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![]() ![]() ![]() ![]() Une fresque
romancée et métaphorique de l'homme devenu semence d'indépendance.
Il était une fois, dans les montagnes de l'ouest algérien, un jeune arbre droit et fier, enraciné dans une terre blessée mais digne. Cet arbre s'appelait Ahmed Zabana. Il n'était pas encore un cèdre centenaire, mais déjà il résistait aux vents coloniaux, aux haches de l'oubli, et aux chaînes qu'on voulait lui passer aux racines. Zabana n'était pas un homme ordinaire. Il était de ces êtres rares que le destin trempe dans le feu avant de les livrer à la lumière. Dans les forêts d'Oran, il marchait le dos droit, le regard ardent, tenant dans son cœur un chant que les siècles d'occupation n'avaient pas pu étouffer : celui de la liberté. Lorsque l'heure de l'insurrection sonna, il ne trembla pas. Il devint flamme. Dans l'ombre des montagnes, il prit les armes non pas pour tuer, mais pour réveiller. Chaque balle, chaque geste, chaque souffle était un appel lancé aux siens : « Debout, frères ! Debout, peuple ! Le joug a assez duré. » Mais l'Empire veille, féroce, orgueilleux, incapable d'accepter qu'un simple indigène ose défier sa toute-puissance. Capturé, jugé, condamné... Le bourreau français ne portait pas seulement une robe noire ; il avait un nom : François Mitterrand, alors ministre de la Justice, celui qui tenait la clé de la grâce - et qui, au lieu d'ouvrir la cage, en referma la porte d'un geste froid. Ce matin-là, à la prison de Serkadji, la guillotine ne coupa pas seulement une tête : elle coupa un souffle, croyait-on, elle coupa un espoir, prétendait-on. Mais ils se trompaient. Ce n'était pas un homme qu'ils tuaient : c'était une semence. Et cette semence, en tombant, réveilla mille racines dormantes. La lame tomba et le silence fut lourd Mais aussitôt, dans les douars, les villes, les vallées, une rumeur monta : « Zabana est tombé, mais l'Algérie s'est levée ». On guillotinait un homme, mais on forgeait un mythe. On voulait effacer une révolte, mais on allumait l'incendie. Le bois de Zabana, loin de se consumer, s'enflamma dans le cœur des jeunes, dans les chants des mères, dans la colère des anciens. Et Mitterrand ? Le futur président français, qui aimait à se draper dans les grands mots et les postures d'humaniste, porta sur ses épaules ce crime comme une ombre qui jamais ne le quitta. Derrière les discours, le verbe haut, il y eut toujours ce silence terrible du couloir de la mort, cette trace ineffaçable d'un homme à genoux, le cou tranché pour avoir aimé son peuple. Aujourd'hui encore, quand le vent souffle sur les collines de Mascara, on entend parfois un frisson, un murmure. Ce n'est pas le vent seul : c'est l'esprit de Zabana. Non pas un esprit de vengeance, mais de mémoire Non pas un fantôme, mais une lumière. Un cèdre abattu, oui. Mais de son tronc sont nés des milliers d'arbres libres. Et dans le silence des forêts algériennes, la voix du martyr dit encore : « Ils m'ont tué, mais je suis devenu racine. L'Algérie, elle, est devenue arbre. Ahmed Zabana : Le martyr aux bras enchaînés, au cœur debout Chronique d'un cèdre que la douleur n'a pas courbé Il n'était encore qu'un jeune rameau, un épi de feu dans les plaines d'Oranie, quand l'histoire le choisit. Ahmed Zabana, simple ouvrier devenu feu follet de la liberté, portait dans ses veines les douleurs d'un peuple bâillonné. Quand la nuit coloniale semblait éternelle, lui, il alluma une étincelle. Une seule. Elle suffisait. En novembre 1954, il se leva comme beaucoup, mais tomba le premier. Blessé au combat, capturé, il ne fut pas soigné. Les balles dans sa chair furent laissées là, comme des aiguilles dans un fruit. Et ce n'était qu'un début. Car l'homme fut livré à la machine du supplice. Ils torturèrent son corps. Ils lui brisèrent les os, lui arrachèrent les cris, mais jamais l'âme. Ils le dénudèrent, le suspendirent, l'électrocutèrent. Ils crurent le réduire au silence. Mais Zabana, tel un chêne frappé par l'orage, ne céda pas. Il saignait, mais ne pliait pas. Il pleurait, peut-être, mais il parlait encore. Il disait : « Ma blessure est votre défaite. Car je souffre en homme libre. » Quand vint le verdict, ce n'était pas la justice : c'était un décret de vengeance. Le ministre de l'époque, un certain François Mitterrand - futur chantre des droits de l'Homme - signa de sa main la mort du premier martyr guillotiné de la Révolution algérienne. Une signature glacée. Une sentence politique. Un glaive sur le cou du peuple insurgé. Mais avant que la lame ne tombe, Zabana prit une plume. Dans sa dernière lettre, il n'écrivit pas pour se plaindre. Il écrivit pour transmettre. À ses parents, à sa mère surtout, il laissa un testament doux et déchirant : « Ne pleurez pas mon sort, car je meurs pour une cause juste. Mon sang nourrira la terre que vous cultivez. Dites à mes frères que je ne suis pas mort vaincu, mais libre.» « Je ne regrette rien. Mon seul regret est de ne pouvoir faire plus. Mais d'autres viendront. Mille autres. Et l'Algérie vivra. » Ce fut son chant du cygne. Non pas un adieu, mais une promesse. Il ne parlait pas de haine, mais de dignité. Il n'évoquait pas la mort, mais la moisson à venir. À l'aube du 19 juin 1956, les portes de la prison de Serkadji s'ouvrirent sur l'horreur. Dans un couloir étroit, on traîna un homme amaigri, mais fier. Il avait 30 ans. Il avait déjà vécu mille vies dans la sienne. Ils posèrent sa tête dans la lunette. Le bourreau abaissa la lame. Silence. Mais pas pour longtemps. Car dès que sa tête roula, les montagnes d'Algérie tremblèrent. Dans chaque village, dans chaque camp, dans chaque cellule de combattants, un nom s'éleva : Zabana. Et derrière lui, l'armée des ombres devint légion. Aujourd'hui, il n'est pas un simple martyr. Il est l'arbre de tête, le premier fruit tombé qui donna naissance à une forêt d'insoumis. Et si un jour, quelque passant s'arrête devant sa tombe, qu'il sache : ce n'est pas la fin d'un homme qu'il contemple, mais le point de départ d'une nation debout. Ahmed Zabana ne fut pas vaincu On le tortura, on le blessa, on le décapita. Mais il survécut, là où les puissants se fanent : Dans le cœur vivant d'un peuple libre. « La justice sous la lame : Zabana et le ministre aux mains froides » Chronique d'un sacrifice politique sous le regard figé de l'Histoire Il y eut un matin de juin 1956 où le silence de la Casbah fut plus lourd que les bombes, plus tranchant que les balles. Ce matin-là, un homme jeune, blessé, torturé, fut conduit à la guillotine. Il s'appelait Ahmed Zabana, et son nom allait devenir un feu sacré. Il n'était pas simplement un condamné : il était le premier martyr officiel de la Révolution algérienne, livré à la machine de mort française sous les ordres du ministre de la Justice d'alors : François Mitterrand. Zabana n'était pas un criminel. Il était un insurgé. Un homme debout, qui avait pris les armes contre l'ombre du colonialisme. Capturé blessé, il fut torturé longuement, son corps meurtri, ses plaies jamais soignées. Puis jugé. Puis condamné. Et dans un dernier sursaut d'humanité administrative, la demande de grâce fut envoyée à Paris. Mais là, dans les couloirs du pouvoir, le Garde des Sceaux François Mitterrand signa. D'un geste sec, presque bureaucratique. Pas d'émotion. Pas d'hésitation. Il refusa la grâce, comme il le fit pour la majorité des condamnés du FLN. L'Histoire est têtue : Mitterrand approuva plus de 45 exécutions capitales pendant son mandat. Le glaive de la République, en Algérie, n'était pas aveugle : il était complice. Dans une lettre poignante à ses parents, Zabana écrivit avec des mots simples et brûlants : « Je ne suis pas un criminel. Je suis un homme libre. Je meurs pour que notre peuple vive. » Ce fut son testament. Et ce fut sa victoire. Car là où les puissants croyaient briser une révolte, ils nourrissaient une insurrection. Le sang de Zabana féconda la terre d'Algérie Mais que dire de François Mitterrand, ce futur président que la France aimera couronner de vertus ? Pendant la guerre d'Algérie, il fut l'un des plus hauts serviteurs d'une politique de répression brutale. Certes, il n'était pas le plus zélé, ni le plus bruyant. Il doutait, dit-on. Mais il resta solidaire de cette ligne dure, jusqu'à la fin de son mandat, par calcul ou par conviction. Il n'a jamais levé la voix contre les tortures, contre les exécutions, contre les déportations. Et il ne fit rien pour empêcher la mort d'un certain Fernand Iveton, ouvrier communiste, guillotiné pour avoir déposé une bombe désamorcée. Pas un mot, pas une main tendue. Seulement des signatures. Plus tard, il dira : « C'était une erreur. » Une phrase lâchée du bout des lèvres, bien des