Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le tourisme dans une existence contrariée

par Abdou BENABBOU

A n'en pas douter, les Tunisiens doivent en ce moment se désoler. La profitable invasion espérée du million de touristes algériens chez eux n'a pas eu lieu. Les explications sur le raté économique vont bon train, les unes contredisant les autres pour constituer un magma de justifications qui aboutissent toutes à un air du temps où l'activité touristique, partout dans le monde, bat de l'aile sérieusement. Il y a de tout dans l'énorme mue actuelle qui s'apparente à une dégénérescence d'une activité vecteur d'échappée, de délassement et de nombreux profits.

De surcroît, en perdant son aisance passée et la facilité d'accéder aux voyages, le porte-monnaie a freiné les facultés de se mouvoir et a mis dans l'obligation l'ancien amoureux des cieux d'affronter le pénible renchérissement du coût de la vie.

Si la pandémie est la principale essence du remarquable désistement humain envers un besoin hier coutumier, la finalité est que l'inflation, la vie chère, l'énorme stress social généralisé ont fait que pour l'habitué des voyages le cœur n'y est plus. Ce qui est valable pour la Tunisie l'est aussi pour l'Espagne, la France ou ailleurs et il est faux de croire que les dissensions politiques entre les Etats y soient pour grand-chose. Elles n'ont qu'amplifié les malaises des individus pour que la sédentarisation personnelle soit renforcée et pour que les apparentes et plurielles libertés des ailleurs et de l'étranger soient jugées faussées.

Il est tentant de déduire que le fameux visa Schengen a perdu son auréole et que l'euro tend à égarer sa superbe. L'uniformité des malaises sociaux a gagné en étendue et le fervent touriste d'antan a la conviction que ce représentait l'air reposant d'hier est pollué partout quel que soit le pays étranger où il se rendrait.

Finalement, que recherchait le touriste algérien en se rendant en Tunisie ou ailleurs ? L'attrait n'était certainement pas dans les musées et dans les cinémas. Il était dans les rues et les boulevards pour humer les différenciations humaines et la différence des démarches piétonnes. Or le monde entier, et en même temps, a été obligé de se plier à la cadence d'une existence contrariée.