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![]() ![]() ![]() ![]() Les discours
tenus en Occident en général et en France en particulier, bien qu'ayant des
approches différentes, utilisent le même amalgame fondamental et des procédures
rhétoriques similaires.
Le premier amalgame est l'assimilation Antisionisme = Antisémitisme, cœur de tous ces discours. L'antisionisme combat une politique discriminatoire. L'antisémitisme est une notion créée en 1880 par Wilhelm Marr pour qualifier le discours antijuif. Les deux sont fondamentalement différentes. L'antisémitisme est devenu une idéologie raciste qui hait les Juifs comme groupe ethnico-religieux, indépendamment de leurs actions ou de l'existence de l'entité sioniste. Au contraire, l'antisionisme est une simple opinion politique qui critique le sionisme comme projet politique (État-nation juif), notamment sous sa forme discriminatoire actuelle et/ou les politiques spécifiques de cette entité. En Occident, la critique de l'entité est nécessairement La haine des Juifs. La confusion permet de discréditer toute opposition politique qualifiée de racisme, pour diaboliser l'autre et pour fonder de pseudo théories : Complot, Grand Remplacement. En France, il y a un ennemi unique et omnipotent, la «petite bourgeoisie intellectuelle», LFI et Jean-Luc Mélenchon en particulier, dépeints comme les architectes d'une stratégie machiavélique délibérée pour répandre l'antisémitisme en la liant à des termes spécifiques : «inoculer», «bréviaire lénino-trotskiste», etc. et autres termes liés à la théorie du complot. La droite utilise un langage incendiaire et déshumanisant, comme «nazifier», «vermine», «exterminer la figure du Mal». Son but est de créer une peur viscérale et d'empêcher toute discussion rationnelle sur les crimes sionistes en particulier. En outre, le discours qui utilise cet amalgame et des rhétoriques similaires fait des généralisations abusives et essentialise et généralise sa cible : les «musulmans», en affirmant que l'antisémitisme est «inscrit dans l'histoire et dans la culture» des «immigrés» et/ou des «français musulmans». L'assertion est raciste, ignorant la diversité des croyances et des opinions au sein même de cette communauté. Des musulmans ont récemment chanté au président de l'entité sioniste. La généralisation vise aussi «la gauche historique» associée à l'antisémitisme par l'évocation du passé soviétique, afin d'accuser la gauche actuelle (LFI) de perpétuer un «héritage». Le discours pro-sioniste instrumentalise également l'Histoire et la victimisation, un usage sélectif : l'évocation des crimes soviétiques contre les Juifs n'est pas citée pour une réflexion honnête. Elle vise à discréditer toute critique de l'entité sioniste. C'est l'extrême droite des régimes d'Europe qui est l'auteure des crimes. En effet, en dépit de ce qu'enseigne l'histoire, elle prend la posture de la victime « Absolue » sous l'étiquette «défendre les Juifs, c'est défendre la République», plaçant la communauté juive en symbole unique de la République pour se dédouaner de ses crimes passés et pour rendre invisible une autre composante de la nation. Elle interdit toute critique légitime. Il y aussi ceux qui abusent de la psychologisation en faisant référence à Freud et Kafka pour expliquer l'antisionisme par une «culpabilité maladive», «haine de soi» et une recherche d'idéologies «purificatrices». C'est leur façon de pathologiser et décrédibiliser l'opinion adverse sans répondre à ses arguments, voire en niant l'évidence des crimes sionistes excusés par les crimes passés des nazis et de leurs complices, tous venant de l'extrême droite. Mais quelle est la définition légale de l'antisémitisme ? Prenons celle de l'IHRA. Si elle inclut le fait de nier au peuple juif son droit à l'autodétermination, elle précise de façon explicite que «critiquer le gouvernement israélien comme on critiquerait tout autre gouvernement» n'est pas antisémite. Des Juifs nombreux dans le monde sont antisionistes ou fervents critiques de la politique sioniste. Peut-on les accuser d'antisémitisme ? L'amalgame entretenu est un outil politique servant à la stratégie de l'intimidation de l'autre, souvent utilisé pour faire taire toute critique légitime, disqualifiée d'emblée comme raciste et antisémite ! C'est un obstacle au débat démocratique sur la politique et les droits humains. L'extrême droite et ses chefs nient la complexité du conflit en Palestine, réduit à une lutte du «Bien contre le Mal». C'est infantiliser les gens jugés incapables de discerner le bien du mal. Il est impératif de rejeter généralisations et essentialisations. Lutter contre le racisme est nécessaire, à condition de rejeter fermement la généralisation qui fait des musulmans et des immigrés un bloc monolithique de l'antisémitisme. Cette forme de racisme alimente les tensions entre communautés. C'est ce qu'ils veulent. Leur discours nie la richesse et la grande diversité des opinions, y compris au sein de la «petite bourgeoisie intellectuelle» de gauche et de l'électorat de LFI, qui critiquent la politique sioniste par souci des droits humains et du droit international, non par haine des Juifs à laquelle toute voix critique est insidieusement réduite. En Occident en particulier, on doit revendiquer la légitimité de la critique politique et soutenir les droits humains. La critique de l'occupation, de la colonisation, des bombardements à Gaza ou du traitement des Palestiniens est une critique fondée sur le droit international et principes universels des droits humains. Elle est légitime, nécessaire et vitale à toute l'humanité. Pourquoi défendre le droit au blasphème par des caricatures offensant les musulmans du Globe et interdire la critique politique du sionisme? La critique est la base de la démocratie. Dans tout État qui s'en revendique, toute idéologie nationale (le sionisme) peut et doit pouvoir être critiqué sans que ses supporters ne crient à la diffamation, au racisme, à l'antisémitisme. Le Monde est un village. Il est nécessaire, voire impérieux, de refuser la victimisation compétitive. On doit reconnaître toutes les souffrances et condamner l'antisémitisme réel, pas celui construit par amalgame. On doit aussi se soucier du sort des Palestiniens. On oublie qu'ils sont tout aussi sémites que les Juifs ! Les crimes sionistes contre eux sont documentés par des sources crédibles, nationales et internationales. La violation par les sionistes du droit international est volontaire et massive : à Gaza la population vit la crise humanitaire à la vue et l'ouï du Monde ; en Cisjordanie la poursuite de la colonisation illégale par l'incendie des oliveraies et la destruction de l'habitat l'est tout autant. L'activation sans précédent des mécanismes judiciaires internationaux (CIJ, CPI) pour examiner ces crimes reflète les divisions de la communauté internationale, non sur la réalité des faits mais sur la réponse à y apporter. Les crimes sont commis (de guerre, contre l'humanité, génocide) selon les juridictions compétentes et les standards juridiques. Pourtant, le discours crée un faux dilemme. Défendre la République, c'est défendre le droit à la critique et non exiger une adhésion de façon inconditionnelle à la politique du gouvernement sioniste qui, après tout, est étranger à l'Europe ! Le critiquer ce n'est pas la haine de sa population comme le prétend l'extrême droite par ses théories fumeuses et ses généralisations racistes. La critique politique est légitime. Elle est fondée en droit et en éthique, c'est-à-dire loin du chantage émotionnel qui vise à empêcher tout débat serein, éthique, juridique et politique. La définition de l'antisémitisme par l'Alliance Internationale pour la Mémoire de l'Holocauste (IHRA) a été adoptée par l'Union Européenne (UE). Sur cette base, le Conseil de l'UE a adopté une déclaration (déc. 2020) invitant «les États membres, les institutions de l'UE et la société civile à utiliser et promouvoir la définition pratique de l'antisémitisme de l'IHRA comme outil éducatif efficace». L'antisémitisme «est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l'antisémitisme sont dirigées contre des personnes juives ou