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Des jeunes et des aspirations

par Abdelkrim Zerzouri

La participation ou l'implication des jeunes à la vie politique nationale, voilà un casse-tête sur lequel se réveillent les partis politiques. Dans le temps, personne ne se souciait de cette dimension visant l'intégration des jeunes dans les partis politiques, qui ont plutôt tout entrepris, depuis l'indépendance, pour détourner cette énergie, voire la faire dégoûter de la chose politique. Car, tout était taillé sur mesure, quand il s'agit d'élections ou de désignations dans les postes de responsabilité, pour les anciens apparatchiks, inamovibles. Puis, le hirak est passé par-là, broyant un système, du moins le faisant douter sur ses capacités à gérer un pays constitué de 75% de jeunes, mais basé sur le clientélisme et étouffant les aspirations des jeunes. Les jeunes ont montré, à travers ces manifestations populaires, qu'ils étaient très politisés, et qu'il ne leur manquait que la liberté d'action, un champ démocratique, pour dire leur mot et peser de leur poids énorme sur la scène politique nationale. Depuis cet évènement majeur, qui a eu et qui aura, dans l'avenir, une grande influence sur le devenir du pays, l'enjeu majeur des partis politiques a été axé sur le recrutement de nouveaux militants dans le milieu des jeunes, pour faire leur mue et par crainte, surtout, d'une disparition pure et simple de la scène politique nationale. Ont-ils réussi dans cette entreprise ? Le résultat est mitigé, puisque relativement, les formations politiques ont capté une partie de cette force de la jeunesse, mais dans leur grande majorité, les jeunes restent allergiques aux activités politiques au sein des anciennes formations politiques, qui n'ont pas pu ou su se défaire complètement des habits de l'ancien système malgré leurs tentatives de faire peau neuve.

Dans ce cadre, on ne se lasse pas de courtiser ces jeunes, et tenter de les charmer par différentes manières, afin de les attirer dans le domaine du militantisme politique. Intervenant lors d'une rare rencontre politique durant ce mois de ramadhan, le SG du FLN a insisté sur la préparation du terrain aux jeunes en mettant en place les « cadres de formation appropriés » afin de leur permettre de « participer à la vie politique et de s'engager dans l'action politique, en toute confiance ».

Cela laisse-t-il comprendre que les jeunes ne sont pas assez formés politiquement ? L'avis du président de la République, qui considère que les jeunes occupent les devants de la scène nationale, politique et économique, étant la deuxième force politique du pays, à l'issue des récentes élections législatives et locales et avec leur participation dynamique dans la création des startups, diffère totalement de cette conclusion. Mais, ils restent « indépendants » de tout courant politique constituant le paysage national. Est-ce là une tare qu'il faut corriger dans l'avenir en leur permettant de s'offrir un encadrement politique identifié, avec une adresse et une couleur, pour leur éviter une désintégration dans le décor ? Bien sûr, il est évident que la pratique politique n'est pas forcément le fort ou chercher à la rendre comme telle, chez tous les jeunes. Ne pas s'immiscer ou ne pas se mouiller dans la politique n'est pas un problème en soi. Chacun son métier.