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Comment la reconnaissance de l'État palestinien par des pays d'Europe est en train de débloquer les guerres à Gaza et bientôt en Ukraine ?

par Medjdoub Hamed

La guerre, pourquoi la guerre ? La guerre existe depuis la nuit des temps ; une facette de la nature humaine ? Dans le sens même de l'humain, on peut se demander pourquoi le mal, et la guerre est un mal qui plonge les peuples dans les pires souffrances. Mais, est-ce la faute aux hommes s'ils se font la guerre ?

Puisqu'elle fait partie de la nature humaine, forcément ce n'est pas la faute aux hommes, mais aux relations difficiles que les hommes et peuples entretiennent entre eux ; ces relations relèvent de ce qu'ils sont dans le sens qu'ils sont rivaux par nature et cela fait partie de leur histoire. Bien plus, on peut même dire que la guerre a permis de structurer le monde ; en effet, en permettant d'éclore des nations, et toujours de nations plus structurées, l'histoire de l'humanité montre que la guerre, tout comme elle est dans la nature humaine, l'est aussi par nature dans la marche de l'humanité dans l'histoire.

Cependant, au fur et à mesure que l'humanité se structure solidement en nations souveraines dans le sens qu'elles se stabilisent et que les conflits ethniques, au sein de ces nations, se règlent et disparaissent permettant un vivre-ensemble naturel, le recours à la guerre se fait de plus en plus rare, voire même disparaît ne laissant que des relations économiques et commerciales entre nations. Ne restent que les conflits anciens ou latents comme ceux qui se déroulent aujourd'hui, en particulier la guerre en Ukraine que l'on considère comme un conflit latent qui a éclaté en 2022, et la guerre à Gaza qui est un conflit ancien datant depuis 77 ans, et n'est toujours pas réglé.

Les guerres, un paradoxe ou une « nécessité de l'histoire » ? Et jusqu'à quand les guerres lorsque l'on sait qu'aujourd'hui, partout dans le monde, il n'y a pas de guerre sauf en Afrique et ça diminue, la guerre en Ukraine, une exception en Europe, relevant d'un litige non réglé datant de la fin de l'Union soviétique en 1991. En revanche, la guerre au Moyen-Orient, en Iran, en Irak, en Afghanistan ont fait rage depuis les années 1980 jusqu'aux deux premières décennies du XXIe siècle. Avec l'irruption du Printemps arabe, en 2011, c'est le tour de la Syrie, de la Lybie, le Yémen...

L'Algérie a été frappée par la « décennie noire » des années 1990, ce qui l'a sauvé du Printemps arabe ; elle s'était déjà « auto-vaccinée » par la crise islamiste ; les islamistes ont voulu prendre le pouvoir par la force oubliant que l'Algérie est sortie de la colonisation française qui a duré 132 ans, par une guerre féroce et inégale qui a duré sept ans et demi, et fait plus d'un million de martyrs. Et que le peuple algérien est toujours fidèle à ses martyrs ; et cela ne peut être autrement.

Aucun peuple ne peut oublier ses racines, son histoire ; et c'est ce qui fait la richesse des peuples dans la diversité, des nations. Et ce trait humain est universel ; il concerne tous les peuples de la Terre ; ces peuples ne se sont pas créés par eux-mêmes, ils ont été créés pour ce qu'ils devaient devenir, en passant par des épreuves, et sans épreuves, il ne pourrait y avoir de peuples et d'humanité. Et comme on l'a énoncé supra : « L'histoire de l'humanité n'est pas le cours d'un fleuve tranquille, mais un fleuve agité et ce sont ces agitations et les calmes qui suivent qui font avancer l'humanité et lui donnent sens dans la marche du monde. »

Prenons le conflit israélo-palestinien qui a d'abord été un conflit israélo-arabe où quatre guerres se sont succédé entre 1948 et 1973, puis s'est transformé en conflit israélo-palestinien depuis les accords d'Oslo, dans les années 1990. Évidemment, on peut se poser pourquoi ces guerres qui n'ont pas cessé au Proche et au Moyen-Orient. La réponse vient de la présence des plus grands gisements de pétrole, faisant de cette région centrale du monde la plus convoitée par les grandes puissances. Et on comprend toutes les guerres qui s'y jouent dans ce monde essentiellement musulman et au sein duquel Israël veut s'imposer en nation dominante. Et les États-Unis qui ont l'emprise sur cette région centrale du monde ont un allié de poids en Israël.

