Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Covid-19 en milieu scolaire: «Il faut être calme et ne pas tout fermer»

par R. N.

Pour le Pr Réda Djidjik, Chef de service du Laboratoire d'immunologie médicale et Doyen de la faculté de pharmacie, «le variant Omicron est tellement contagieux» qu'il est «fort probable» qu'il atteigne «100% des contaminations (?) dans les jours ou semaines à venir, comme c'est le cas en Europe», a-t-il déclaré hier sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3. «Nous sommes devant une situation inédite. Par rapport aux précédentes vagues, depuis le début de cette 4e vague, il n'y a aucune comparaison sur le nombre de contaminations. Nous avons (dans le monde, ndlr), 20 millions de cas par jour. Par contre, lors des vagues précédentes, nous étions entre 200.000 et 400.000 par jour», ajoute l'intervenant.

En Algérie, «au début de cette 4e vague, c'était le variant Delta qui était prédominant, ce qui a provoqué la saturation de certains services de réanimation ou conventionnels. Ensuite, il y a eu l'arrivée du variant Omicron et nous commençons à aborder un glissement d'un variant vers un autre, au début de ce mois de janvier», affirme le Pr Djidjik. Mais, «malheureusement, au niveau des hôpitaux, nous sommes toujours saturés et les services de réanimation sont déjà pleins», constate le spécialiste, qui relève que «le ministère de la Santé compte actuellement environs 4.200 patients hospitalisés à l'échelle nationale». Avec l'arrivée de Omicron, le Pr Djidjik prévoit «une explosion des cas, par milliers probablement». L'Institut Pasteur a déjà déclaré que ce nouveau variant représente 50% de l'ensemble des séquençages menés ces derniers jours. Mais le spécialiste rassure : «Heureusement que ce nouveau variant n'est pas comparable à la forme clinique observée avec le Delta, cela veut dire que nous aurons probablement moins de cas graves avec le Omicron». Se voulant rassurant, il estime que «le système de santé algérien a tiré les enseignements de la précédente vague. Nous avons pris nos dispositions cette fois-ci et l'oxygène est disponible en grande quantité».

D'ailleurs, le Pr Djidjik s'attend à une vague moins violente que la précédente. «Malgré sa supérieure contagiosité, nous constatons que le variant Omicron est moins virulent que le Delta, nous avons moins de patients oxygéno-dépendants et moins de détresse respiratoire», ce qui présage, selon lui, «moins d'hospitalisation et moins de décès». L'intervenant relève aussi que le variant Omicron est plus difficile à détecter par des tests antigéniques. Il cite des «équipes médicales, notamment japonaises, (qui) ont démontré que le test antigénique n'est positif qu'à compter du deuxième jour, voire même du quatrième jour après l'apparition des symptômes». Il recommande d'ailleurs, en cas d'apparition de symptômes et d'un test négatif, de refaire son test antigénique au 2e jour et au 4e jour, pour confirmer s'il s'agit bien du Covid. Interrogé sur l'intérêt de la vaccination, le Pr Djidjik estime qu'elle reste «un outil thérapeutique très important». «Imaginons un seul instant cette pandémie sans vaccins. Beaucoup de personnes disent que ce n'est pas normal de tomber malade malgré la vaccination. Moi, je dis qu'il faut imaginer le nombre de cas hospitalisés et de mortalité s'il n'y avait pas les vaccins. Donc, je pense que le vaccin a permis de contrôler la pandémie. C'est une évidence, et tous les travaux l'ont démontré. Bien sûr qu'il y a des insuffisances, on tombe malade, on transmet le virus, mais le plus important c'est de ne pas mourir de cette maladie», affirme encore l'intervenant.

A propos de la hausse des nombres de cas quotidiens de contamination, le Pr Djidjik affirme que «devant cette situation inédite et exceptionnelle, la transmission est tellement importante qu'il faudrait agir par foyer et par secteur». «Quand on détecte, par exemple dans une école, des cas de Covid-19, il est inutile de verser dans l'exagération, alarmer tout le monde et fermer tous les établissements. Il faut aller au cas par cas, classe par classe. On peut fermer une ou deux classes et non pas une école. Il faut être calme et ne pas tout fermer en Algérie, sinon ça va bloquer tout le tissus socioéconomique», a-t-il ajouté.