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Face à l'évolution de l'insécurité routière que faire ?
par Brahim Lakhlef* Les
données statistiques nationales et internationales sur les accidents routiers
classent les routes algériennes parmi les plus meurtrières au monde.
Les données fournies par l'organisation mondiale de la santé, sur le nombre de morts pour 100.000 habitants par pays pour l'année 2021 vont nous permettre de comparer le niveau des routes algériennes avec celui des pays qui possèdent une bonne sécurité routière pour tirer les leçons et voir dans quelle mesure notre pays peut s'inspirer des démarches retenues et appliquées par ces pays et dont les résultats sont intéressants. Le nombre de morts dans les accidents routiers pour 100.000 habitants est de 18.3pour l'Algérie, Egypte : 9.4, la Belgique : 4.6, l'Espagne : 3.5, Royaume-Uni : 2.4, Allemagne 2.2, Suède 2.1.En d'autres termes, le taux de mortalité dans les routes algérienneest huit fois supérieur aux taux enregistrés par des pays comme l'Allemagne et la Suède. Ces comparaisons nous confirment l'ampleur du désastre causé par nos routes et l'inefficacité des mesures retenues et appliquées à ce jour. En Europe, bien que le réseau routier ait été multiplié durant des décennies par 3.4 et que le volume du parc véhicule connaît une évolution continue, le taux de mortalité suit une tendance à la baisse depuis des années. En 2024, les routes algériennes ont enregistré 3.740 morts et 35.556 blessés.L'évolution entre 2023 et 2024 est de 15%. L'Allemagne enregistre un taux de 3 % durant la même période...Les premiers mois de l'année 2025 enregistrent 2.618 morts en 8 mois ce qui donne une prévision de fin d'année de 3.927,soit un taux d'évolution par rapport à 2024 de 5%. Durant la période estivale, le nombre d'accidents augmente. En 2024 durant un mois et demi, il y a eu188 morts et plus de 10.000 blessés. L'Allemagne, aves 84 millions d'habitants et plus de 49 millions de véhicules enregistre un nombre de morts inférieurs à celui de l'Algérie qui a 42 millions d'habitants et environ 7.7 millions de véhicules. Les causes sont multiples et relèvent aussi bien de l'individu que de la formation, de l'éducation, des insuffisances de la réglementation, de la qualité des infrastructures et de la gestion quotidienne du trafic routier. La vitesse, le non-respect du code la route, le refus du port de casques pour les motocyclistes et de l'utilisation de la ceinture de sécurité, sont les principales causes des accidents. L'erreur humaine est la cause de plus de 90 % des accidents mortels. Il est inconcevable que des fêtes algériennes, la victoire de l'équipe nationale, les mariages, les départs ou retours des pèlerins, se transforment en deuil par la faute et l'irresponsabilité de quelques chauffards qui font passer leur joie démesurée et imbécile avant la sécurité et la vie des citoyens, voire de leur propre vie. Les données statistiques de cette année confirment malheureusement ce constat. Ces chiffres effarants nous contraignent à réagir età essayer de rechercher les solutions possibles tirées des expériences de pays qui ont pu maîtriser cette situation catastrophique, pénibles pour de nombreuses familles et coûteuse aussi bien sur le plan humain que sur le plan financier. Les accidents de la route coûtent cher à la collectivité, de 3 à 5 % du PIB. Les accidents sont la cause première de la mortalité des jeunes de moins de 29 ans. Quelle faire face à cette hécatombe quelle démarche suivre ? La gravité de la situation et ses conséquences négatives aussi bien, sur le citoyen que sur l'ensemble de la collectivité a contraint des organisations internationales et une majorité de pays à retenir des programmes visant la réduction du nombre d'accidents routiers. En plus de la modernisation des infrastructures, l'application d'une réglementation claire et efficace, la formation des conducteurs, une réglementation spécifique aux poids lourds et aux véhicules de transport, il est utile de connaître les principes fondamentaux qui ont conduit à la réussite des politiques retenues par les pays qui connaissent les taux les plus bas dans la mortalité routière les plus bas. La démarche allemande se caractérise par l'application du principe : zéro tolérance, le respect de la réglementation est strict et sans concession. On ne tolère aucune négligence. Celle du Royaume-Uni s'appuie sur une présence permanente d'agents de sécurité routière sur l'ensemble du réseau routieret le recours aux techniques de surveillance des plus sophistiquées. En Suède, l'éducation,le comportement des conducteurs et une réglementation très stricte sont des caractéristiques fondamentales. Chaque pays a retenu et appliqué des mesures adaptées à son environnement propre en favorisant la sensibilisation et la formation. Les mesures concernent, notamment la modernisation du réseau routier, la formation des conducteurs, la sensibilisation permanente en s'appuyant sur la presse et en particulier la télévision, l'école et la mosquée, l'utilisation des techniques les plus modernes pour surveiller le réseau routier. Il convient de faire un diagnostic objectif chiffré et prendre les mesures les plus adaptées à la nature des causes et au contexte algérien. Mais une chose est certaine, la sensibilisation, la formation, la responsabilisation, la tolérance zéro et la qualité des infrastructures demeurent des solutions incontournables. *Economiste -Source des données statistiques : Banque- mondiale, organisation mondiale de la santé, et la presse algérienne. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||