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par Abdelkrim Zerzouri

La création de l'Etat palestinien a été annoncée, en 1988, à partir d'Alger, et l'appel à la relance de la cause palestinienne ou à une reprise du processus de paix avec Israël, pour aboutir à la solution de deux Etats, ne serait mieux entendu qu'à partir d'Alger.

La question de la mobilisation de la nation arabe et de la communauté internationale en général, pour le couronnement des droits du peuple palestinien à travers l'édification de son Etat indépendant, avec El Qods pour capitale, sera certainement au centre des discussions entre le président Tebboune et le président palestinien Mahmoud Abbas, lors de sa visite d'Etat en Algérie entamée dimanche 5 décembre et qui devrait se prolonger jusqu'au 7 décembre.

Le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra a confié dans un récent entretien au journal Al Qods Al Arabi que l'Algérie recevra le président palestinien Mahmoud Abbas avant le fin de l'année afin de « confirmer nos positions historiques en faveur de la cause palestinienne ».  Et, il n'y aurait pas meilleure occasion, pour remettre sérieusement cette cause à l'ordre du jour, que le prochain Sommet arabe, prévu à Alger au mois de mars 2022.

Les derniers développements intervenus sur la scène locale et plusieurs autres dossiers importants tiendront également une bonne place dans les discussions entre les deux présidents, dont les violations répétitives de l'enceinte de la mosquée Al Aqsa par l'occupant israélien et le problème des colonies, ainsi que la normalisation des relations diplomatiques entre certains pays arabes (Emirats Arabes Unis, Bahreïn et Maroc) et Israël. Peut-on lors du prochain Sommet arabe d'Alger fermer l'œil sur cette normalisation, en faisant valoir dans ce cadre la souveraineté de la décision de ces Etats arabes ? Ces pays ont offensé un principe moral liant les pays arabes à la cause palestinienne, qui veut que la normalisation des relations avec Israël doit intervenir en caution à la création d'un Etat palestinien libre et souverain, mais le fait est là, et on aurait décidé de faire avec au prochain Sommet arabe. Mais de là à tenter de faire valoir cette relation avec Israël pour jouer les intermédiaires entre Israéliens et Palestinien afin de favoriser la reprise du processus de paix, le pas serait grossier, voire éhonté.

Faut-il dans ce sens s'attendre, lors de cette visite du président de l'Autorité palestinienne à Alger, à une réponse au roi du Maroc qui a annoncé le 29 novembre dernier, à l'occasion de la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, qu'il « mettra à profit sa position et ses relations privilégiées avec toutes les parties et les puissances internationales agissantes afin de réunir les conditions propices à un retour des parties à la table des négociations » ? Bien avant, une première réponse a été donnée par le président de l'Autorité palestinienne qui a qualifié, le jour même de l'annonce en question par le roi du Maroc, de « coup de poignard dans le dos de Jérusalem » l'alliance sécuritaire maroco-israélienne. Cela appelle franchement le Maroc à faire profil bas quand il s'agit de parler de la défense de la cause palestinienne. Pourrait-on jamais être un ami de l'oppresseur et défendre sa victime ?