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![]() ![]() ![]() ![]() Livres
Alger, légendes urbaines. 1542-1962. Essai de Mahdi Boukhalfa. Les Presses du Chélif, Chlef, 2025, 214 pages, 1.200 dinars On sent qu'Alger en général et la Casbah et Bab El Oued font partie de son Adn. Tellement qu'il nous paraît inconcevable de le voir écrire sur d'autres cités. Heureusement que journaliste, grand reporter au long cours, on sent qu'il saura y faire. Il est vrai que la Mahroussa est une ville belle et rebelle ayant combattu les armées les plus puissantes, celles de Charles Quint, d'O'Reilly, de Bourmont, des paras de Bigeard et de Massu..., une longue histoire que l'on trouve rarement racontée, de manière attractive, dans les manuels scolaires. Celle intime, celle des « légendes urbaines ». Le livre de Mahdi Boukhalfa pallie au manque en remontant le temps et en revisitant des moments et des héros ayant marqué l'imaginaire populaire algérois, aujourd'hui encore. Les Saints d'Alger et Ouali Dada contre Charles Quint, Baba Merzoug et l'épopée d'un « medfaa » de 12 tonnes et à portée de 4.872 mètres (actuellement en « otage » en France), les 800 corsaires d'Algérie, le retour des Espagnols, Baba Hassen, Bonaparte, Bacri-Busnach et le blé algérien impayé, l'espion Boutin qui a « préparé » l'invasion du pays, le légendaire Raïs Hamidou (1770-1815), enfant d'Alger 100%, la « milieu » algérois et la Révolution, Ali la Pointe et ses camarades, sans oublier, hélas, les moments terribles, douloureux et de terreur urbaine (plus de 1.000 morts) le 10 novembre 2001 avec l'inondation qui avait ravagé Bab El Oued et l'inévitable du marché « El Cantera » qui avait rouvert en février 2024, après quatre années de travaux. L'Auteur : Né en 1955 à Alger, socio-urbaniste de formation, journaliste depuis février 1983 (à l'APS où il fut chef de bureau à Bordj Bou Arréridj, puis à Blida puis à Rabat, puis Horizons, El Moudjahid, Le Quotidien d'Oran, Maghreb emergent.info). Auteur de plusieurs ouvrages dont « Mama Binette, naufragée en Barbarie», «Pavillon Covid 19 (sept jours en enfer)» «la Révolution du 22 février », « Makhzen », « Le Maroc et nous », « MC Alger... » Prix Savoir de la 10e JDMF à Paris pour « Bab El Oued » (et ses mille et une vies cachées). Extraits : «Vers 1530, presque toutes les nations d'Europe étaient en guerre contre la Régence. Mais, ne pouvant la soumettre, grâce à sa marine et ses plus de 800 corsaires (...) beaucoup de pays européens en étaient réduits à payer le droit de passage ou de transit en Méditerranée » (p11), « Le 14 juin 1830, Alger est attaquée en traître (...). Comme pour la chute de Grenade, un peu plus de quatre siècles auparavant, il n'y aura pas de secours à attendre de la Sublime Porte. A Constantinople, la parenthèse de trois siècles de la Régence d'Alger s'est soldée avec pertes et profits. Sans même des protestations d'usage » (p 93), « S'installer à la Casbah (note : durant l'époque coloniale), c'est avoir une seconde chance dans la vie, une vie plus décente que celle réservée aux Algériens dans les villes et les villages où les colons faisaient la loi » (p145), « Comme elle est fausse, cette image d'Epinal que les gens se font de la vieille médina d'Alger : en fait (note : durant la période coloniale), il y avait des bandits, des malfrats, des truands, des voleurs, des assassins et des gens peu recommandables : certains prenant la vieille ville comme refuge pour échapper à la police, d'autres comme terrain d'opérations délictueuses, louches » (p148). Avis - Un récit plein de vie d'un monde (algérois) qui n'a pas totalement disparu. De l'Histoire très « vivante ». Citations : «Ah, les socialistes français !» (p 40), «Il est tout à fait étonnant, dès lors que l'on qualifie de pirates et de forbans les marins algériens, alors que les puissances européennes, non seulement encourageaint la flibuste et les corsaires, mais les engageaient même à travailler parfois pour la couronne britannique, une autre fois pour la monarchie française» (p 112), «A Bab El Oued, on aime donner, on aime partager ; on aime ceux qui nous aiment» (p191), «Bab El Oued, c'est un concentré de l'Algérie à toutes les époques du pays : il y a de tout, du moins bon et du mauvais. Mais, sa particularité est qu'il s'agit d'un quartier, en fait une vraie ville, qui dispose de tout ce que les autres quartiers de la capitale n'ont pas» (p204). L'impasse du Maltais - Roman de Djamel Eddine Merdaci. Casbah Editions. Alger 2012, 286 pages en français, 600 dinars (Fiche de lecture déjà publiée le 28 juillet 2020. Extraits pour rappel. Fiche complète in www.almanch-dz.com/société/bibliothequedalmanach). Décidément, la famille Merdaci ne cessera jamais de nous étonner. Voilà donc que le cadet ( ?, car on s'y perd), Djamel Eddine, journaliste professionnel en activité depuis près de quarante ans, vient de signer son premier roman policier. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître, d'autant que le genre « littéraire » n'a pas, pour l'instant, dans notre pays en tout cas, bonne presse et large public. Peut-être la génération des quinquas et plus, très portée sur la chose, celle-ci étant courante et très prisée dans les années 60-70. Yasmina Khadra, s'y était même essayé, avec son « Dingue au bistouri ». Il est vrai que le cinéma (ya hasra ya zman !) était là pour « booster » la lecture des polars. Par la suite, à partir des années 80, la télévision, avec ses séries, l'a, en quelque sorte, tuée. Spécialiste du cinéma, l'auteur a posé une intrigue originale dans un Alger du début des années 2000, sombre, au ciel orageux et aux inondations meurtrières. Décor : une série de meurtres que le commissaire Pacha et son adjoint (le narrateur) vont devoir résoudre avec l'aide, bien sûr, d'une policière « bomba » et d'un médecin légiste déjanté (...). Affaire complexe). Alger cosmopolite des années 60 et 70. Souvenirs, souvenirs ! Avis - La sauce a pris et le plat est succulent. A déguster sans modération comme tous les bons polars. Du mesfouf comme l'aime le commissaire Pacha. (...) Phrase à méditer : il n'y en a presque pas, l'auteur étant peu philosophe se contentant, comme tout vrai et bon journaliste, de bien décrire des situations. Si, malgré tout, une : « Lakhdar Benkhlouf avait élevé ses enfants dans le culte de l'humilité, leur recommandant de ne jamais se considérer comme des êtres supérieurs, mais des hommes et des femmes égaux à leurs semblables. Une fois morts, ils ne seraient plus que des crânes difficiles à identifier ». |
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