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L'ayatollah et le roquet

par Abdou B.

«Nos vrais ennemis sont en nous-mêmes» Bossuet

La crise qui a frappé durement le plus grand nombre possible de pays a été cependant d'inégale violence selon le stade de développement, l'ancrage et le fonctionnement d'institutions démocratiques. Ces dernières existent ou pas, sont réelles ou simplement factices, selon que les pays se trouvent au nord, au Japon, en Australie, en Amérique ou bien au sud de la planète où les gouvernances sont chaotiques et aléatoires. La crise a été appréhendée et des solutions, plus ou moins «à la socialiste», sur les court et long termes selon que les pays partent en ordre dispersé, solitaires ou bien solidaires, regroupés dans des institutions démocratiques, communes ou bien à travers des sommets, des forums. Ces institutions et réunions ont joué et jouent le rôle de laboratoires, de machines à chercher et à réfléchir des consensus qui s'élaborent selon les domaines et les activités sectorielles. Ces laboratoires tiennent compte (car il y a des opinions publiques majeures, informées par mille et un canaux, des syndicats, des oppositions...) de l'Etat-Nation, de spécificités, d'intérêts nationaux et des groupes de pression qui épousent le spectre des diversités représentées par des citoyens organisés. L'Europe est un des exemples qui a réagi face à la crise, ses retombées et ses dérives aux plans économique et financier. Le continent en question, au cours des siècles, a été déchiré par des guerres civiles, de religions, des procès en sorcellerie, une inquisition sanglante et, pour finir, avec deux guerres mondiales et des régimes inhumains et génocidaires en Allemagne, en Espagne et en Italie. Après des dizaines et dizaines de millions de victimes, des villes rasées et des destructions inimaginables, la raison a fini par l'emporter. Grâce à la sagesse, à l'intelligence et à l'imagination d'hommes d'Etat, de partis et de syndicats démocratiquement élus, l'Europe est devenue une grande puissance économique, militaire et politique.

 Sous d'autres cieux, les choses évoluent et nombreuses sont les nations qui veulent avancer. Elles investissent dans les systèmes éducatifs les plus modernes, les plus performantes, sans s'encombrer d'archaïsmes, de religiosité et de tabous du Moyen-âge, tout en restant croyantes, pratiquantes, avec des universités classées parmi les meilleures du monde. Leur crédo est la recherche scientifique, l'innovation et les entreprises d'excellence d'envergure mondiale. Elles exportent ce qui est vital pour l'alimentation, la santé, les transports et le bien-être de l'homme. Sur le continent africain, l'Afrique du Sud, après avoir connu le visage hideux et barbare de l'apartheid, s'est réconciliée avec elle-même au-delà de la couleur de peau, des différences religieuses et culturelles. C'est, aujourd'hui, un géant économique, respecté, devenu un exemple à suivre pour de trop nombreux régimes en Afrique, trop souvent clones des colonisateurs chassés au prix d'énormes sacrifices consentis par des peuples patriotes. La Chine sera bientôt une superpuissance, sinon la première, respectée, courtisée et beaucoup la craignent. Le Brésil, l'Inde (une grande démocratie), évoluent chaque jour vers le statut de grande puissance, et leur voix est écoutée pour ce qui est de l'avenir économique et écologique de la planète.

 Côté arabe, c'est la désolation dans la plupart des cas, avec, au coeur, une Palestine trahie sans cesse, où les populations se méfient autant des criminels de guerre qui dirigent Israël que du «frère» égyptien qui a manifesté toute sa solidarité avec l'Etat juif lorsqu'il s'agissait d'affamer et de bombarder Ghaza. De nombreux gouvernements arabes s'accrochent au pouvoir, le transmettent de père en fils sous les regards sarcastiques des dirigeants occidentaux qui leur vendent tout ce qu'ils peuvent. Les dynasties regardent passer les trains, achètent et stockent des avions et des arsenaux de guerre à ceux qui achètent leur pétrole et leur gaz. Les dynasties n'ont rien d'autre à exporter sauf des milliards de dollars placés dans les banques de pays marchands d'armes, de céréales, de médicaments, d'avions, de bateaux, de trains sur lesquels des appareils collent des drapeaux nationaux, comme ils achètent le superflu (cosmétiques, sucreries, voitures et bijoux de marque).

 Les pays qui dirigent le monde entendent aller plus loin dans le mépris, la négation des peuples arabes et africains.        L'Europe érigent loi après loi, débat bidon après réflexion bateau, des murs d'enceinte pour se protéger des «nouveaux barbares». La suite a donné le ton à partir d'une histoire de minarets. La France a précédé et préparé le terrain avec une foultitude d'émissions, de talk show sur l'identité nationale. Une armada (c'est de bonne guerre) de chaînes de TV et radios matraque jour et nuit. Le pays de l'humanisme, de Sartre, Jeanson, Aragon, du parti des fusillés, se recroqueville sur lui-même comme une araignée frappée par la limite d'âge. La «douce France» n'est plus belle à voir. Elle trouve un ayatollah, suintant de morgue, d'un racisme à fleur de peau et d'une xénophobie répugnante en la personne de Hervouet sur LCI où il y a de grands journalistes et commentateurs. Elle trouve en Eric Zemmour, un prix Nobel d'approximations et d'inculture pour flinguer avec moult grimaces tout ce qui a trait à l'Arabe et au musulman, un roquet médiatique qui rabaisse tellement le pays de Hugo. Au moins P. Buisson faisait deux en un.