décennies trop tard, quand le sang était sec et que les cercueils avaient été scellés. Alors, oui, Mitterrand a tué Zabana. Pas de ses mains, mais de son silence. Pas par haine, mais par froide fidélité à un système colonial à l'agonie. Et cette fidélité, l'Histoire l'a notée au bas du décret de mort. Aujourd'hui, Zabana repose en paix. Mais son nom, lui, reste un cri. Celui des peuples qui refusent de mourir dans l'oubli. Celui des mémoires que l'on ne guillotine pas. Et quelque part, dans l'ombre du Panthéon, là où reposent les grands noms de France, un fantôme traverse les couloirs : celui d'un ministre aux mains froides et à la conscience lourde. « La lettre que la guillotine n'a pas pu trancher » Derniers mots d'Ahmed Zabana, premier martyr guillotiné de la Révolution algérienne. Le couloir était étroit, les murs épais, la lumière rare. La nuit s'infiltrait lentement dans la cellule, mais Ahmed Zabana, lui, ne tremblait pas. Il ne priait pas pour sa vie. Il priait pour la liberté. Il le savait : l'aube allait être sa dernière. Il avait vu les regards fuyants des gardiens, entendu le cliquetis sinistre des mécanismes de la machine. La guillotine était prête. Et à Paris, un homme nommé François Mitterrand, ministre de la Justice, avait signé sa fin d'un trait de plume. Mais avant de mourir, Zabana prit une plume bien plus puissante : celle de l'amour et du sacrifice. Et il écrivit. « Mes chers parents, ma chère mère, » Ses mots n'étaient ni rage, ni peur, mais douceur et foi, déposées sur le papier comme des fleurs sur une tombe à venir. Il ne parlait pas en condamné, mais en soldat de Dieu et de la patrie, dont le sang serait l'encre d'une page nouvelle pour l'Algérie. « Si je subis un malheur quel qu'il soit, ne désespérez pas de la Miséricorde de Dieu, car la mort pour la cause de Dieu est une vie qui n'a pas de fin et la mort pour la patrie. « ce n'est qu'un devoir. » Ce n'était pas une lettre d'adieu. C'était un chant d'éternité. Il ne demandait pas qu'on le pleure. Il suppliait qu'on soit fier. Car ce qu'on allait guillotiner à Serkadji, ce n'était pas un criminel. C'était un espoir enchaîné, une lumière qu'on voulait éteindre pour ne pas voir ce qu'elle révélait : la fin imminente de la domination coloniale. Il n'oublia aucun nom. « À toi, ma mère... à Nora, El Houari, Halima, El Habib... à mon cher frère Abdelkader... à tous ceux qui partageront votre peine. » Ce furent ses adieux. Mais aussi un testament. À travers ces noms, c'est tout un peuple qu'il embrassait une dernière fois. Et enfin, dans un souffle : « Allah est Le Plus-Grand et Il est Seul à être équitable. » Le lendemain, la lame tomba. Elle trancha la tête. Mais elle ne trancha ni le courage, ni la mémoire, ni la justice que cette lettre contenait. Ahmed Zabana fut exécuté, oui, mais ses mots ont survécu à l'acier. Ils sont encore là, aujourd'hui, lus dans les écoles, murmurés dans les rues, récités comme une prière dans le cœur de ceux qui savent ce que valent le sang versé et les larmes retenues. À Serkadji, ce 19 juin 1956, la France voulut tuer un homme. Elle donna naissance à une légende. Car ce jour-là, ce n'est pas seulement Zabana qui écrivait sa dernière lettre. C'est l'Algérie elle-même qui écrivait sa première page libre. Et cette page, aucune guillotine n'a jamais pu la refermer. Dernière lettre du condamné à mort « Mes chers parents, ma chère mère. Je vous écris sans savoir si cette lettre sera la dernière et cela, Dieu seul le sait. Si je subis un malheur quel qu'il soit, ne désespérez pas de la Miséricorde de Dieu, car la mort pour la cause de Dieu est une vie qui n'a pas de fin et la mort pour la patrie n'est qu'un devoir. Vous avez accompli votre devoir puisque vous avez sacrifié l'être le plus cher pour vous. Ne me pleurez pas et soyez fiers de moi. Enfin, recevez les salutations d'un fils et d'un frère qui vous a toujours aimés et que vous avez toujours aimé. Ce sont peut-être là les plus belles salutations que vous recevrez de ma part, à toi ma mère et à toi mon père ainsi qu'à Nora, El Houari, Halima, El Habib, Fatma, Kheira, Salah et Dinya et à toi mon cher frère Abdelkader ainsi qu'à tous ceux qui partageront votre peine. Allah est Le Plus-Grand et Il est Seul à être équitable. Votre fils et frère qui vous aime de tout son cœur H'mida. |
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