérostatique du bassin ne serait plus le même. Des corridors, qui
permettaient l'écoulement de l'ensablement naturel vers la plage du Puits et au
bassin de «s'oxygéner», n'existeraient plus. Faute de sable, la partie Est de
la plage s'est effacée. Les riverains sont très inquiets. «Si rien n'est fait,
on va vers des catastrophes». Le constat est sans appel, la plage est en train
de disparaître. D'ici quelques années, la mer va «avaler» tout le sable.
L'érosion côtière va d'abord avoir des conséquences énormes sur l'activité
touristique de la plage du Puits puis sur les habitations. Le réchauffement
climatique, par conséquent l'élévation des eaux, et les tempêtes, restent des
facteurs principaux de l'érosion des plages. Mais il faudrait reconnaître que,
de manière inconsciente, l'homme a construit des stations balnéaires et autres
complexes immobiliers un peu partout et non loin du rivage. Toutes ces
activités accélèrent l'érosion des plages. Que faire et comment faire pour
freiner ce phénomène d'érosion, toute la question est là ! Pour un connaisseur,
il faudrait initier un programme d'adaptation aux changements climatiques pour
la protection des zones les plus vulnérables. Si évidemment le réchauffement
climatique en cours ne va pas améliorer les choses, il faudrait tout de même
commencer par appliquer sérieusement et correctement la loi qui interdit les
constructions à moins de 100 m du rivage. L'autre manière est de faire un
apport régulier en sable. Tout simplement d'arrêter de «jeter» le sable hors de
l'eau.