non juives et/ou leurs biens, contre des institutions communautaires et des lieux de culte juifs.» Mais critiquer «Israël (comme) tout autre État, ne peut pas être considéré comme antisémites.» La France a adopté cette définition. L'Allemagne aussi. Mais si l'interprétation judiciaire de la critique de l'entité n'est pas jugée illégale ni considérée antisémite, dans le débat politique et sociétal, les voix de l'extrême droite privilégient le faux en accusant d'antisémitisme toute voix critique de l'entité dans un affrontement souvent alimenté et encouragé par le CRIF. Tous les musulmans sont ciblés. Le recteur de la Grande mosquée de Paris a demandé, pour que cette réalité soit «objectivée», qu'une enquête soit menée par l'institut Ifop. Le 16 septembre 2025 les résultats publiés montrent que deux musulmans sur trois ont été victimes de comportement raciste au cours des cinq dernières années. Pourquoi des têtes de cochon sont mises devant l'entrée de neuf mosquées, sinon pour provoquer à l'affrontement souhaité ? La «banalité du mal» ronge l'Europe, France en tête. Un Mal issu de l'incapacité à exercer l'esprit critique, à se mettre à la place de l'autre composante de la société, annonçant une autre Shoah. Le discours dominant banalise les préjugés souvent portés par des personnes «banales», ordinaires, qui ne se perçoivent pas comme racistes. Or, des propos racistes sont tenus aussi bien par des gens engagés en politique mais en mal de popularité, que par des gens ordinaires, se considérant bons citoyens, soumis à la propagation de stéréotypes, à la xénophobie et la discrimination. Ce sont des autorités qui les y incitent, un ministre de l'intérieur transmettait ses préjugés comme évidences, répétées par conformisme. Ce ministre utilisait sa bureaucratie pour systématiser son crédo, devenu celui du système et transcrit dans des règles de contrôle au faciès, de lois sur l'immigration, d'un travail administratif appliqué par un fonctionnaire sans haine personnelle, c'est juste «son travail», par des algorithmes de recrutement biaisés, expliquant ces regards de travers dans les transports en commun. Les OQTF cachent le discours raciste derrière un langage neutre, technique (intégration, préférence nationale, immigration de la misère du monde, insécurité ...). Ce langage est vide de la substance des réalités humaines. On gère un «stock», on banalise le discours de haine. On signe un décret pour respecter un programme électoral, sans penser aux conséquences humaines. Même le journaliste qui relaye sans recul des chiffres et propos anxiogènes, vise à faire de l'audimat. Le citoyen aussi partage, sans vérifier, une rumeur xénophobe sur les réseaux sociaux. Tous agissent par carriérisme, routine, paresse intellectuelle, souci de conformité, relais du sionisme ou d'un discours nouveau ciblant, par exemple, l'Algérie qui est dénigrée en particulier. El Moudjahid révélait (6 août 2025) que : «2.500 articles en France, tous médias confondus» ont négativement visé l'Algérie. Ils écrivent, parlent et agissent par «banalité» du mal. Pourtant, la responsabilité est individuelle : penser et juger, même dans un système. Le danger est insidieux car venant des extrémistes, des discours et pratiques qui déshumanisent l'Autre et qui sont acceptés sans réflexion. La critique du voile, de l'habit, de la croyance, etc. préludent l'agression morale (cochons devant la mosquée) puis physique : assassinat d'un musulman dans une mosquée. Européens: Où vous situez vous par rapport à vos normes et par rapport au discours de haine? Ne réfléchissez-vous pas par vous-même? Demandez-vous si vous avez de l'empathie, un jugement qui soit le votre ; luttez-vous contre le discours raciste? Comprenez-vous comment des mécanismes apparemment ordinaires (routine, conformisme, bureaucratie) produisent et normalisent la violence symbolique, puis celle concrète devenant criminelle ? Acceptez-vous la «banalité du mal»? En êtes-vous «Le» complice silencieux? Ou alors allez-vous vous réveiller ! *Juriste |
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