Cette alliance États-Unis-Israël relève historiquement parlant d'un processus évolutif dans la marche de l'histoire. Ce qui signifie que cette alliance devait être scellée comme la colonisation passée du monde par l'Occident ; et tout a une fin ; les multitudes de guerres menées par Israël sont en train de rétrécir le champ de ses victoires passées. Avant, Israël avec le soutien massif des États-Unis combattaient des armées arabes au point qu'Israël les mettaient en échec. En 1948, 1956, 1967, mais en 1973, avec l'attaque égyptienne, qui avait percé la ligne Bar-lev jugée infranchissable, a remis en cause la suprématie Israël-États-Unis ; cette même année, les États-Unis mirent fin à leur intervention au Vietnam. Le double recul au Vietnam et en Égypte a poussé les États-Unis et Israël à négocier avec l'Égypte la fin de la guerre, et la paix en échange du retour du Sinaï à l'Égypte.

Et il y a eu une concordance de deux guerres au Vietnam et en Égypte qui ont amené le protecteur d'Israël, c'est-à-dire les États-Unis, à négocier avec l'Égypte pour le retour à la paix et la normalisation avec Israël. Évidemment, cette sortie de l'Égypte du front arabe a été sentie comme un vide pour les pays arabe ; elle a provoqué la naissance du « front de fermeté arabe ».

Mais ce qui a suivi pour Israël après 1973, ce sont les multitudes de guerres qu'il a menées au Liban, lors de la guerre civile libanaise (1975) dès les années 1980, puis avec le Hamas, après 2007 ; et les conflits armés qui n'ont pas cessé ne se sont joués plus contre les pays arabes mais contre des groupes paramilitaires islamistes très motivés dans la résistance contre l'occupation israélienne. Et le plus étonnant, alors que les États-Unis menaient les accords d'Abraham, en 2020, et des traités de paix liaient Israël à des pays arabes dont les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc, et cette normalisation avec Israël est ouverte à tous les autres pays de la région, survient un événement qui change le cours de l'histoire. En effet, l'histoire étonne ; le 7 octobre 2023, une opération militaire menée par le Hamas est lancée contre Israël, elle fait basculer la région dans la guerre. S'ensuit une guerre atroce pour le peuple palestinien de Gaza. La guerre est menée surtout contre la population de Gaza, les forces du Hamas ne combattent pas de face ; une guerre asymétrique qui amène Israël à détruire systématiquement toutes les villes de Gaza, causant des dizaines de milliers de morts et de blessés ; de plus, Israël utilise la famine comme arme de guerre.

Pratiquement deux ans de guerre à Gaza, la situation est toujours bloquée. Israël, cherchant à défaire le Hamas, lance offensive sur offensive, mais n'y arrive pas. Le nouveau président américain Donald Trump donne carte blanche à Israël pour détruire le Hamas. Malgré les armements massifs américains livrés à Israël, les bombardements, les déplacements incessants de la population, la guerre qui dure, rien n'y fit, Israël n'arrive pas à atteindre ses objectifs.

Une situation qui a révulsé le monde ; le monde entier était conscient qu'Israël menait des crimes de guerre, d'épuration ethnique, de génocide qui a été dénoncé mondialement. D'où va venir l'événement qui mettra fin à cette situation inhumaine, situation qui fait honte aux grandes puissances, aux dirigeants du monde qui assistent sans réagir parce que les États-Unis opposent leur veto à chaque projet de résolution pour mettre fin à la guerre à Gaza. Le dernier, le 18 septembre 2025, au Conseil de sécurité de l'ONU.

« Les États-Unis ont une nouvelle fois bloqué, jeudi 18 septembre, l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'un texte réclamant un cessez-le-feu et l'accès humanitaire à Gaza, provoquant la colère d'États membres qui ne veulent pas renoncer à peser sur ce dossier malgré les veto américains répétés. » (France 24)

La réponse viendra des dirigeants des pays d'Europe à influer par leur poids sur la guerre génocidaire que mène Israël contre le peuple palestinien de Gaza. Et c'est ce qui s'est opéré trois jours après la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur le « texte réclamant un cessez-le-feu et l'accès humanitaire à Gaza »

Le 21 septembre 2025, les gouvernements canadien, australien, portugais et britannique ont annoncé reconnaître officiellement l'État palestinien ce dimanche 21 septembre. Ces chefs de gouvernement affirment vouloir relancer la solution à deux États, menacée par les opérations de l'armée israélienne à Gaza.

Le 22 septembre 2022, c'est le tour de sept pays européens de reconnaître l'État de Palestine. Ces sept pays européens sont : la France, la Belgique, le Luxembourg, Malte, Andorre, Monaco et Saint-Marin.

Et parmi ces pays d'Europe, trois font partie du G7 : France, Royaume-Uni et Canada. Les conséquences sont immédiates ; une semaine après, le 29 septembre 2025, le président américain Donald Trump dévoile son plan de cessez-le-feu à Gaza en 20 points. Que peut-on dire de l'action du président américain Donald Trump qui a opéré un virage à 180° par rapport à ce qu'il affirmait sur la guerre à Gaza, accordant son soutien total à Israël ?

