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Etres pensants et animalité

par Abdou BENABBOU

La Sierra Leone est un pays africain si discret que l'on n'entendait jamais parler de lui si ce n'est par de bribes nouvelles au cours d'une manifestation footballistique. Ce week-end, il vient de se mettre au devant de l'actualité par un soulèvement populaire soldé par des dizaines de morts. Coincé au nord-est du continent africain entre la Guinée et le Libéria, son histoire n'est connue que par la traite esclavagiste de la fin du 18ème siècle et l'extrême pauvreté de son peuple aujourd'hui.

Les graves émeutes survenues mercredi dernier causant des morts et des blessés sont un événement à mettre au diapason de la circonvolution du véritable drame qui assaille sans distinction le monde entier.

Tous les soulèvements populaires n'épargnant aucune contrée sont la manifestation d'une extrême mal-vie qu'amplifie la forte rébellion d'une nature qui tend de plus en plus à empêcher la Terre de tourner.

Dans une folie meurtrière, l'aridité et la sécheresse se liguent dans un mariage contre nature avec des inondations catastrophiques pour démontrer que la vie terrestre n'obéit plus à aucune logique existentielle. Le dérèglement phénoménal partout dans le monde a effacé l'apparente et très relative bienséance humaine pour donner libre cours à toutes les formes d'intégrisme et pour que les tueries deviennent peu à peu des génocides.

Ces derniers jours, un incendie dans une église égyptienne a fait 55 morts. Des pluies diluviennes et des inondations ont causé 77 morts au Yémen, 14 en Corée du Sud, 52 au Soudan, 28 au Guatemala. La liste des catastrophes en ces dernières heures est très exhaustive pour parachever l'hécatombe des 660 000 hectares de forêts européennes calcinés.

D'un côté après la pandémie, les inondations et les incendies font des ravages.

D'un autre l'extraordinaire débilité humaine s'est transformée en sauvagerie pour que paradoxalement seules les tueries généralisées donnent un sens à la vie.

C'est à croire que la Terre est devenue four et brasier pour laisser penser que maintenant les êtres pensants ont largement dépassé le stade de l'animalité. Malgré eux ou voulu.