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![]() ![]() ![]() Le patriotisme économique: Un enjeu, à la fois économique et social et par conséquent politique!
par Cherif Ali* ![]() Depuis la Foire
de la production nationale, première sortie publique du président Abdelmadjid Tebboune après son élection, le ton était donné : Consommer
local n'est plus un choix mais une nécessité! Pour lui,
l'exportation ne doit être envisagée que de manière exceptionnelle, seulement
quand la production nationale n'arrive pas à couvrir la demande locale.
Si nous n'accordons pas la priorité à nos produits, nous allons avoir de sérieux problèmes économiques, avait-il averti, appelant à un sursaut patriotique pour sauver l'économie nationale. Il a dénoncé l'attachement du consommateur algérien aux produits importés, tout en invitant les entreprises locales à améliorer la qualité de leurs produits afin de garantir leur compétitivité. Cette vision s'inscrit dans une politique plus large visant à renforcer la souveraineté économique, en misant sur la production nationale et la réduction des importations, qui pèsent lourdement sur les réserves de change. Une volonté réaffirmée à travers les actes et les institutions Sous la présidence Tebboune, plusieurs ministères ont été mobilisés pour soutenir cette démarche : Le ministre de l'Industrie, Sifi Ghrieb, a récemment mis en avant l'importance des complexes industriels, comme celui de trituration des graines oléagineuses à Jijel, pour structurer une économie locale robuste. L'Armée nationale populaire (ANP) a aussi été impliquée dans des projets à forte valeur ajoutée, témoignant d'une stratégie globale d'autosuffisance. Le patriotisme économique est économique, social, mais aussi profondément politique : 1. Économique, car il stimule les PME/PMI et les artisans locaux, particulièrement en période de crise, en créant de l'emploi et de la valeur ajoutée. 2. Social, car il redonne du sens à l'acte de consommation : acheter local, c'est soutenir des emplois, faire des économies, et participer à un projet collectif. 3. Politique, car dans un contexte post-rentier, où les hydrocarbures ne suffisent plus, encourager la production nationale est au cœur de la souveraineté du pays. Réformer et diversifier pour une économie durable Des réformes structurelles ont été entreprises depuis les années 2000 pour stabiliser les indicateurs macroéconomiques (maîtrise de l'inflation, réduction de la dette extérieure, balance commerciale excédentaire). En 2022, le ministre de l'Énergie, Mohamed Arkab, s'opposait publiquement au plafonnement des prix du gaz par l'Union européenne, illustrant la volonté algérienne de défendre ses intérêts économiques stratégiques sur la scène internationale. Le président Tebboune a d'ailleurs rappelé que les accords commerciaux avec l'UE permettent des clauses de sauvegarde, notamment pour protéger la production nationale. Une réponse ferme aux critiques étrangères, notamment à celles de la commissaire européenne Cecilia Malmström qui jugeait les mesures protectionnistes de l'Algérie « non conformes » aux accords de libre-échange. En 2025, l'Agence algérienne de promotion de l'investissement (AAPI) a enregistré 270 projets d'investissement étranger, souvent en partenariat avec des acteurs locaux. Lors de l'Expo Osaka-2025, le Premier ministre Nadir Larbaoui a réaffirmé l'engagement du pays à promouvoir son économie à l'international, tout en valorisant les ressources locales. Ce positionnement montre une volonté d'ouverture encadrée par les intérêts nationaux. Exportation hors hydrocarbures : une voie stratégique Lors d'une interview, le président Tebboune a souligné que les exportations hors hydrocarbures avaient atteint près de 7 milliards de dollars en 2022, contre à peine 1,8 milliard historiquement. L'objectif annoncé est d'atteindre 13 milliards de dollars, en misant notamment sur des produits comme le ciment et le rond à béton, exportés vers l'Afrique, l'Europe et les États-Unis. Pour y parvenir, le président a défini trois priorités : Satisfaire d'abord la demande nationale ; Remplacer les produits importés par des produits locaux pour économiser les réserves de change ; Favoriser tout investissement industriel local, créateur d'emplois et de croissance. Un nouveau modèle économique en construction Le patriotisme économique algérien ne peut réussir sans une véritable transformation de l'appareil productif, une amélioration de la qualité, et un changement dans les mentalités. Il s'agit non seulement de produire plus, mais surtout de produire mieux, avec des standards capables de rivaliser à l'échelle internationale. L'enjeu est clair : sortir de la dépendance aux hydrocarbures et construire une économie résiliente, diversifiée et souveraine. Le président Tebboune en a fait un cheval de bataille. Aux institutions, aux entreprises, mais aussi aux consommateurs d'en faire une réalité durable. |
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