La seule réponse qui ressort, c'est que Donald Trump s'est trouvé isolé avec Israël par son propre camp. La seule riposte pour lui pour continuer de s'imposer sur le conflit, en tant que président de la première puissance du monde, c'est de proposer un plan de fin de guerre en l'imposant à Israël qui refuse de mettre fin à la guerre jusqu'à ce que le que le Hamas rende les armes.

Et justement le plan de Donald Trump de cessez-le-feu en 20 points inclut le désarmement du Hamas mais ne précise pas comment ; mais l'essentiel est que la guerre s'arrête ; et la guerre s'est arrêtée malgré les multiples violations par Israël qui, comme le reconnaissent les émissaires de Trump tant Steve Witkoff que le vice-président américain J. D. Vance, ont été prévisibles.

France24, sur l'article du 21/10 /2025, « Cessez-le-feu à Gaza : en Israël, JD Vance se dit « très optimiste », on lit :

« Moyen-Orient. Le vice-président américain, JD Vance, s'est dit « très optimiste » sur le maintien du cessez-le-feu à Gaza, lors d'une visite mardi chez son allié israélien, sur fond de pressions maximales sur le Hamas.

En Israël où il s'est rendu pour accentuer les efforts diplomatiques afin de consolider le cessez-le-feu à Gaza – fragilisé par des violences et le retard dans la restitution des otages –, le vice-président américain, JD Vance, s'est dit « très optimiste » sur le maintien du cessez-le-feu, assurant plus tard que les États-Unis n'enverraient pas de troupes à Gaza. Ce qu'on a vu durant la semaine écoulée me rend très optimiste sur le fait que le cessez-le-feu » en vigueur depuis le 10 octobre entre Israël et le Hamas « va durer », a-t-il déclaré depuis KiryatGat dans le sud d'Israël, lors d'une conférence de presse tenue en présence de l'émissaire américain Steve Witkoff et du gendre du président américain, Jared Kushner.

« Chaque fois qu'il y a un acte de violence, il y a cette tendance à dire : ‘oh, c'est la fin du cessez-le-feu, c'est la fin du plan de paix'. Ce n'est pas la fin », a-t-il ajouté.

Aux termes de l'accord, le Hamas a libéré au 13 octobre les 20 otages vivants qu'il détenait depuis son attaque du 7-Octobre. Il devait aussi rendre à cette date tous les corps d'otages, mais il n'en a restitué que 13 arguant de difficultés pour trouver les dépouilles dans le territoire dévasté.

Le mouvement islamiste a annoncé son intention de rendre à 18 h GMT les dépouilles de deux autres otages sur les 15 qu'il retient encore. Avant JD Vance, le président américain, Donald Trump, a assuré que ses alliés au Moyen-Orient et autour étaient prêts à « entrer à Gaza en force et ‘corriger' le Hamas s'il continuait à mal se conduire, en violation de l'accord ». »

Donald Trump sait qu'il doit absolument rester sur son plan, et maintenir le cessez-le-feu ; ses alliés européens ont donné sans équivoque leur réponse : « par la reconnaissance de l'État palestinien qu'Israël ne veut pas, ils exigent la paix et qu'Israël mette fin à ses crimes de masse qui sont condamnés par l'ensemble des pays du monde. En clair, les pays d'Europe qui sont alliés à l'État israélien, en reconnaissant l'État palestinien, ne veulent pas apparaître « complices des crimes de guerre par Israël ». Tel était le message des pays d'Europe dans la reconnaissance de l'État palestinien.

Et les dirigeants européens savent que la guerre qui s'éternise à Gaza ne mène nulle part sinon à augmenter inutilement la souffrance d'un peuple et sans victoire. Et Israël et les États-Unis qui le soutiennent en armements et donc faisant partie de la guerre ne seront que plus condamnés par l'opinion internationale.

Une voie de guerre qui n'a plus de sens. Et le plus positif dans ce retournement du cours des événements, c'est que ce qui s'est passé ces derniers jours en Israël, en Égypte pour mettre fin à la guerre à Gaza, est en train d'influer sur le cours de la guerre en Ukraine. Une forte ressemblance lie les deux guerres ; elle porte sur le blocage de la résolution du conflit ; les deux camps en guerre, à Gaza comme en Ukraine, campent sur leurs positions ; et les guerres se prolongent et toujours pas d'issue ; et donc l'enlisement et l'usure.

Précisément, l'événement de la reconnaissance de l'État palestinien par plusieurs pays d'Europe, lors de l'Assemblée des Nations Unis, en septembre 2025, a débloqué la situation. Le même plan de Trump en plusieurs points est proposé pour mettre fin à la guerre en Ukraine ; les tractations sont en cours entre les États-Unis, l'Ukraine, la Russie et l'Union européenne ; il y a beaucoup d'espoir que la guerre en Ukraine suive la même voie que la guerre à Gaza.