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Populisme, le peuple ?

par Sid Lakhdar Boumediene

Le populisme revient en force dans le monde. Il était auparavant le fait exclusif des pays totalitaires, mais aujourd'hui son expansion touche toutes les régions du monde quelle que soit la nature du régime politique. Son apparition est toujours déclenchée par les grandes crises économiques ou guerrières, nationales ou identitaires. Le terreau est alors favorable, le dirigeant populiste va pouvoir être celui qui harangue les foules pour se déclarer «sauveur du peuple». Il utilise les peurs et la misère de la population pour désigner des boucs émissaires, ceux qui sont les responsables du désastre dans lequel elle se trouve. Il est celui qui a entre les mains la force de les contrer si le peuple le soutenait. Nous voici au cœur de sa définition, le populisme est la doctrine qui désigne les «élites» à la vindicte populaire.

Ces élites sont aussi bien les mouvements politiques que les cadres économiques et administratifs. Ils sont les coupables, il faut les combattre. Voilà que le populiste possède ses premiers alliés, les «ennemis intérieurs du peuple». Il lui faut ensuite en trouver un autre, ce sera «l'ennemi extérieur», celui qui veut la destruction de la nation. Les deux coupables justifient qu'il soit «l'homme providentiel». Il lui faut enfin des éléments de langages dont il va se servir pour «chauffer à blanc» les foules. Ils doivent être compatibles avec toutes les catégories sociales, c'est-à-dire des slogans simples et percutants.

Le dispositif syntaxique du populiste est manichéen, le bien et le mal. Il ne se risquera jamais en des analyses complexes qui peuvent être en décalage avec l'une ou l'autre des couches sociales. Mais le populisme n'est que l'un des mirages et illusions les plus connus dans l'histoire de l'humanité. L'inévitable résultat est toujours le chaos et la désolation, pires que l'état premier qui l'avait porté au pouvoir. Le populisme est un usurpateur du mot peuple car il est tôt ou tard son fossoyeur. Ce que son hystérie ne lui a pas permis de voir est qu'il est également son propre fossoyeur.