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Equipe nationale U18: L'urgence d'un système de développement

par Adjal Lahouari

Tous ceux qui sont en charge d'une équipe dans une compétition de quelque importance que ce soit, vous le diront : Rien n'est plus agaçant lorsque cette équipe alterne le bon et le moins bon, provocant le doute quant à son véritable niveau. Même les observateurs les plus attentifs y perdent leur latin et se posent des questions. C'est justement le cas de l'actuelle EN U18 qui, après un authentique exploit face au tenant du titre, l'Espagne, se fait contrer par un outsider, le Maroc, alors que tout le monde attendait une confirmation et la porte ouverte vers la demi-finale. Aussi, force est de reconnaître que le sélectionneur Mourad Slatni a fait preuve d'objectivité lorsqu'il avait signalé la préparation insuffisante de ses poulains, avec deux rencontres seulement alors que les Français en avaient?18, dans les jambes.

Par ailleurs, avant ce choc, il avait mis l'accent sur un effectif de 18 éléments amoindri, en outre, par l'absence de certains cadres occupés par leur examen du baccalauréat, les deux blessures et la suspension d'un défenseur, expulsé face au Maroc.

Du côté français, et comme il fallait s'y attendre, on a relevé la présence massive de joueurs dont les parents sont des Africains et des Maghrébins qui sont « formés » dès leur enfance pour devenir des footballeurs. La seule région parisienne constitue une pyramide impressionnante où sont détectés les meilleurs, encouragés par leurs géniteurs plus à la pratique du football qu'à la poursuite des études. Donc, au départ, les chances algériennes étaient forcément réduites face à des rivaux issus d'un système de formation conçu et appliqué rigoureusement. On ira même jusqu'à dire, qu'au vu du score, les Verts sont à créditer d'une bonne performance face à des rivaux qui les ont surclassés par le passé, laissant supposer que l'écart est en train de se réduire. Cependant, il y a du boulot dans tous les domaines, telle l'organisation tactique générale, les transitions entre les trois compartiments de l'équipe et, évidemment, dans le dernier geste. On relèvera que les deux buts algériens ont fait suite à des balles arrêtées, ce qui démontre l'une des insuffisances la plus criarde, la construction des attaques placées où le jeu collectif demeure la base essentielle. Face donc à un adversaire supérieur dans de nombreux domaines, les Verts se sont battus de toutes leurs forces. Si l'engagement physique est indispensable, il convient de ne pas tomber dans l'excès, la maîtrise technique demeurant, à notre avis, l'atout numéro un de nos représentants, surtout dans une sélection formée d'éléments venus de divers horizons qui doivent développer le jeu le plus cohérent possible. Si, pour le MJS, l'urgence est de revoir les fondements du professionnalisme instauré en 2010 qui n'a pas répondu aux attentes, il est tout aussi urgent de mettre en place une véritable politique de développement mûrement réfléchie après consultation des compétences nationales. Sur le terrain, cela devrait se traduire par la création obligatoire de centres de formation au sein de tous les clubs de l'élite, et de veiller sur l'épanouissement des Académies existantes, afin « que la Paradou ne reste pas le seul phare dans la nuit », selon la juste expression d'un confrère.