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Le wali et son autre environnement

par El Yazid Dib

Le wali, à vrai dire est un ensemble de responsables. Une équipe, un cabinet, un conseil de wilaya formant la première cellule de son environnement. La seconde, plus semi-politisée à l'apparence, est constituée de ces élus transitaires à tout niveau. La troisième, sinon la plus conséquente, qui œuvre, dès son installation à calibrer ses réflexes et moduler ses penchants est celle d'une partie de tout le monde. C'est lors justement de cette cérémonie d'installation que ces «costumés et cravatés» en la circonstance ou ces «photographes portables» se font voir en densité.

Il ne fera rien ainsi, s'il n'arrive pas à opérer un changement dans ce troisième environnement qui va totalement le prendre en charge pour finalement le mettre à condition. Il s'agit de cet aréopage composé d'éléments dits de la société civile. Toujours les mêmes. Ils sont là à pleurer un départ pour applaudir une arrivée. Ils sont partout là où le wali met ses pas ou plante ses décors. L'espace le plus propice pour se rendre visible est à cibler dans les événements nationaux, de l'histoire à la culture, du sport à la solidarité. Le présentateur, le rabatteur, le metteur en scène, le comédien, l'artiste, le collecteur de dons, le pourvoyeur, le laudateur, l'auditeur, le musicien, le micro, le caméscope, les banderoles, le pavoisement, enfin l'autre côté de la ville ; ce sont toujours eux. Ils se pressent à chaque aubaine, au nom de n'importe quoi, association, corporation, groupe, union, partis, organisation de masse, confédération, ordre ou individualité à s'échiner pour paraître et apparaître au-devant de chaque ordre du jour événementiel. Ils sont là, affichés au regard du wali, sans papiers, sans titre, sans appel ni prière de venir. L'audace persévérante. Heureusement, la société comprend, à l'exception des zélés ; des perles et des bijoux rares qui ne s'exposent pas à n'importe quelle vitrine et savent garder dignement leur valeur. L'immense disponibilité qu'ont à dessein ces membres hors-effectif officiel, tenaille le wali. C'est tout ce «personnel» extra-services, hétéroclite, hybride qui s'efforce à s'affirmer comme tel. Il le fait astreindre à un protocole qu'il n'aurait pas choisi et qui indubitablement va l'arranger tant il est destiné, primo à caresser son ego et penser lui augmenter son punch, secundo lui faire croire que ce sont eux-mêmes la population et qu'ils la représentent.

Alors que certains font dans la risée des bouffons du roi, d'autres moins plaisantins font dans l'investissement d'épicerie, parfois même de la grosse épicerie. Demander et attendre quelque chose.

Le principe du primaire management exige que c'est le détenteur du commandement qui trace ses trajectoires, dicte ses visions de voir les choses, du simple acte protocolaire au choix des opportunités. Est-il obligé de se laisser faire pendre à son cou n'importe quel fanion ? L'est-il de même à agiter un p'tit étendard en guise de coup d'envoi à n'importe quoi ? Attention ! Le wali est une république qui fonctionne. Sans accoutrement, ni clin d'œil. Il y va de la vertu de la fonction régalienne, faute de quoi il va falloir démystifier cet emploi.