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La morale n'existe pas en droit

par Sid Lakhdar Boumédiene

Sa définition lexicale nous renvoie au mal et au bien, une notion purement religieuse. Et c'est le premier questionnement, car la religion est d'essence personnelle, un rapport intime avec la spiritualité et les croyances de chacun. Il est vrai que si le mal est traduit dans les lois répressives depuis des siècles pour en donner une qualification et prévoir des sanctions, comment introduire le bien en droit ? Nul ne peut convenir du contraire que l'assassinat, le vol, la tromperie ou la violence ne soient pas des qualifications juridiques. Mais pour le reste, le bien ? Comment définir juridiquement l'amour des autres, la compassion, l'éducation, la charité ou le secours ? Comment définir ce qui est de l'ordre exclusif du personnel ? Or, le droit a besoin de définition pour qualifier les actes, les paroles ou les écrits. La morale, dans son volet du bien, dépend de facteurs subjectifs. Elle est différente en fonction des époques et des peuples de ce monde, donc, de leur histoire et de leurs coutumes. Puis, surtout, qui va décider de ce qui est du domaine du bien ? Dans quelles limites et dans quelles conditions est-il validé par une autorité quelconque ? Où sera la liberté de penser et d'agir ? Elle serait contrainte arbitrairement par une autorité politique, institutionnelle ou sociétale. La conclusion pour sortir du dilemme est d'affirmer que la morale n'est pas un objet de droit, mais un compromis de tous les jours entre sa propre liberté et celle des autres à définir les leurs. C'est cette formule très connue que le droit applique. Et il n'y a qu'une seule façon de gérer le compromis collectif, c'est la démocratie.