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Pèlerinage 2010 Et maintenant, que faire après le fiasco ?

par Bendifallah Mohamed A. Djamel

Les déclarations qui ont précédé la campagne de pèlerinage de cette année ont fait miroiter «les mille et une nuits», mais ont fini par offrir un véritable enfer qui empêchera beaucoup de nos pèlerins d'accomplir normalement le rite. Le calvaire vécu par nos hadjis est rapporté par la presse qui souligne, dans son ensemble, la grande part de responsabilité de l'Office du pèlerinage et des deux agences retenues par les pouvoirs publics, dans les difficultés rencontrées par nos pèlerins durant leur séjour en terre sainte.

 De l'avis de beaucoup de pèlerins, la mission algérienne de pèlerinage, censée accorder un encadrement approprié notamment aux personnes âgées et malades, s'est vite confondue, comme à l'accoutumée, aux pèlerins et a disparu dans la nature.

 Devant cette multitude d'insuffisances et de carences répétées qui portent un grave préjudice à l'image de notre pays et aux intérêts de nos pèlerins, les pouvoirs publics sont interpellés pour revoir sérieusement leur copie et décider de mesures nouvelles susceptibles de mettre fin à ces « voyages vers l'inconnu ».

 La première question qui mérite une réponse rapide est de savoir si l'office nouvellement créé était la bonne solution pour dépasser le schéma sclérosé suivi par la défunte commission nationale de pèlerinage, même s'il faut reconnaître au passage que cette dernière a fourni un travail « acceptable » au regard des moyens mis à sa disposition et des efforts déployés qui ont évité, durant de longues années, les situations catastrophiques enregistrées ces derniers temps.

 La deuxième question que les pouvoirs publics devraient se poser est de savoir si les graves insuffisances répétées chaque année sont le résultat de l'absence de définition d'une stratégie d'organisation de ces voyages et de l'absence de coordination intersectorielle dans la préparation de ce dossier ? Ou bien s'agit-il de la poursuite de ce « télescopage » permanent entre personnes ? Ou bien s'agit-il des implications d'un cahier des charges dont le contenu mérite d'être rapidement revisité par des juristes, des inspecteurs de l'IGF et des magistrats pour préserver les intérêts de la partie algérienne face à certains opérateurs saoudiens sans scrupule ?

 La révision du mode organisationnel actuel est devenue une urgence qui doit impérativement tenir compte des exigences de transparence et d'efficacité. Le ministère des Affaires religieuses dispose pourtant d'une longue expérience dans ce domaine et de cadres compétents capables de mettre leurs connaissances à la disposition de cette action.

 Les autres secteurs, et principalement la Protection civile, intégrée à juste titre et pour la première fois dans le dispositif d'intervention en 2008, les Affaires étrangères, la Santé sont également en mesure d'apporter leur contribution à la définition de cette nouvelle démarche.

 L'amélioration des conditions de séjour de nos pèlerins passe également par la définition des missions des intervenants et la mise en place de mécanismes rigoureux de contrôle des conditions de négociation et de conclusions des contrats, de rationalisation des dépenses de location, de gestion, d'équipement et de maintenance des locaux. Le conseil d'administration de l'office ne fonctionne que partiellement en raison des conflits de personnes qui sont de nature à maintenir la situation en l'état si les autorités concernées ne prennent pas rapidement les décisions qui s'imposent.

 Les relations office-pèlerins ou agence-pèlerins devraient, quant à elles, être régies par des contrats écrits que les réflexes des responsables en charge du pèlerinage n'ont pas encore intégrés dans la démarche actuelle qui a montré ses limites, mais qui a favorisé l'apparition de pratiques douteuses.

 Ces contrats pourraient comporter, entre autres, les coordonnées de la chambre d'hôtel réservée au pèlerin à Médine et à La Mecque (adresse, étage, n° de chambre, n° téléphone, distance du Haram, superficie, liste des personnes affectées dans cette chambre). Ce document pourrait éventuellement préciser le numéro du camp de toile à Arafat et à Mina réservé au pèlerin, ainsi que la liste nominative, avec les coordonnées (téléphones portables) des membres de l'encadrement et des médecins responsables du pèlerin durant tout son séjour. Enfin, un guide d'orientation et d'information comportant toutes les informations sur les droits et obligations du contrat entre l'office ou l'agence de voyage et le pèlerin.

 Cela est certes insuffisant, mais constitue un bon départ pour de nouvelles relations entre l'office, les agences et les pèlerins qu'il est urgent de définir.

 D'autres mesures sont nécessaires, dont l'importante implication de notre réseau diplomatique et consulaire à l'étranger pour accompagner utilement nos ressortissants dans la préparation de leur voyage à La Mecque.

 L'important est que le gouvernement donne un signal fort en annonçant l'installation d'un comité ad hoc qui devra remettre rapidement ses conclusions et ses propositions à la lumière de l'état des lieux qui sera ainsi établi. Les pèlerins sauront à leur retour qu'ils ont été entendus.