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La francophonie en déclin?

par Abdelkrim Zerzouri

La Tunisie se prépare à accueillir le 18e Sommet de la Francophonie, prévu pour les 19 et 20 novembre courant, alors que le dilemme des langues officielles se pose avec acuité sur le plan linguistique, notamment dans des pays africains, anciennes colonies de la France, qui font le plus gros lot des pays membres de l'Organisation internationale de la francophonie, et qui sont en train de doter leurs langues nationales du statut de langue officielle au côté des langues dites « butin de guerre ». C'est dans ce climat que se tient ce sommet, après deux reports successifs en 2020 et 2021, pour cause de pandémie. Aujourd'hui, malgré certaines réserves d'ordre politique, les conditions sanitaires permettent la tenue de ce sommet, à Djerba, où les autorités tunisiennes mettent les dernières retouches pour recevoir les représentants des 88 pays membres de l'Organisation internationale de la francophonie et autres pays observateurs, dont fait partie l'Algérie.

Toutes les conditions sont réunies pour la tenue de ce sommet, sauf que le Canada avait quand même tenté d'obtenir un nouveau report, arguant une situation politique instable en Tunisie, selon des informations rapportées par des médias canadiens. Et jusqu'à présent, la présence du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, reste incertaine. Contrairement au Premier ministre du Québec, qui a confirmé sa présence à Djerba, vendredi dernier. La participation des autres pays est assurée. Et l'Algérie ? Le timing de ce sommet, qui coïncide avec une polémique liée à l'introduction de la langue anglaise dans le cycle primaire, ainsi qu'une position clairement opposée à son adhésion à cette organisation depuis sa création, la participation de l'Algérie à cet évènement, si elle venait à se confirmer, ne le serait qu'en signe de solidarité avec le pays hôte. La Tunisie, sachant pertinemment que les sommets de la francophonie ne débouchent généralement sur rien, mis à part la fixation de la date du sommet suivant, veut tirer profit économiquement de la présence des délégations des cinq continents, en axant la portée de ce forum sur le tourisme. Après l'échec des efforts qui ont été déployés pour faire de cette organisation un ?Commonwealth français', à l'image de ce qu'ont réalisé les Britanniques, pour que les pays membres puissent se partager également, en sus de la langue commune, un espace économique commun et profitable à ses membres, le tourisme reste la seule dimension économiquement intéressante pour le pays organisateur.

D'ailleurs, toute l'organisation de ce sommet est confiée au ministre tunisien du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine, qui a effectué, dimanche dernier, une visite à l'île de Djerba pour assurer le suivi de la saison touristique hivernale et des préparatifs de l'île au Sommet de la Francophonie. Le même responsable s'est, ainsi, enquis du suivi des préparatifs des établissements et unités touristiques qui accueilleront les invités du sommet et s'est rendu à l'aéroport Djerba Zarzis qui a connu récemment des travaux de réaménagement et d'embellissement. Non sans souligner qu'un parcours touristique et culturel a été mis en place au profit des invités du sommet. Alors, un Sommet de la francophonie ou du tourisme ?