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L'art autrement vu: l'écho du bonheur

par Mohammed ABBOU

La terre d'un blanc immaculé attend l'éclosion des semis de la paix pour surprendre des hommes que la lassitude a rendus incrédules. Aïcha HADDAD a côtoyé tant de souffrances qu'elle en a retiré une sereine sagesse.

Elle évite les éclats puérils pour ne pas mimer l'insouciance qu'elle dénonce et concentre son regard sur le salut de la terre, parfois jusqu'à l'obsession. Elle veut partager, sans réserve, des émotions fortes et irréductibles qui donnent son véritable sens à la vie. Mais sa quête du beau demeure permanente dans ce que le monde a de plus ordinaire, parce qu'elle est convaincue que l'ordinaire est voisin de la vérité. Fine et délicate, elle s'adonne avec affection à une œuvre laborieuse et obstinée pour réveiller chez des êtres accablés les derniers ressorts de leur humanité. Elle veut couvrir de livres et de poèmes tous les maux de la terre. La rime embaume le vers et soulage la douleur des âmes dans un monde menacé par la houle d'une marée marchande et usurière.

 Le désert menace les sols et les cœurs, il prend des masques pour tromper le temps et le ravir aux moissons. L'onde bleue dans laquelle se mirent les âmes et voguent les appétits s'est égarée, les robinets qui hérissent le globe ne peuvent plus retenir sa retraite déçue. Sa douceur a étanché la soif des vivants et sa fougue les a éclairés, mais ils ont trahi sa confiance. Sa profusion a été perçue comme une ignorante faiblesse.

 Sur ses courbes fougueuses nagent encore les couleurs éclatantes de leurs plaisances mais la lame vengeresse ne dort que d'un œil. L'horloge s'assombrit et laisse ruisseler le temps entre ses engrenages, qui ne doivent leur salut qu'à la force de l'inertie.

 Mais Aïcha HADDAD ne désespère pas de réveiller chez les hommes l'énergie du miracle et leur offre une clé amoureusement ciselée dans son écrin d'espoir.

(-1J Aïcha HADDAD scrute amoureusement une nature avec laquelle elle n'hésite pourtant pas à rivaliser pour nous offrir une légitime émotion. L'émotion d'une enfance qu'elle n'a jamais quittée. Et, quand les traits, sous sa main, se cabrent dans une fière indignation, ce n'est guère pour soulager sa conscience mais pour bousculer son impuissance face aux souffrances de l'innocence. Ses toiles ne se contentent pas d'exalter ce que couve la nature de beau, elles livrent à qui peut encore voir un concentré de sentiments.

 Les postures qu'elle saisit, pétrifient les pulsions pour les restituer intactes au regard avisé. Elle étreint la toile comme si elle craignait une brusque rupture avec l'inspiration. Aïcha HADDAD a toujours su que la vie est un miracle renouvelé ; et chacune de ses œuvres n'est qu'une nouvelle strophe à l'hymne qu'elle lui dédie.

 Au-delà de l'éclat, elle nous apprend, qu'à tout moment, l'œil peut aussi jauger de la saveur de la vie. Elle nous accompagne vers la félicité comme un maître prodigue sans compter tout ce qu'il sait à celui qu'il mène vers le succès.

 Elle convoque une avalanche de sons et de mélodies pour nourrir ses couleurs et doper ses traits dans son immense désir d'imposer le sublime même à ceux qui regardent leur «Eden» les yeux fermés.

 Sa peinture a réussi à être le médium de la bonne nouvelle et son voluptueux écho.

 Aïcha HADDAD nous a légué, sans prétention, les outils de sa candeur pour décrypter les messages du bonheur.